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PROVERBES (LIVRE DES)


tant qu’ils se manifestent dans ses relations avec les hommes ; — a) Sa science parfaite qui lui permet de suivre continuellement les actions et les intentions des hommes : cause d’effroi pour le pécheur, source de consolation pour le juste, v, 2î ; xv, 3, ii, xxiv, 12. — 6) Une puissance infinie dans l’exécution de tous ses desseins, irrésistible dans son action même sur les actes de l’homme tout en respectant sa liberté xvi, 4, 9 ; xix, 21 ; xx, 24 ; xxr, 1. — c) Sa justice absolue, mise tout particulièrement en relief, soit qu’on le considère comme le principe de toute justice, xvi, 11, et ne pouvant supporter la moindre injustice, XI, 1, soit qu’on envisage son activité par laquelle il se révèle toujours essentiellement juste : en appréciant chaque action selon sa valeur morale, iii, 32, 35 ; xii, 2 ; en se constituant le protecteur des faibles contre ceux qui pouvaient abuser de leur force à leur égard, xxii, 23 ; en poursuivant le pécheur et en rétablissant par le châtiment l'équilibre moral ébranlé par sa faute, xv, 25 ; xvi, 5 ; en récompensant le juste dont il est le défenseur, m, 5, 10. — d) Sa providence, soit au sens philosophique du mot, on la constate s’exerçant dans le monde par une action incessante à l'égard de l’homme comme par rapport aux nations, xvi, 4 ; viii, 15-16 ; soit au sens de protection spéciale, il est la source du bonheur pour quiconque se confie en lui, spécialement pour le juste, xvi, 20 ; xviii, 10, et pour ceux qui sont faibles et abandonnés : orphelins, veuves, etc., xv, 25 ; xxiii, 1011. — e) Sa bonté qui se manifeste même quand il châtie celui qu’il aime, iii, 12.

m. L’homme. — A) Sa constitution. — o) Constitution physique. — L’homme se compose d’un corps et d’une âme. L'âme (néfés) est le principe de la vie physique et morale ; le siège de la pensée et des passions, xxiii, 7 ; xi, 25. Souvent c’est le cœur qui est donné comme agent de la connaissance, xv, 14 ; xvi, 1, tandis que la vie effective de l'âme est manifestée par le tressaillement des entrailles, xxiii, 16. — b) Constitution morale. : il est un être libre qui a des commandements à observer et qu’il peut ne pas garder ; tout le livre suppose cette liberté ; de là la constatation de sa responsabilité et la note caractéristique de l’insensé : il a méconnu les conseils de la sagesse, i, 24. — c) Dépendance de Dieu, dans sa vie corporelle : membres, conservation de la vie, etc., xx, 12 ; dans sa vie morale : décisions, conseils, etc., xvi, 9 ; xix, 21 ; dans son bonheur, x, 22. — d) Destinée. Les Proverbes enseignent que tout n’est pas fini pour l’homme avec la vie présente, ils connaissent et affirment la doctrine de la survivance, mais ils en parlent peu et leurs expressions sont-assez indéterminées. Ce qu’ils nous rappellent à ce sujet, c’est que tous les morts descendent au ùe'ôl, rendez-vous universel de tous les hommes où la vie est transformée en une sorte de léthargie, gouffre profond situé dans les parties inférieures de la terre, 1, 12 ; II, 15, séjour immense dont la science parfaite de Dieu peut seule avoir une connaissance complète, xv, 11.

B) L’homme dans sa vie morale. — 1° Morale générale. — 1. C’est Dieu qui est le principe et le fondement absolu de toute la morale, xvi, 11 ; xx, 24, comme de l’homme par la parole même de Dieu ou par des intermédiaires : parents, sages. — 2. L’idéal moral, c’est l’acquisition de la Sagesse qui consiste dans la crainte de Dieu, c’est-à-dire la haine du mal et la poursuite de la sainteté, i, 7 ; viii, 13. — 3. L’observation de la loi morale est obligatoire pour l’homme, il en est le sujet et il y a mal moral pour lui à agir autrement, xiv, 21 ; xvi, 17, et il n’aura même sa véritable vajeur d’homme que dans la mesure où il s’y vaontvera fidèle ; d’ailleurs la sagesse est accessible â quiconque la recherche, elle s’olfre à qui veut a trouver, i, 20, viii, 1 sq. ; ix, 3 sq. ; — i. La méthode morale à employer (ou les dispositions inté rieures requises) pour l’acquisition de la Sagesse consiste dans une recherche sincère accompagnée debeaucoup d’oubli de soi-même et de détachement, ii, 3 sq., iv, 7-8 ; vil, 4 ; d’humilité et de défiance de soi-même, iii, 517 ; d’application à la pratique de la justice avec tendance constante à la perfection, xx, 9.

— 5. La vie morale ne consiste pas dans des observances purement extérieures, même excellentes commeles sacrifices, xxi, 3, mais dans la crainte de Dieu, la pratique de toutes les vertus et l’accomplissement des diverses prescriptions concernant Dieu, le prochain ou soi-même. C’est une vie spéciale qui réclame même des actions plus qu’ordinaires, par exemple, les prévenances à l'égard des ennemis, xxiv, 17, et où le fond essentiel, c’est l’intention, xvi, 30 ; xxi, 27. Elle comporte une grande maîtrise de soi, manifestée surtout au moment des difficultés, iv, 23. — 6. La Sanction de cette vie morale se manifeste ordinairement dans la vie présente et peut être envisagée avec ou sans une intervention immédiate de Dieu. Dans le premier cas, comme récompense, c’est en particulier l’amitié de Dieu, l’intimité avec lui puisqu’il « communique ses Secrets aux cœurs droits », iii, 32 ; viii, 17, 35 b ; xii, 2% c’est la santé et l’abondance des biens, iii, 8, 10 ; c’est la prolongation des jours et la descente au se'ôl retardée le plus longtemps possible, x, 27 ; c’est le bonheur et la stabilité dans le bonheur assurés par Dieu, m, 33 b ; xix, 23 ; — le châtiment se présente dans des conditions analogues, iii, 33 a ; c’est l’arrivée subite de la ruine pour l’homme méchant, vi, 15, c’est le nombre de ses années abrégé, c’est à la ileur de l'âge qu’il descend au sêol, x, 27 ; si une affliction transitoire peut atteindre le juste, il s’en relève, il n’en est pas ainsi de l’impie, xxiv, 16. Sans mention de l’intervention immédiate de Dieu ; c’est la paix et le bonheur accompagnant ordinairement la vertu, I, 33 ; ii, 7 ; viii, 35°, quant au péché, il se punit lui-même, car souvent l’homme est puni par où il a péché, I, 19, 32, v, 22. — Un autre genre de sanction souvent exprimée est celle qui récompense ou châtie l’homme dans sa postérité, les enfants du juste participant aux bénédictions dont il avait bénéficié, tandis que le pécheur fait partager à ses descendants la malédiction qu’il avait attirée sur lui, xiii, 22 ; xx, 7. — Les proverbes mentionnent, bien qu’un peu obscurément, une relation entre la vie présente et les conditions de la vie future envisagée comme sanction, xi, 4 ; cf. xii, 28.

2° Morale spéciale. — o) Devoirs envers Dieu. Les principaux sentiments qui doivent animer-l’homme dans ses rapports avec Dieu sont : la crainte, entendue spécialement comme exprimant l’idée de religion, i, 7, la confiance, iii, 4, la délicatesse de conscience qui ne présume pas trop facilement de sa perfection, xx, 9 ; xxviii, 14. Ces dispositions se manifestent par une fidèle obéissance â toutes les prescriptions de Dieu, m, 9-10 ; Xix, 18, qui n’a de valeur que si elle est accompagnée de la justice intérieure, XXI, 3, 27.

b) Devoirs envers le prochain. — Ils sont prescrits par Dieu et fondés sur la nature des choses. Les principaux devoirs sur lesquels on insiste spécialement sont tout d’abord : la justice (on y revient très souvent dans le livre) dans les transactions commerciales, xi, 1 ; xx, 10, 23, dans les jugements, xvii, 15, 23, aussi bien que dans le respect du bien d’autrui, xxii, 28 ; xxiii, 10 ; — la charité dans ses différentes formes : aimer et secourir les deshérités de la fortune, car Dieu a fait le pauvre comme le riche et il veut qu’on aime les pauvres ; ainsi, donner aux pauvres c’est prêtera Dieu, xiv, 31 ; xix, 17 ; xxii, 20 ; — s’intéresser à ceux qui ignorent la Sagesse en les instruisant, XV, 7 ; xvi, 23 ;

— surtout en oubliant et en pardonnant les injures xix, 11, car c’est à Dieu seul de faire justice, xx, 23, ne pas même se contenter de ne se point réjouir du