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PROVIDENCE — PSALTÉRION


mées sous Néhémie. II Esd., ix, 6, 31. Dans le Nouveau Testament, la Providence est présentée comme le Père céleste, qui fait luire son soleil sur les bons et sur les méchants, Matth., v, 45, et qui prend soin de toutes ses créatures. Matth., vi, 25-34. — La Vulgate emploie le mot providentiel dans plusieurs passages où il est question seulement de prévision divine, Judith, ix, 5 ; xi, 16 ; de prévoyance, Tob., ix, 2 ; Sap., vi, 17 ; ix, 14 ; de connaissance, Eccle., v, 5, ou de gouvernement. II Mach., iv, 6 ; Act., xxiv, 2.

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H. Lesêtre.

. PRUDENCE (hébreu : (ebûnâh ; Septante : « riveoic, « fovïjdiç ; Vulgate : prudentia), vertu qui aide à choisir ce qu’il y a de meilleur et de plus sage, pour y conformer sa conduite. — Dans la Sainte Écriture, la prudence se confond fréquemment avec l’intelligence et la sagesse ; c’est souvent en ce sens qu’il faut entendre le mot dans les versions. Les philosophes platoniciens faisaient de la prudence l’une des quatre vertus cardinales ; le livre de la Sagesse, viii, 7, se réfère à cette classification. — La prudence vient de Dieu, Prov., ii, 6 ; Bar., iii, 14, en face duquel il n’y a en réalité ni sagesse ni prudence, Prov., xxi, 30, les qualités humaines étant insignifiantes auprès de ses perfections. Ceux qui ont cherché la vraie prudence en dehors de Dieu ne l’ont pas trouve. Bar., iii, 23. Heureux qui a acquis la prudence, Prov., iii, 13 ; qui vit selon la prudence aura le bonheur. Prov., xix, 8. La prudence est aussi le fruit des années. Job, xii, 12. Elle apprend à veiller sur ses paroles, Prov., x, 19, et à ne pas attirer sottement l’attention sur soi. Eccli., xxi, 23 (20). Elle aide la femme à trouver un mari. Eccli., xxii, 4. L’homme prudent vaut mieux que l’homme robuste. Sap., vi, 1. Il plaît aux grands, Eccli., xx, 29 (26), est recherché dans les assemblées, Eccli., xxi, 20 (17), et, même esclave, sait s’imposer auxhommes libres. Eccli., x, 28 (24). — Notre-Seigneur recommande à ses disciples d’être prudents comme des serpents. Matth., x, 16. Voir Serpent. Il fait l’éloge du serviteur prudent, toujours à son devoir, Matth., xxiv, 45 ; Luc, xii, 42, et des vierges prudentes, attentives à la venue de l’époux. Matth., xxv, 2, 4, 9. Il remarque que les fils du siècle ont beaucoup plus de prudence, dans leurs affaires temporelles, que les fils de lumière dans leurs intérêts spirituels. Luc., xvi, 18. Il remercie son Père de n’avoir pas réservé sa révélation aux sages et aux prudents. Matth., xi, 25 ; Luc, x, 21. Le Sauveur fut lui-même, pendant toute sa vie, un admirable exemple de prudence. Il la fit spécialement remarquer dans sa réserve à manifester sa divinité. Il défendait à ceux qui en avaient quelque idée, pendant sa vie publique, de dire ce qu’ils savaient ou ce qu’ils avaient vii, afin d’empêcher des manifestations et des oppositions qui auraient mis obstacle à son ministère évangélique. Il ne s’expliqua publiquement à ce sujet que dans les derniers jours de sa vie, alors que ses déclarations devaient hâter un dénouement, dont il avait lui-même fixé l’heure. Cf. Lepin, Jésus Messie et. Fils de Dieu, Paris, 1905, p. 364-372.

— Saint Pierre demande aux fidèles de se montrer prudents et sobres, afin de vaquer à la prière. I Pet.,

iv, 7.

H. Lesêtre.
    1. PSALTÉRION##

PSALTÉRION, PSALTÉRIUM (chaldéen : pesanterln, pesanterïn ; Septante :-t/aWipiov), instrument de musique, composé d’une table d’harmonie plate, en forme de trapèze allongé, portant un jeu de cordes tendu horizontalement. Les Septante ont traduit nébcl par « VaXTTJpiov exceptionnellement ; la Vulgate presque toujours par psalterium. Kinnor est rendu i|/ « XTT, pitiv dans les Septante, Ps. xlvhi, 5 ; cxlix, 3 ; Ezech., xxvi, 13 ; par psalterium, Vulgate, Ps. xlvhi, 5 ; cxlix, 3.

I. Nom. — iaXtrjptov, d’après son étymologie, tyâWw, « tendre les cordes », J/aX[14< ; , « percussion des doigts

sur les cordes ». Voir Van Lennep, Elymologicum linguse grasese, Utrecht, 1808, p. 851. Comparer mizmôr de zdmar, voir Musique, t. iii, col. 1137, qui désigne tout instrument à cordes joué par percussion manuelle. Gevært, Histoire et théorie de la musique dans l’antiquité, Gand, 1875-1881, t. ii, p. 243. Ce nom comprendrait par conséquent les harpes, lyres, cithares, sambuques, et même les instruments à manches. Il est à remarquer que Varron et Athénée appellent le nable un psaltérion droit, orthopsallium, J/aXrirçptov opôtov, BeifmoS ; 1. IV, p. 183, par opposition sans doule aux instruments de forme plafe, comme le psaltérion proprement dit. — Cette signification générique justifierait en quelque manière les auteurs des anciennes versions grecques et les commentateurs ecclésiastiques latins et grecs, jusqu’aux lexicographes de la renaissance, d’avoir traduit par’l/aX-ui)piov, psalterium, l’hébreu nébél et même le nom de la harpe, kinnor. Ezech., xxvi, 13. Cependant il est préférable d’admettre que par cette interprélation, ils nous ont représenté, au lieu de l’instrument hébreu, l’instrument grec en usage à Alexandrie sous la domination hellénique et qui avait remplacé à cette époque les anciens types d’instruments orientaux. Telle est aussi la valeur à donner aux textes des Pères, qui différenciaient la cithare du psaltérion par cette particularité, que la première a sa caisse sonore à la base ; l’autre au contraire, à la partie supérieure. S. Basile : iioû.Tqp’.o-i tt^v ïjyo-jaav 8’jvafuv ly. to0 avo>6ev’i-/zn. In Ps. xxxii, t. xxix, col. 328. Le Breviarium in Psalmos, publié dans les œuvres de saint Jérôme, In Ps. cxlix, t. xxvi, col. 1266 : Psalterium similitudinum habet citharse sed non est cithara… Cilhara deorsum percutitur, cieterum psalterium sursum percutitur, S. Augustin : Psalterium de superiori parle habet testudinem, illud scilicet tympanum est concavum lignum, eux chordse innitentes résonant. Enarrat. in Ps. xiii, t. xxxvi, col. 499. Voir col. 280, 671-672, 900, 1964. Cassiodore : Psalterium est, ut Hieronymus ait, in tnodum À literx formati ligni sonora concavitas obesum ventrem in superioribus habens.Prsef. in Psalt., c. iv, t. lxx, col. 15 ; S. Isidore de Séville, Etymol., iii, 22, t. lxxxii, col. 168 ; Bède le Vénérable, Interpretatio Psalterii, t. xciii, col. 1099. L’assimilation que ces auteurs font du psaltérion au nable provient de la version des Septante. Les dix cordes du psaltérion sont une erreur prise des textes où il est en réalité question du nable à dix cordes. Voir Nable, t.’jv, col. 1432. Le rapprochement entre la forme de l’instrument et celle du delta grec, A, loin d’être exclusivement propre au psaltérion, figurerait plus exactement les harpes antiques, et tout spécialement le trigone. Voir Harpe, t. iii, col. 434. En somme, ces textes, où les auteurs s’inspirent d’un instrument de musique, fort éloigné de l’antiquité biblique et même de la tradition hellénique, ne nous fournissent pas de renseignements suffisants pour une identification. C’est à l’aide des monuments anciens, rapprochés des types encore en usage chez les Orientaux, que nouspourrons connaître le psaltérion antique.

II. Description du psaltérion antique. — Le troisième musicien du bas-relief de Koyoundjik, fig. 382, t. iv, col. 1353, porte un instrument (fig. 183) dont la forme rappelle le qanûn ou le santir des modernes Orientaux. Cette représentation montre en effet une Caisse plate, pourvue d’ouïes, avec un jeu de cordes tendu horizontalement. La caisse est bombée à la partie inférieure et se porte à plat devant la poitrine. Les cordes au nombre de dix, si la sculpture est exacte, décrivent une courbe, comme si elles étaient placées sur un rebord arrondi et tendues par des poids. Ces cordes étaient peut-être de métal, voir Botta, Monument de Ninive, t. i, pi. 62, et doublées pour augmenter la résonnance, comme dans les instruments plus modernes. Les