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PSALTÉRION — PSAUMES (LIVRE DES)

De l’Orient, le psaltérion, qui avait passé à Rome sous les empereurs, revint en Occident après les croisades. On l’appela psaltère, saltère, de son nom biblique. Les sculpteurs le mirent parfois aux mains du roi David. L’instrument oriental resta en vogue pendant tout le moyen âge. On en perfectionna successivement la qualité, le mécanisme, on en augmenta les dimensions. Le Cymbel hongrois en est une dérivation. Finalement l’adjonction de marteaux fixes dépendant d’un clavier fit de l’ancien instrument le piano moderne. Mais le psaltérion subsiste de nos jours sous la forme de la Zither allemande.

J. Parisot.

1. PSAUMES (LIVRE DES), recueil de chants sacrés des Hébreux. Les livres historiques et prophétiques de la Bible en renferment un certain nombre ; mais la plus grande partie de leurs chants religieux forme un recueil spécial désigné en hébreu sous le nom de סֵפֶר תְּהִלִּים, Sêfér ṭehillim, Ψαλτήριον, Psalterium, en grec et en latin. La désignation hébraïque est transcrite Σφαρ θελλείμ, βίβλος ψαλμῶν dans le Canon origénien en tête du Commentaire d’Origène sur le Ps. i, t. xii, col. 1084, et « Sephar thallim, quod interpretatur Volumen Hymnorum » dans S. Jérôme, Præf. ad Sophronium in Ps., t. xxviii, col. 1124. Dans le Prologus galeatus, t. xxviii, col. 553, le même Père l’appelle du nom de David, et ajoute : quem quinque incisionibus et uno Psalmorum volumine comprehendunt. La désignation du même livre est abrégée dans les références juives sous les formes תִּילִּי ,תִּלִּים, ṭillîm et ṭillî.

I. Place des Psaumes dans la Bible.

Ce livre se trouve communément dans la Bible hébraïque massorétique en tête des Keṭubim ou Hagiographes, la troisième partie du recueil ; saint Jérôme, dans son Epist. ad Paulinum, t. xxii, col. 547, le place de même ; mais il n’en a pas toujours été ainsi ; dans le Prologus galeatus, t. xxviii, col. 555, il le fait précéder de Job ; la liste talmudique du traité Baba bathra le fait précéder de Ruth ; les manuscrits hébraïques espagnols, des Chroniques ou Paralipomènes. Quant au mot mnémotechnique אֶמֶת, désignant par abréviation les livres poétiques selon les Hébreux, Job, Proverbes, Psaumes, il donne précisément le renversement de l’ordre des manuscrits d’Allemagne, suivi par l’édition imprimée actuelle. Les Septante placent le Psautier dans la seconde partie de la Bible, en tête des livres sapientiaux, mais là encore on ne trouve pas d’uniformité : l’Alexandrinus, par exemple, le rejette, avec les autres livres sapientiaux, après les prophètes, dans la troisième partie. La Vulgate Clémentine le place au contraire dans la seconde partie après Job. L’habitude des auteurs du Nouveau Testament de citer la Bible sous la formule in Moysi, prophetis et psalmis, Luc, xxiv, 44, permet de conclure que de leur temps ce livre était placé comme dans la Bible massorétique, en tête de la troisième partie.

II. Division des Psaumes en cinq livres.

Le Psautier se subdivise en cinq livres, terminés chacun par une doxologie indépendante du Psaume final, sauf pour le cl et dernier : xl, 14 ; lxxi, 18-20 ; lxxxviii, 53, et dans l’hébreu par une indication massorétique. Saint Jérôme dit dans son Epist. ad Sophronium, t. xxviii, col. 1123 : Nos Hebræorum auctoritatem secuti et maxime Apostolorum qui seniper in Novo Testamento Psalmorum librum nominant, unum volumen asserimus. Mais parlant avec plus de précision dans son Epist. xxvi ad Marcellam, t. xxii, col. 431, il dit : In quinque volumina Psalterium apud Hebrseos divisum est ; également Epist. cxl, t. xxii, col. 1168, et dans le Prolog, galeat., t. xxviii, col ; 553 : quinque incisionibus. La plupart des Pères anciens mentionnent cette division du Psautier.

Le recueil total se subdivise en 150 morceaux, d’après l’hébreu actuel, le grec et la Vulgate : mais les anciens manuscrits hébreux n’étaient pas tous d’accord, certains n’en comptant que 149 ou même 147. La séparation des Psaumes n’étant pas indiquée dans les anciens textes hébreux, comme en témoigne encore Origène, et un bon nombre de Psaumes n’ayant pas de titre, les coupures ont été pratiquées quelquefois très arbitrairement, de sorte que, tout en arrivant au même total, l’hébreu d’une part, et les Septante et la Vulgate d’autre part, donnent des numérotations un peu différentes ; l’accord se maintient de i à viii ; ix de l’hébreu forme ix et x dans les versions ; xi à cxiii de l’hébreu correspond à x-cxii des versions ; cxiv et cxv de l’hébreu à cxiii des versions ; cxvi de l’hébreu à cxiv et cxv des versions ; cxvii à cxlvi de l’hébreu à cxvi-cxlv des versions ; cxlvii de l’hébreu donne cxlvi et cxlvii des versions ; enfin l’accord est rétabli de cxlviii à cl. En général donc l’hébreu l’emporte d’une unité sur les versions. La critique textuelle permet de constater que les coupures sont fautives en nombre de cas ; on a souvent, dans l’original comme dans les versions, joint des fragments qu’il fallait séparer, par exemple cxliii, 1-11 et 12-15 ; on a plus rarement séparé des fragments qui auraient dû être réunis, par exemple xli et xlii. Les auteurs ecclésiastiques, appuyés sur certains manuscrits et sur les variantes des Actes, xiii, 33, ont souvent cité le Ps. ii : Quare fremuerunt gentes, avec la référence ἐν πρώτῳ ψαλμῷ. Origène, Fragm. in Psalm., t. xii, col. 1100 ; S. Hilaire, In Psalm., t. ix, col. 262, 264.

III. Noms des divers Psaumes.

Les Psaumes portent des noms différents, qui indiquent différents genres poétiques : celui du recueil entier est Sêfér ṭehillîm, bien rendu parsaint Jérôme, Liber hymnorum, exactement « Livre des louanges (de Dieu) » : le Ps. cxlv (cxliv) est cependant le seul qui porte un pareil titre, ṭehillâh, αἴνεσις, laudatio ; un titre plus ancien nous est donné pour une portion du recueil dans lxxi, 20, ṭefillôṭ, orationes ; les Septante et la Vulgate ont dû lire ṭehilloṭ, car ils traduisent laudes (David filii Jesse) ; exactement, « prières » ; le nom le plus courant est מִזְמוֹר, mizmôr, ψαλμός, psalmus, c’est-à-dire : chant destiné à être accompagné par les instruments, ou simple poème lyrique : de là vient le terme ψαλτήριον, psalterium, détourné de sa signification première « d’instrument à cordes », pour signifier tout le recueil, le Psautier. En hébreu 57 Psaumes ont le titre de mizmôr, mais il y en a davantage dans les versions. On trouve aussi le titre de שִׁיר, šîr, ᾆσμα, ᾠδή, canticum, hymnus, qui veut dire chant, xvii, xliv et XLV, souvent préposé (5 fois) ou postposé (8 fois) au terme mizmôr, et traduit alors canticum psalmi ou psalmus cantici, mais apparemment simple doublet provenant des variantes de différents manuscrits ; à noter en outre spécialement la série des šîrê ham-ma’âlôt, canticum graduum, ᾆσμα τῶν ἀναβαθμῶν ou ἀναβάσεων, « cantique graduel ou cantique des montées » (du pèlerinage liturgique à Jérusalem), de cxix-cxxxiii. Les titres désignent en outre 13 maskil, מַסְכִּיל, terme traduit en grec par les Septante σύνεσις et par Aquila ἐπιστήμων, par la Vulgate intellectus et intelligentia, par saint Jérôme eruditio, dans le sens du verset psallite sapienter, psaumes de forme artistique, beaucoup ayant des strophes et des refrains ; 6 miktam, מִכְתָּם, en grec στηλογραφία, dans la Vulgate tituli in scriptio, la plupart munis d’une indication de mélodie, de l’air sur lequel il les faut exécuter ; enfin 1 šiggayôn, שִׁגָּיוֹן, le Psaume vii, traduit par les Septante simplement ψαλμός, par Symmaque et Aquila ἀγνόημα, ἀγνοία, par la Vulgate psalmus et par saint Jérôme ignoratio, sorte d’ode irrégulière analogue au dithyrambe avec vifs changements de rythme et de pensée. Voir tous ces noms. Il est à remarquer que la valeur précise de ces