Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/396

Cette page n’a pas encore été corrigée

773 PROSTITUTION — PROVENÇALES (VERSIONS) DE LA BIBLE 774

3. À Timothée, évêque de cette ville d’Éphèse dans laquelle le culte de Diane attirait les courtisanes et les débauchés, il ordonne de condamner, au nom de l’Évangile, les icôpvot et les àpusvoxoîtai, ceux qui vivent dans la prostitution et les vices contre nature.

I Tim., i, 10. Aux Éphésiens eux-mêmes, il recommande de ne plus se conduire comme les païens, qui, « ayant perdu tout sens, se sont livrés aux désordres, à toute espèce d’impureté, avec une ardeur insatiable. » Eph., IV, 17-19. Cf. I Pet., iv, 3.

3° Enfin, dans l’Apocalypse, ii, 14, 20-21, saint Jean signale la prostitution à Pergame et à Thyatire. Il décrit la ruine de la cité du mal, de Babylone, tîjç ttipvf, ? ttjç y.i~(irj< ; , meretricis magna, « la grande prostituée, qui a abreuvé les nations du vin de sa furieuse impudicité. » Apoc, xiv, 8 ; xvii, 1, 2, 4 ; xvin, 3, 9 ; six, 2. Il annonce le châtiment qui est réservé aux impudiques, la seconde mort. Apoc, xxi, 8.

II exclut à jamais de la cité bienheureuse les chiens et les débauchés, en compagnie des idolâtres, par conséquent tous ceux qui vivent dans les hontes de la prostitution et des vices qu’abritent les temples des faux

dieux. Apoc, xxii, 15.

H. Lesêtre.
    1. PROTÉVANGILE##

PROTÉVANGILE (premier évangile), nom donné 1° à la première prophétie messianique, Gen., ’m, 15, annonçant que le Sauveur futur, de la race de la femme, écrasera la tête du serpent tentateur (voir Marie 2, t. IV, col. 778) ; 2° à un Évangile primitif supposé par divers critiques pour rendre compte des ressemblances des Évangiles synoptiques (voir Évangiles, t. iii, col. 2094) ; 3° à un Évangile apocryphe dit de saint Jacques. Voir Évangiles apocryphes, t. ii, col. 2115.

    1. PROTOCANONIQUES##

PROTOCANONIQUES (LIVRES), livres de l’Écriture dont l’autorité n’a été l’objet d’aucune contestation. Voir Canon, t. ii, col. 137.

    1. PROUE##

PROUE (grec : itptipa ; Vulgate : prora), avant d’un navire. Voir Navire, t. iv, col. 1513. Quand le navire qui portait saint Paul fut poussé par la tempête vers Ftle de Malte, les marins, craignant d’être portés sur les récifs au milieu de la nuit, jetèrent quatre ancres de la poupe, afin d’arrêter la marche du navire. Puis, pour échapper eux-mêmes au danger, ils mirent une chaloupe à flot du côté de la proue, sous prétexte d’y jeter une autre ancre. C’est de ce côté, en effet, qu’ils comptaient trouver un rivage. Quand le jour fut venu, on coupa les amarres des ancres et on échoua le navire sur une plage. La proue s’enfonça dans le sable et y resta fixée, tandis que la poupe se disloquait sous la violence des vagues. Act., xxvii, 29, 30, 41. C’est à la proue qu’on sculptait les figures symboliques qui servaient d’enseigne au navire. Voir Castors, t. ii,

col. 342.

H. Lesêtre.
    1. PROVENÇALES##

PROVENÇALES (VERSIONS) DE LA BIBLE.

Leur histoire n’est connue exactement que depuis peu de temps seulement. Leurs manuscrits ont été longtemps confondus avec ceux des traductions bibliques faites dans le dialecte des vallées vaudoises. Cf. Richard Simon, Nouvelles observations sur le texte et les versions du Nouveau Testament, IIe partie, c. ii, in-4°, Paris, 1695, p. 141-142 ; J. Le Long, Bibliotheca sacra, in-f », Paris, 1723, t. i, p. 368-369. Ed. Reuss a distingué le premier les versions albigeoises ou cathares en provençal des traductions vaudoises. Fragmentslitléraires et critiques relatifs à l’histoire de la Bible française, dans la Revue de théologie de Strasbourg, 1852, t. v, p. 321-349 ; 1853, t. vi, p. 65-96. Depuis lors, on a découvert et étudié des manuscrits nouveaux ; on a confronté les textes, et de cette compa raison Samuel Berger et Paul Meyer ont tiré des conclusions scientifiques, que nous exposerons brièvement.

1° La plus ancienne traduction provençale a été retrouvée dans un manuscrit unique du xite siècle, conservé à Londres au British Muséum, Harleian 2928, fol. 187 v ». Il comprend cinq chapitres de l’Évangile de saint Jean, xiii, 1-xvii, 26, dont le texte provençal est précédé de cette rubrique latine : Incipit sermoDomini nostri Jhesu Christi quem fecit in cena sua quandu pedes lavit discipulissuis. Il a été copié à Limoges, peut-être à l’abbaye Saint-Martial. Le texte est un morceau liturgique et on n’a pas de raison de penser qu’il ait fait partie d’une version plus étendue. Il est de la même époque que le manuscrit, par conséquent du xiie siècle. Il a été publié par Fr. Michel, par C. Hofmann, Gelehrte Anzeigen der kônigl. bayer. Akademie der Wissenschaften, juillet 1858, par Paul Meyer, Recueil d’anciens textes bas-latins, provençaux etfrançais, Paris, 1874, t. i, p. 32-39, etparK. Bartsch, Chrestomathie provençale, 4e édit., Elberfeld, 1880, col. 9-18.

2° Environ cent ans plus tard, au xme siècle, on fit une version provençale de tout le Nouveau Testament. Elle existe dans un seul manuscrit d’une écriture méridionale paraissant de la fin du xme siècle (1250-1280), à la bibliothèque du Palais des arts à Lyon, n » 36. Il a été apporté de Nimes à Lyon en 1815, et donné à la ville de Lyon par J.-J. Trélis. Le texte présente deux lacunes notables, provenant de la perte de quelques feuillets : les passages, Luc, xxi, 38-xxiil, 13 ; Rom., vii, 8 6-Vm, 28, manquent. La version provençale est suivie d’un rituel qu’Edouard Cunitz a reconnu le premier pour le rituel cathare ou albigeois, contenant la liturgie du consolament : Ein katharisches Ritual, dans les Beitrâge fur den theol. Wissenschaften, Iéna, 1852, t. iv, p. 1-88. Il a été réédité par M. Léon Clédat avec le Nouveau Testament, in-8°, Paris, 1888 (le texte en a été transcrit en caractères ordinaires et traduit en français dans l’Introduction, p. ix-xxvi), et spécialement : Vieux provençal. I. Rituel provençal, manuscrit 36 de la bibliothèque municipale du palait Saint-Pierre, à Lyon, in-8°, Lyon, 1890. Les citations du Nouveau Testament de ce rituel appartiennent à la version provençale, dont le texte précède, quoiqu’elles n’en-soient pas extraites textuellement. Ed. Reuss, loc. cit., avait péremptoirement démontré, par la comparaison avec les textes vaudois, que cette version n’avait rien de vaudois, et qu’elle avait été la traduction officielle des cathares ou albigeois. Samuel Berger, Les Bibles provençales et vaudoises, dans la Romania, Paris, 1889, t. xviii, p. 354 sq., a constaté que la version provençale du manuscrit de Lyon avait été faite sur un texte latin de la Vulgate tout à fait caractéristique et usité dans le Languedoc pendant la première moitié d"u xme siècle. Cf. son Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen âge, Paris, 1893, p. 7282. Elle y correspond de tous points pour le fond (aussi bien que les corrections marginales) et lui ressemble même dans ses formes extérieures, et en particulier pour la division en chapitres. Bien plus, comme un certain nombre de passages, tant du début de la plupart des livres que de quelques endroits du texte, sont restés en lalin sans traduction, il faut en conclure que le copiste transcrivait la version provençale interlinéaire d’un manuscrit latin glosé. Non seulement il a copié parfois, par inadvertance sans doute, le texte latin, mais l’ordre dès mots vulgaires est presque exactement celui du texte original. Cette copie semble avoir été prise directement sur le manuscrit latin glosé, car, si elle n’est pas un manuscrit d’auteur, elle n’est pas très éloignée du manuscrit de l’auteur. M. Paul Meyer, dans la Romania, loc. cit.,