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PROVERBES (LIVRE DES)


mais il peut être aussi considéré comme un nom de lieu : de Massa’ou le Massaïte. C’est le sens le plus ordinairement adopté par les auteurs modernes. Frankenberg, Die Sprûche, 1898 ; L. Gautier, op. cit., p. 95 ; Cornely, op. cit., p. 148. La Peschito et le Targum ont conservé exactement les noms propres. Les Septante ne les ont pas reconnus et ont traduit ce passage : « Mon fils, crains mes paroles, et en les recevant, fais pénitence. » Saint Jérôme, influencé peut-être par les explications de quelques rabbins, y a trouvé des noms symboliques de David et de Salomon. Agur (celui qui assemble) serait à considérer comme un qualificatif personnel désignant Salomon rassemblant le peuple pour l’instruire, ïdqéh (celui qui répand) serait une allusion à David faisant connaître ou répandant la vérité, de là : Verba Congregantis, filii Vomentis. Voir Agur, t. j, col. 288-289. Agur et Yâqéh doivent être pris comme noms propres, ce sentiment communément admis par les auteurs modernes, était déjà soutenu par D. Calmet, Préf. des Prov., Bossuet, Proverbes, préf., Cornélius a Lapide, Comm. in loc. ; R. Bayne, qui s’exprimait ainsi : Nam quuni nomen viri et nomen patris ponantur, scripturam nobis hominem aliquem insinuare voluisse credendum est, ut omitlam vehementer duram esse metaphoram vocari Satomonem filium Vomentis. Comm., Paris, 1555, in loc. Si à l’époque où ce chapitre fut ajouté au recueil des Proverbes, il avait été considéré comme salomonien on l’aurait placé, sans titre, à la suite d’une collection attribuée explicitement à Salomon.

Septième section, xxxr, 1-9. — Le texte hébreu, porte : « Paroles du roi Lamuel, sentence ou oracle (ici le mot niaèsa’semble plutôt se rattacher à ce qui suit et a an sens plus précis et plus certain que dans xxx, 1), dont l’instruisit sa mère. Ainsi saint Jérôme dans la Vulgate. — Les Septante (Oi kLo Xôfoi z.prfna.<. vizb ©eoù : ces paroles de moi ont été dites par Dieu) n’ont pas vu qu’il s’agissait d’un nom propre. Un certain nombre d’auteurs modernes voient cependant dans Maèsa’un nom de pays comme dans xxx, 1. Cornely, op. cit., p. 149.

On ignore ce qu’était ce roi Lamuel. Un certain nombre d’interprètes catholiques ont vu dans ce nom un pseudonyme, M. Yigouroux, op. cit., p. 491 ; d’autres, un roi d’Israël, peut-être Ézéchias (Grotius), Salomon {card. Meignan, op. cit.) ; Lamuel (réservé à Dieu, consacré à Dieu), serait ainsi l’équivalent de yeduldh (Vulgate : Amabilis Domino), nom donné à Salomon par Nathan. II Reg., xii, 25. Aucune des identifications proposées n’est justifiée d’une manière satisfaisante.

Huitième section, xxxi, 10-31, la seule qui ne renferme aucune indication comme titre ; les auteurs anciens l’attribuaient à Salomon, comme le reste du livre, mais la place qu’elle occupe à la fin du recueil, à la suite de deux sections dont les auteurs sont nommément désignés semble s’opposer à cette attribution. — L’origine non salomonienne des sections 3, 4, 6, 7, 8, est admise par le plus grand nombre des auteurs modernes.

111. DATE DE LA FORME ACTUELLE DU LIVRE DES

proverbes. — La date de composition des différentes sentences qui le constituent ne fixe pas, par là même, la date du livre des Proverbes dans l’état définitif dans lequel nous le possédons. Pour tous les auteurs, en effet, ce livre est le résultat d’un assemblage — sélection ou collection. C’est un recueil qui a été formé de sentences qui existaient déjà avant d’être groupées ensemble. Mais tous ne s’accordent pas sur l’époque et les conditions dans lesquelles ce recueil a été formé, même ceux qui admettent l’origine salomonienne des Proverbes : pour les uns, le recueil actuel ne saurait être antérieur à l’exil, pour d’autres il remonterait au VIIIe siècle.

D. Calmet s’exprime ainsi : « De tout ce détail il paraît que les Proverbes, tels que nous les avons, sont une compilation des sentences ou autres ouvrages de Salomon, faites en divers temps et par différentes personnes, et rassemblées en un corps par Esdras ou par ceux qui revirent les Livres sacrés après la captivité de Babylone et qui les mirent en l’état où nous les avons. » Et il ajoute qu’une des preuves les plus évidentes que ce livre est un assemblage fait par différentes personnes, se trouve dans la répétition d’un assez grand nombre de versets, « ce qui ne serait pas arrivé si une seule personne eût travaillé à cette compilation. »

Cornely, op. cit., p. 151-152, qui admet la date d’Ézéchias pour la formation du recueil, i-xxix, hésite relativement à l’addition de xxx-xxxi qui complète le livre actuel des Proverbes, mais en tout cas il ne voit pas de raisons sérieuses pour l’attribuer à une date postérieure au temps d’Esdras.

Mais le plus grand nombre parmi ces auteurs font remonter au vin" siècle la formation définitive de ce recueil. Les « hommes d’Ezéchias », xxv, 1, auraient trouvé déjà réunis les chap. i-xxiv, résultat d’une collection faite à la fin du règne de Salomon ou peu de temps après. Cornely, op. cit., p. 151 ; Vigouroux, op. cit., p. 485, etc. « Dans sa forme présente, le livre des Proverbes est du temps d’Ezéchias, » conclut M. Vigouroux, faisant sienne l’affirmation de H. Reusch, Bible polyglotte, t. iv, 1903. p. 344. D’après le card. Meignan, Salomon, p. 329, le recueil officiel n’aurait d’abord contenu que ce que Salomon avait dicté ou écrit, puis autour de ce noyau se seraient successivement ajoutés d’autres proverbes salomoniens, « depuis Salomon jusqu’au temps d’Ezéchias et peut-être au delà. »

Pour la plupart des critiques contemporains, les recherches relatives à la fixation de la date du recueil définitif se trouvent circonscrites à un laps de temps relativement court par le fait de la date tardive qu’ils adoptent pour la composition même des sentences. Un point leur paraît définitivement acquis, c’est que la formation du livre tel que nous l’avons ne saurait remonter à une période antérieure à la captivité. Cerlains, tout en reconnaissant que plusieurs des collections particulières qui composent le livre actuel ont pu être formées avant l’exil, ne penseut pas pouvoir admettre cette même date pour la formation définitive du recueil. Loisy, Les Proverbes, p. 32-33 ; Bickell, Wiener Zeitschrift fur die Kunde des Morgenlandes, 1891 ; Driver, op. cit., p. 406. Kuenen, op. cit., 2e édit., § 97, p. 14-20. reconnaît que quelques proverbes peuvent être préexiliens, mais il prétend que toutes les collections sont post-exiliennes et que la rédaction de l’ensemble du livre est à placer entre 350-300. La question ne se pose même plus pour ceux qui ne reconnaissent qu’une origine post-exilienne à tous les proverbes (Wildeboer, Toy) ; pour ces derniers, le temps écoulé entre la composition des sentences et la formation du recueil est même assez court ; selon Wildeboer il faudrait placer au ive et au me siècle le travail de composition et de compilation.

Entre ces auteurs les divergences sont particulièrement accentuées en ce qui concerne la plus ou moins grande ancienneté des diverses collections particulières dont la réunion a formé le livre actuel des Proverbes. En 1862 Hooykas, Geschiedenis der beoefening van de Wijsheid onder de Hebreën, prétendait que la plus ancienne de ces collections correspondait aux chap. i-ix : par contre, les critiques contemporains sont à peu près unanimes à considérer cette même section comme la dernière en date pour la composition (notion plus parfaite de la sagesse et forme littéraire plus développée que dans le reste du livre) et pour la compilation générale du recueil ; elle aurait été ajoutée aux deux grandes sections, 2 et 5, pour leur servir d’introduction.