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PSAUMES (LIVRE DES)

prophétique. » Histoire d’Israël, t. iv, p. 316-317. Driver, An introduction to the Littérature of the O. T., Edimbourg, 1838, p. 388, bien qu’un peu moins affirmatif, fait des constatations analogues. On peut ajouter à ces raisons littéraires que les idées des rétributions ultra-terrestres et messianiques sont en tels progrès dans les Psaumes de Salomon qu’on ne peut supposer qu’ils soient de la même époque que les Psaumes canoniques. Quant à l’acrostiche Simon (Machabée) obtenu par les initiales du Psaume cix, 1 o, 2, 3, 4, suivant les indications de G. Bickell, il est pour le moins fort arbitraire et n’est nullement établi.

Il semble donc que nous n’avons guère de Psaumes postérieurs au hp siècle avant J.-C. La traduction des Septante, dont le Psautier est absolument homogène, est déjà utilisée par I Mach., vii, 16 ; l’original hébreu est déjà employé Ps. civ, 1-15 ; xcv ; cv, 1, 47-48, par le rédacteur des Paralipomènes avec la doxologie finale du IV » livre, en transportant ce verset du sens original optatif, à une application à un passé historique, I Par., xvi, 8-36 ; or les Psaumes présentés comme les plus certainement machabéens sont antérieurs à cette doxologie finale.

V. Auteurs des Psaumes.

La plupart des Psaumes — presque invariablement ceux des trois premiers livres, au contraire exceptionnellement ceux des deux derniers — portent en tête un nom d’auteur, David (73), Asaph (12), les descendants de Coré [(11), Salomon (2), Héman (1), Éthan-Idithun (4), Moïse (1) ; la formule fréquente dans la Vulgate, ipsi David, doit être considérée comme un génitif, et n’est que la traduction de l’hébreu le-Davîd, en grec, toO Aagîê, ipsius David ; l’hébreu laisse 50 Psaumes orphelins, c’est-à-dire sans nom d’auteur ; les versions n’en ont qu’un nombre moindre, la Vulgate n’en compte que 35, car elles ont mis des auteurs à de simples fragments indûment séparés de leur contexte, cf. xlii, attribué à David, quoique formant la troisième strophe du Ps. xli des fils de Coré. — Le fait qu’un bon nombre sont restés anonymes montre que les copistes n’ont pas donné des noms d’une façon arbitraire ; une seconde observation, le style caractéristique de certains auteurs retrouvé d’une manière courante dans la plupart des morceaux qui leur sont attribués, par exemple le style élevé et souvent enflé des Psaumes d’Asaph, la perfection littéraire et poétique de ceux des fils de Coré, montre qu’il faut tenir compte de ces indications, Beaucoup sont originales ou du moins ont été placées très anciennement d’après des renseignements traditionnels ; il y avait même des traditions divergentes, que l’on a recueillies simultanément dans certains exemplaires ; ainsi s’expliquent les indications contradictoires trouvées surtout dans les versions grecques et latines, par exemple, cxxxvi, attribué à David et à Jérémie. Certains de ces noms doivent aussi être considérés plutôt comme familiaux que comme individuels, ce sont des noms de tribu ou d’école ; ainsi Coré et Asaph sont-ils appliqués à des époques très différentes, au temps des luttes de Sennachérib et d’Ézéchias, et à celui de la conquête de fa Palestine par Nabuchodonosor, Ps. lxxxii, xliii, xlviii, d’une part et d’autre part xli, xlii,.lxxiv, lxxix, lxxxiv. Dans les cas douteux, le critique peut essayer, par les indices tirés du style, les renseignements historiques contenus dans le Psaume, les analogies de doctrine avec telle ou telle autre partie de la Bible, de préciser la date de la composition.

David.

Le roi David est le plus célèbre des Psalmistes et c’est pourquoi on a donné souvent son nom à la collection entière. L’absence de préoccupations politiques, la forme plaintive et élégiaque, le ton de pieuse mysticité d’un grand nombre de Psaumes attribués à David, en opposition avec le caractère de ce prince tel qu’il paraît se dégager des livres des Rois ou des Paralipomènes, sont les raisons qu’on allègue à rencontre de la composition davidique ; mais il faut se rappeler que l’énergie, la vaillance, et même la dureté à la guerre des Orientaux n’empêchent pas chez eux un sentiment de soumission, d’humilité, de confiance plus ou moins mystique vis-à-vis de la divinité : vis-à-vis de leurs dieux, les prières ou psaumes d’Assurbanipal et d’Asarhaddon ont également un ton plaintif des plus accentués qui forme grand contraste avec le récit qu’ils font ailleurs de leurs exploits. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, les Empires, p. 405 ; Knudtzon, Assyrische Gebete an den Sonnengott fur Slaal, p. 72-82 ; Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, p. 519 ; Records of the Past, newser., p. xi-x.ni. Il faut en outre se rappeler que nous n’avons des Psaumes qu’une rédaction liturgique, par conséquent parfois généralisée ou adaptée à des circonstances différentes, et nullement l’édition originale : par exemple le Psaume ix et x de l’hébreu, ix des Septante et de la Vulgate, en strophes alphabétiques dans la rédaction primitive, a été amalgamé avec un autre, d’un rythme différent et non alphabétique, à peu près par moitié : on conçoit que le caractère primitif ait dû en souffrir, bien qu’on ait retenu le titre de Psaume de David. Tout le monde reconnaît que les deux versets ajoutés au Miserere en changent notablement le caractère moral et historique, la finale supposant la destruction de Jérusalem et le grand prix attaché par Dieu aux sacrifices liturgiques, tandis que la fin primitive donne une impression différente. Le Ps. cxliii Benedictus attribué par le titre à David, abrégé du Ps. xvir, peut avoir un noyau davidique, que l’addition des ꝟ. 12-15 transporte dans des conditions historiques toutes différentes. Sous des réserves analogues, si les deux premiers livres du Psautier n’avaient pas un noyau vraiment davidique, on ne comprendrait pas pourquoi, à une date très ancienne, on y aurait donné la finale : « (Ici) finissent lesprières de David, fils d’Isaï, » Ps. lxxi, 18-19 ; que du recueil ainsi délimité ou de tout autre analogue le rédacteur du ch. xxii de II Reg. eût extrait le Ps. xvii comme document final, suivi de ses novissima verba, ch. xxiii, de style semblable à celui de beaucoup dé Psaumes davidiques, et l’eût nommé lui-même egregius psaltes Israël, en hébreu : « aimable par les chants d’Israël. » Le rédacteur du règne de David dans les Paralipomènes I Par., xvi, 8-36, lui attribuede même les Ps. civ, xcv, cv : tandis que le prophète Amos, vi, 5, dit des habitants de Samarie et de Jérusalem : sicut David putaverunt se habere vasa cantici, ou plus exactement d’après l’hébreu : sicut David excogitant sibi vasa cantici ; les deux élégies conservées de lui sur la mort de Saùl elde Jonathas et sur celle d’Abner ne suffisent pas à justifier toutes ces appréciations : la réputation littéraire de Salomon n’a pas suffi à lui faire attribuer plus de deux Psaumes, bien que les rédacteurs des Rois et des Paralipomèmes aient grandement glorifié son œuvre religieuse.

Ewald concluait, d’après le critérium très subjectif du goût, de l’originalité, de la vivacité et du coloris, de la dignité et de la noblesse des sentiments exprimés, à l’origine davidique des.Ps. iii, iv, vii, xi, XV (xiv), xviii (xvii), xix (xviii), 1 « partie, xxiv (xxm), xxix (xxviii), XX.XII (xxxi), ci (c) et d’un bon nombre de fragments. Cette liste n’est pas définitive ; d’autant moins que certains de ces Psaumes ou fragments davidiques sont répétés, ou abrégés, ou développés, dans d’autres parties du Psautier. Renan estime ancienne et davidique par exemple la strophe lx-lix, 8 (14), répétée dans le Ps. cvm (cvn). Nôldeke tient pour authentique le Ps. xvin (xvii) abrégé dans cxxxi : or, la longueur extrême du premier Psaume, la description du secours de Dieu sous l’allégorie d’une théophanie accompagnée