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PROVERBES (LIVRE DES)


malheur d’autrui, même s’il est notre ennemi, xxiv, 17, mais encore lui faire du bien.

Si ton ennemi a faim, donne-lui du pain à manger. S’il a soif, donne-lui de l’eau à boire, xxv, 21.

c) Devoirs envers soi-même. — - D’une façon générale, c’est d’un côté, des efforts incessants vers le bien et l’acquisition de la Sagesse, et de l’autre une applica410n continuelle à fuir le mal. Quelques vertus plus particulièrement recommandées dont les caractères se ramènent aisément à ces deux idées ; modération et activité : l’humilité, iii, 5, 7 ; xxvii, 2 ; la chasteté, ii, 16 ; vi, 24-29 ; la tempérance, xx, 1 ; xxiii, 1-3 ; le détachement des richesses, xxiii, 4-5 ; la modération et la .maîtrise de soi, xvi, 32 ; la droiture dans les actions, 41, 15 ; iv, 26 ; l’amour et la pratique du travail, vi, 611 ; x, 4-5. — Quelques vices et défauts plus spécialement signalés -.l’orgueil, vi, 17 ; l’impiété manifestée dans les dispositions défectueuses de celui qui offre un sacrifice, xv, 8, ou qui fait des vœux précipités, xx, 25 ; le faux témoignage, la calomnie, la médisance, xix, "S, 28 ; x, 18 ; xviii, S ; l’humeur querelleuse et la colère, xii, 16 ; xvii, 19 ; l’impureté (on y insiste spécialement dans les chap. v et vu) ; le mensonge et l’hypocrisie,

: xii, 19 ; xix, 22 ; l’intempérance et la paresse signalées

avec une insistance particulière, xxiii, 29-35 ; xxiv, 3034 ; xxvi, 13-16.

d) Dans l’ensemble de ces prescriptions, il en est quelques-unes qui peuvent provenir de l’expérience, personnelle ou acquise des anciens, ce sont surtout celles où l’intérêt immédiat du sujet paraît en cause, comme l’est par exemple le conseil d’éviter la femme -adultère pour ne pas s’exposer à la vengeance du mari courroucé, VI, 32-35 ; mais il en est d’autres qui ne peuvent provenir de la même origine, car ils ne consistent pas uniquement dans le fait d’une modification ayant pour but d’en faire disparaître les principales imperfections, mais bien dans une transformation radicale qui ne peut avoir que l’Esprit de Dieu comme principe, ainsi les conseils de chasteté par rapport à la courtisane, là où il n’y a plus les inconvénients signalés à propos de l’adultère, v, 20 ; vi, 24 ; ainsi les conseils concernant l’attitude à garder vis-à-vis du pauvre, quand la tendance naturelle porte l’homme fortuné à abuser de sa situation par rapport aux deshérités de la fortune si ses intérêts l’y engagent, surtout vis-à-vis de l’ennemi quand la vengeance paraît si naturelle au cœur de l’homme, xix, 17 ; xxv, 21.

C’est par une fidélité ponctuelle et continuelle que l’homme deviendra juste, car si la sagesse est la connaissance des règles de l’activité humaine telle que Dieu veut qu’elle l’exerce, la justice consiste dans la mise en pratique des règles et des prescriptions élaborées ou proposées par la Sagesse. Les Proverbes insistent beaucoup pour montrer que cette sagesse n’est pas innée en nous et que d’ailleurs l’homme se fait très aisément illusion sur ses intérêts même les plus immédiats, xvi, 25, de là, l’impérieuse nécessité de l’éducation pour former le juste qui doit se constituer le disciple de ceux qui sont les intermédiaires de Dieu pour lui faire connaître la Sagesse.

iy. la famille. — Plusieurs points sur ce sujet sont plus particulièrement intéressants à noter. — 1. Importance de l’épouse vertueuse dans l’intérêt de la maison, xii, 4 ; xiv, l a, aussi l’homme ne saurait-il -apporter trop de soin dans le choix de celle qui devra être sa compagne, xviii, 22. Le portrait de la femme forte, xxxi, 10-31, énumèrê avec complaisance les grands services que le mari peut attendre d’une épouse bien choisie, en même temps qu’il indique quelles qualités sérieuses il faut rechercher pour que ce choix soit sage et éclairé ; une épouse de ce genre doit être .considérée comme un don de Dieu, xix, 14 ; — par

contraste, le Sage ne manque pas de rappeler fréquemment quels maux peut attirer sur une maison l’épouse dépourvue de ces qualités, ii, 16-18 ; xii, 4 ; xiv, 1*. — 2. Le premier devoir du mari c’est la fidélité conjugale, aussi lui est-il recommandé, avec une insistance significative, de se garder avec soin de toute relation coupable avec la femme étrangère et corrompue, en même temps qu’on lui rappelle toute la gravité de l’adultère, v, 15-23 ; vi, 25, 29, 32-33. - 3. Parmi les devoirs des parents, l’éducation des enfants attire tout particulièrement l’attention du Sage, il reconnaît l’autorité du père et de la mère en cette matière et indique le respect et ^’obéissance que les enfants doivent également à l’un et à l’autre, i, 8 ; vi, 20 ; il signale toute l’importance, xxii, 6, 15 ; xxix, 17, et les principaux caractères de cette éducation, insistant spécialement sur la fermeté qu’on doit y employer, xiii, 24 ; xxiv, 13, non toutefois sans recommander de tenir compte des tendances particulières de l’enfant, xxii, 11 ; c’est d’ailleurs l’intérêt des parents, car la conduite de leurs enfants, résultat de l’éducation reçue, leur sera une cause de bonheur ou de malheur, x, 1 ; xvii, 25 ; xxiii, 24-25. — 4. L’enfant doit montrer une très grande docilité à l’égard de ses parents ; il leur doit un égal respect qui ne diminue nullement avec l’âge, vi, 20 ; xxiii, 22 ; il trouvera le bonheur dans cette attitude, iv, 10, tandis que les menaces s’accumulent contre le fils insensé et indocile, xix, 26 ; xx, 20 ; xxx, 17.

v. lasagesse. — 1° D’une façon générale, sciencepartaite, propre à Dieu et communiquée par lui aux hommes ; elle se présente sous différents aspects. — a) Une conception humaine de la sagesse, dont les traits caractéristiques sont -, une certaine habileté, i, 5 ; une grande facilité de discernement, i, 4, 6 ; une prudence pratique ou « expérience » qui donne la science de la vie, m, 2 ; xiv, 8, — 6) Une conception religieuse, considérée comme distincte de l’habileté naturelle et impliquant la crainte de Dieu, i, 7, l’amour de Dieu, l’accomplissement du culte et l’exécution de la loi, iii, 9, et comme telle, source de bénédictions divines et principe de l’acquisition et de la pratique de la vertu et faisant de celui qui la possède « l’homme juste », viii, 13 ; xxx, 3.

— L’acquisition de la sagesse par l’homme est donnée comme une chose ardue, elle lui serait presque impossible, si elle ne s’offrait elle-même à quHa recherche, viii, 13 ; ix, 3, et si en définitive elle n’était communiquée par Dieu soit indirectement par des intermédiaires, soit surtout directement comme un don que lui seul peut faire, car elle est plus que la simple totalité de 1’  « expérience » (personnelle et des anciens) ; sa possession est vraiment un don de Dieu, ii, 6. — c) Conception d’une sagesse absolue et universelle ; — elle nous est montrée comme s’adressant à tous, i, 20-33 ; vm, 2, 3 ; ix, 3 ; elle se trouve dans l’ordre général du monde qui la manifeste, iii, 19-20 ; on la rencontre encore dans le gouvernement politique de l’humanité, vu. 15-16. — d) La Sagesse considérée en elle-même. — a) Son origine ; elle vient de Dieu dès l’éternité et avant toutes choses, viii, 22-23. — 3) Sa nature ; 1° attribut de Dieu, en qui elle réside, qui la possède éternellement et dont elle fait les délices, iii, 19 ; viii, 22-31. — 2° hypostase : son activité coopératrice dans la création, vm, 20 : son amour pour les hommes, elle leur sert de médiatrice auprès de. Dieu, viii, 31, c’est-à-dire qu’elle se présente avec les trois caractères suivants : nature transcendante, personnification nettement accentuée (la tradition catholique y voit une personnalité réelle et distincte), possibilité et désir de se communiquer aux hommes, que le progrès de la révélation accentuera de plus en plus et qui trouveront leur exposition complète dans le prologue du IVe Évangile. Voir dans J. Corluy, La Sagesse dans l’Ane. Test. (Congr. scient, des cath., 1888, t. i, p. 61-91), un tableau comparatif des données