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PSAUMES (LIVRE DES)

de tempête et de tremblement de terre, sembleraient plutôt faire incliner à un jugement contraire : mais il ajoute, sans qu’on puisse vraiment le contredire : « Connaissons-nous donc si exactement le style de David ? Est-ce qu’un chant de fête, composé peut-être par un vieillard, doit reproduire le style concis et simple d’une œuvre de jeunesse comme l’élégie sur Saû ! et Jonathan ? » Th. Nôldeke, Histoire littéraire de l’A. T., trad. H. Derenbourg et, 1. Soury, Paris, 1873, p. 185-186 ; Driver, op. cit., p. 379, 385. Enfin il est certain que le culte se développa en même temps que la royauté, sous David et Salomon, et aussi sous l’iniluence extérieure égyptienne et phénicienne, peut-être aussi dès lors assyrienne ou babylonienne ; il dut donc y avoir des chants religieux analogues à ceux de l’Egypte et de l’Assyrie, et il n’est pas vraisemblable qu’on les ait laissés de côté plus tard.

Il faut reconnaître par contre que ces traditions anciennes de l’époque davidique ont pu occasionner plus d’une attribution arbitraire, et même évidemment erronée : par exemple les manuscrits utilisés par les Septante ont attribué, comme d’ailleurs aussi la Vulgate, une composition davidique au Ps. xui, Judica me, qui n’est qu’une strophe détachée du Ps. précédent non davidique ; cf. aussi Ps. cxxxvii, Super flumina Babylonis. Inversement le Ps. cxxiv, Nisi quia Dominus eral in nobis, porte dans l’hébreu une attribution davidique, que les Septante et la Vulgate ont justement laissée de côté, apparemment pour nous montrer ce qu’il fallait faire en présence du caractère si évidemment postexilien d’un te) morceau ou de tout autre analogue.

Les fils de Coré.

La série attribuée aux « Fils de Coré » comprend 11 Psaumes en deux groupes xli (xlii) (avec xlii (xliii) ; xliv (xliii) jusqu’à xlviii (xlix), puis lxxxiii (lxxxiv) jusqu’à lxxxvii (lxxxviii) à l’exception de lxxxv (lxxxvi) ; ce sont les plus beaux morceaux du Psautier, distingués pav eir simplicité, leur délicatesse, leur forme à la fois étudiée et parfaite au point de vue poétique, d’une strophique très régulière et avec emploi fréquent et heureux du refrain : au point de vue des sentiments on y distingue un grand amour du Temple et de la cité sainte. La tradition T&Uæhait l’origine de cette famille au Coré du désert ; leur activité littéraire fut marquante durant la période d’Ézéchias et jusqu’après le retour de la captivité, comme le montrent les allusions historiques de leurs Psaumes : leurs idées théologiques ou messianiques sont analogues à celles d’Isaïe : voir par exemple Ps. lxxxvi (lxxxvii) et Isaïe, xix, 19 r 25 ; leurs fonctions dans le Temple sont indiquées dans les livres historiques depuis David jusqu’à la restauration d’Israël, gardiens des portes du temple, I Par., ix, 19 ; xxvi, 1-19 ; puis chantres. II Par., xx, 19.

Asaph.

Douze Psaumes portent l’indication r Asaph » et sont par conséquent aussi de l’école lévitique : xlix (l) et lxxii (lxxiii) jusqu’à lxxxii (lxxxiii). Sous ce nom comme sous le précédent se cache une famille de lévites dont l’activité littéraire s’espace sur plusieurs siècles : par exemple lxxxii (lxxxiii) appartient à l’époque de la lutte contre l’Assyrie ; lxxiii (lxxiv) et lxxviii (lxxix) à l’invasion babylonienne ; ce sont toujours des Psaumes nationaux, et non personnels : le style, moins parfait que ceux des Fils de Coré, est communément d’une grande autorité et d’une grande véhémence, qui approche souventdu sublime, mais qui aussi le dépasse quelquefois ; ils renferment beaucoup d’allusions à l’histoire et aux vieux souvenirs d’Israël, et d’imitations des allégories des prophètes : voir par exemple la belle allégorie de la vigne lxxix (lxxx). Leur langue recherchée a été souvent mal traduite par les Septante et la Vulgate. Voir Asaph, 1. 1, col. 1056.

Éthan.

Éthan, auteur du Psaume lxxxviii (lxxxix), est peut-être par une faute de transcription ou

de lecture de Yaleph initial, le même qu’Idithun auteur de xxxviii (xxxix), lxi (lxii), lxxvi (lxxvii). Voir ces noms. Ces Psaumes sont par conséquent aussi d’origine lévitique, et très beaux ; voir par exemple lxxxviii (lxxxix) élégie messianique sur la dynastie de David, en en séparant les ꝟ. 6-19, qui forment un Psaume différent et fort beau, également inséré dans le premier.

Salomon, Moïse, Psaumes anonymes.

Salomon est donné comme auteur des Psaumes lxxi (lxxii) et cxxvi (cxxvii) : cette dernière attribution est plus que contestable. Le Psaume de la vieillesse lxxxix (xc) est attribué à Moïse, mais saint Augustin, In Ps. lxxxix, t. xxxvil, col. 1141, en disait déjà : Non enim credendum est ab ipso omnino Moyse islum Psalmum fuisse conscHptum, et il en donne pour raison que s’il eût eu cette origine, on l’eût joint au Pentateuque. Saint Jérôme, E/Àst. cxl ad Cyprianum, t. xxii, col. 1167, admet l’origine mosaïque de ce Psaume et des dix suivants, où il est cependant parlé de choses bien postérieures et même de Samuel. Ps. cxviii, 6. Les versions ajoutent encore des noms d’auteurs à quelques Psaumes ; mais ces additions sont généralement fort arbitraires. Il reste plusieurs Psaumes anonymes, comme on l’a vu plus haut. Quelques-uns des plus beaux du Psautier sont compris dans cette catégorie, tels que cm-crv, tableau de la créalion, et evi-cvii, action de grâces pour le retour de la captivité ; la plupart se trouvent dans les deux derniers livres du recueil.

VI. Indications historiques, liturgiques et techniques des titres.

Indications historiques.

Les titres ajoutent quelquefois au nom de l’auteur des indications de circonstances historiques, Elles semblent n’être plusieurs fois que des conjectures du recenseur ; le contenu ne les justifie pas toujours ; un mot a quelquefois suffi pour qu’on rattachât tout un Psaume à la vie de David. Par exemple Ps. iii, quand David fuyait devant Absalom son fils ; vii, à l’occasion des paroles de Chusi le Benjamite ; xxxm(xxxiv), quand David contrefit l’insensé en présence d’Abimélech ; li(lii), quand Doëg l’iduméen vint dire à Saùl que David était chez Achimélech ; lui (liv) quand les Ziphéens vinrent dire à Saül : « David est caché parmi nous ; » lv (lvi), quand les Philistins le saisirent à Cteth ; lix(lx), à l’occasion de la guerre contre les Syriens de Mésopotamie et de Soba, etc. Dans ce dernier cas, par exemple, il est question des Philistins, des lduméens comme encore à vaincre, et nullement des Syriens ; dans le Psaume lxii (lxiii), la mention repose sur le ꝟ. 2, in terra déserta et invia et inaquosa, qui est lui-même vraisemblablement pour sicut terra… inaquosa, sic in sancto apparut libi, « comme » étant à restituer au lieu de « dans ».

Indications liturgiques.

D’autres additions sont des indications liturgiques remontant à l’emploi des Psaumes dans le Temple, dans le culte public ou dans le culte privé : xxix(xxx) pour la dédicace du Temple ; xci(xcii) pour le jour du sabbat ; de cxix(cxx) jusqu’à cxxxih(cxxxiv) cantique des montées ou du pèlerinage. à Jérusalem, canticum graduum ; xxxvii(xxxvin) et r lxix(lxx) pour la commémoraison (des bienfaits), in rememoralionem ; cxix(c), pour (le sacrifice d’) action de grâces, in confessione. Les Septante et la Vulgate en. ont d’autres encore : xcv, pour li reconstruction du Temple après la captivité, guando domus sedificabatur post captivitalem ; xcii, quando fundata est terrai xxxvii, de sabbalo ; xxm le lendemain du sabbat, prima die sabbati ; xlvii, secunda sabbati, le second jour de* la semaine ; xcii, quarto sabbati, le quatrième jour ; xcn, in die ante sabbatum, quando fundata est terra’, la veille du sabbat, le jour où fut achevée (la création) de la terre. Les Septante, la Vulgate et aussi le Syriaque contiennent également des indications de circonstances historiques ou une seconde série de noms d’auteurs inconnus à l’hébreu actuel, et généralement