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PSAUMES (LIVRE DES)


termes techniques s’est vite perdue, on ne les rencontre plus gnère dans le cinquième livre, et les Septante ne savent plus les traduire ; les Pères de l'Église 'leur donnent des sens mystiques. Au point de vue de la forme, et abstraction faite des appellations anciennes, il faut distinguer les Psaumes à simple parallélisme, les Psaumes’avec strophes, ceux avec refrain, et les Psaumes alphabétiques avec ou sans strophes.

IV. Origine et date des Psaumes.

Collections successives des Psaumes.

L’origine (auteur et date) des Psaumes est assez difficile à préciser dès qu’on sort des opinions extrêmes, attribuant l’une tous les Psaumes à David, l’autre les renvoyant tous à l'époque qui suit le retour de la captivité. Théodoret, Prsefat. in Ps., t. lxxx, col. 862, se décide pour l’attribution générale des Psaumes à David ; cette opinion, ajoute-t-il, est celle de la majorité des auteurs ecclésiastiques : mais Origène et toute son école sont d’avis différent ; et c’est leur opinion qu’exprime saint Jérôme, Epist. ad Sophron., t. xxviii, col. 1123 : Psalmos omnes eorum testamur auctorum qui ponuntur in titulis, David scilicet, Asaph et Idilhun, filiorum Core, Eman Ezrahitse, Moisi et Salomonis et reliquorum quorum Ezras uno volumine comprehendit (opéra). — D’autre part les additions évidentes datant de la captivité, telles que les deux derniers versets du Miserere et d’autres analogues, montrent bien que les Psaumes qui les ont reçues étaient d’origine notablement antérieure, et s’opposent à la composition récente du Psautier. La division du Psautier en cinq livres nous donne une chronologie approximative des Psaumes, pourvu qu’on n’oublie pas d’autre part que, pour des raisons diverses, les Hébreux ont pu insérer dans un recueil ancien un Psaume ou un fragment plus récent, ou inversement ajouter à une collection récente un poème plus ancien.

1. Le premier livre et une portion du second semblent avoir formé le noyau primitif : les Psaumes y sont, par leur titre, attribués à David, ont généralement un caractère élégiaque ou méditatif personnel et non pas national, et trouvent une conclusion toute naturelle dans l’explicit ou note finale du Ps. lxxi, 20 : Defecerunt laudes David filii Jesse. Ce groupe n’est cependant pas d’une homogénéité parfaite, il renferme des Psaumes davidiques en deux recensions, jéhoviste et élohiste, tels que xiii et lii, xxxix et lxx, et même un groupe lévitique xli-xlix ; les Psaumes i et ii sans nom d’auteur semblent aussi avoir été mis plus tard en tête du Psautier en guise de préface.

2. Un second recueil a été superposé au premier, d’origine lévitique, formant le livre troisième : une tranche lévitique xli-xlix a même pénétré dans le livre deuxième, probablement par interversion des manuscrits ; ce second recueil est nettement défini par les attributions d’auteurs, xli-xlviii les fils de Coré ; xlix et lxxii-lxxxii Asaph ; lxxxiii-lxxxviii les fils de Coré ; par le choix des sujets généralement nationaux, cultuels ou dogmatiques, et par le style plus soigne, avec plus de recherches d’ornements poétiques, strophes et refrains, indications techniques et musicales. — Dans ces deux recueils composés des trois premiers livres, tout ce qui a trait à la captivité paraît sous forme d’antienne additionnelle, la royauté davidique avec sa perpétuité, l’inviolabilité du temple et de la cité sainte y sont nettement inculquées, par conséquent la composition en est antérieure à la première destruction de Jérusalem et à la captivité de Nabuchodonosor.

3. Au contraire les quatrième et cinquième livres donnent l’impression d’une composition ou d’une compilation plus tardive : les allusions à la captivité paraissent non plus sous la forme d’additions, mais comme partie intégrante ou même sujet principal des Psaumes : le style en est aussi très différent, on y rencontre de ces longues énumérations ou des répétitions multiples, alignées souvent en groupe ternaire comme dans le cantique final de l’Ecclésiastique dans le texte hébreu, dans la Sagesse, dans le cantique deutérocanonique de Daniel ; les indications techniques et musicales y font très communément défaut, la plupart des Psaumes sont anonymes, et les emprunts aux plus anciens y sont fréquents ; la langue est plus teintée d’aramaïsme, ki pour k, pronom suffixe de la 2e personne du féminin singulier, xi pour "ton, pronom relatif : beaucoup ne sont que des compositions doxologiques à l’usage du culte public et privé, nourries de souvenirs historiques anciens, mais sans allusion aux événements contemporains. On y distingue même plusieurs petits recueils particuliers, les Hallel, le recueil des cantiques du pèlerinage ou Psaumes graduels, le Ps. cxviii, recueil de strophes à la louange de la loi divine, et les séries d’Alle ! « la ; Vensembe formai ! un groupe plus considérable que les autres livres a été partagé en deux par une doxologie finale apposée à la fin du Ps. cv ; et l’on a obtenu ainsi cinq sections du Psautier, analogues aux cinq sections du Pentateuque et disposées à peu prés dans leur ordre chronologique. L’origine du recueil remonte donc aux plus hautes époques delà monarchie juive, les plus beaux morceaux. lévitiques étant de la période littéraire d'Ézéchias, l’exil et le retour correspondant au quatrième livre, le reste s’espaçant durant deux ou trois siècle’s postérieurs.

Psaumes dits Machabéens.

Certains Psaumes descendent-ils jusqu'à l'époque des Machabées ? La plupart des auteurs modernes l’admettent volontiers ; et le contexte de Psaumes tels que xliii, lxxiii, lxxviii, lxxxii, semble leur donner raison. Toutefois il faut se garder de trop presser la conséquence, car en somme l’histoire juive dans ses détails nous est peu connue ; les livres historiques de la Bible ne procédant que par extraits incomplets ou par référence à des ouvrages qui ne nous sont pas parvenus, il nous est impossible de dire si les faits narrés par les Psalmistes sont ceux de la persécution d’Antiochus Épiphane, ou ne datent pas d’une autre époque, si les invasions égyptiennes, assyriennes et babyloniennes n’ont pas amené de grands massacres ; nos renseignements historiques sur la période pré-exilienne tiennent en quelques pages, ceux de la période post-exilienne sont plus défectueux encore.

En outre, Renan a fait valoir contre les Psaumes machabéens des raisons qui ne manquent pas de solidité et que Davidson a repris dans le Dictionary ofthe Bible de Hastings, t. iv, p. 152-153, contre les exagérations évidentes de Hitzig, Olshausen et Cheyne : « (Des poèmes machabéens) subsistent-ils dans le recueil actuel des Psaumes ? C’est un des points sur lesquels il est le plus difficile de se prononcer : l'âme d’Israël n'était pas changée, mais sa langue était changée, et nous croyons que des prières composées au temps d’Antiochus ne seraient pas si difficiles à discerner des prières classiques plus anciennes : le siècle n'était pas littéraire, la langue était plate et abaissée… » Il ajoute en note : « Les Ps. xliv, lxxjv, lxxix, lxxxiii surtout conviennent parfaitement à ce temps : mais après tout rien ne s’oppose à ce qu’ils soient plus anciens, les 'ânavîm (fidèles) s'étant souvent trouvés dans des situations analogues. Ces Psaumes sont de la plus belle langue classique, du style le plus relevé, souvent pleins d’obscurités et de fautes de copistes. Or, la langue à l'époque des Machabées était extrêmement abaissée, et le génie poétique perdu, le style est plat, prolixe à la façon araméenne, n’offrant jamais aucune difficulté quand l’auteur ne fait pas exprès de contourner sa pensée… Le Psautier de Salomon, peu postérieur aux Machabéens, a-t-il jamais pu être confondu avec les Psaumes davidiques ?… Le Psaume qui paraît le plus machabaïque, le Ps. ùxrv, est cité dans le premier. livre des Machabées, vii, 16-17, comme un vieux texte