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PROPHÉTISME — PROPRIÉTÉ


dien dans l’humanité. Voir t. iii, col. 1235-1237. Les prophètes, nous l’avons dit plus haut, col. 717, ont été assurément les apôtres et les propagateurs du monothéisme ; mais ils ne l’ont pas fondé. La création du monothéisme par les prophètes du vme siècle, non seulement n’est pas démontrée, mais encore elle se heurte à des difficultés insurmontables qu’a bien fait valoir l’abbé de Broglie, Questions bibliques, 2e édit., Paris, 1904, p. 243-320. Leur rôle historique et l’influence des prophètes d’Israël, tels que nous les avons exposés précédemment, col. 717, ne sont pas pour cela amoindris. De ce qu’ils les ont remplis et exercés sous l’inspiration divine, leur gloire n’en est pas diminuée. C’est un honneur pour un homme d’avoir été l’instrument intelligent, libre et docile de l’Esprit inspirateur. L’inspiration prophétique n’est pas une action mécanique qui fait mouvoir des agents inconscients. Elle a sauvegardé, nous l’avons dit, avec la doctrine catholique, la conscience, l’intelligence et la liberté des prophètes. Tout en maintenant leur inspiration surnaturelle, nous pouvons les saluer comme les plus grands hommes d’Israël et les plus dignes représentants de Dieu dans l’histoire du peuple choisi. La grandeur de l’œuvre qu’ils ont accomplie est la marque la plus certaine que Dieu a parlé par leur bouche. E. Mangenot.

    1. PROPITIATOIRE##

PROPITIATOIRE (hébreu : kappôrét ; Septante : Uaurripiov, èîtiŒna, ou seulement UaaT-^ptov ; Vulgate : propitiatorium), plaque d’or qui couvrait l’Arche d’alliance et portait les deux chérubins. Voir Arche d’alliance, t. i, col. 913-919.

1° Description, — Le propitiatoire était une plaque d’or pur, longue de deux coudées et demie (l m 31) et large d’une coudée et demie (0 m 78). Aux deux extrémités étaient placés les chérubins d’or battu, qui faisaient corps avec le propitiatoire. Les chérubins se faisaient face, et leurs ailes déployées vers le haut couvraient le propitiatoire, en laisant vide l’espace du milieu. Le propitiatoire était posé au-dessus de l’Arche. Exod., xxv, 17-21 ; xxvi, 34 ; xxx, 6 ; xxxi, 7 ; xxxv, 12 ; xxxvii, 6-9 ; xxxix, 35 ; xl, 20.

2° Destination. — 1. Le propitiatoire servait 10ut d’abord à couvrir l’Arche. Celle-ci, étant un coffre ouvrant par le haut et contenant différents objets, avait naturellement besoin d’un couvercle. Exod., xxv, 21.

— 2. Le propitiatoire était de plus l’endroit où le Seigneur communiquait avec Moïse. « Là je me rencontrerai avec toi et je te communiquerai, de dessus le propitiatoire, du milieu des deux chérubins, tous les ordres que je te donnerai pour les enfants d’Israël. » Exod., xxv, 22. « Lorsque Moïse entrait dans le Tabernacle de l’alliance pour parler avec Jéhovah, il entendait la voix qui lui parlait de dessus le propitiatoire placé sur l’Arche du témoignage, entre les deux chérubins, et il lui parlait. » Nnm., vii, 89. C’était là comme le trône de Dieu, l’endroit où il manifestait sa présence et rendait ses oracles. C’est cette présence ainsi manifestée que plus tard les Juifs ont appelée sekînâh, « habitation ». Voir Gloire de Dieu, t. iii, col. 252 ; Oracle, t. iv, col. 1846. On comprend dès lors pourquoi ce dessus du propitiatoire restait vide, pour servir de résidence au Dieu invisible et dont toute représentation était interdite. Les arches égyptiennes, au contraire, portaient toujours une image quelconque de divinité. Voir t. i, fig. 241, 242, 245, col. 913, 915, 918. - 3. Le jour de la fête de l’Expiation, le grand-prêtre pénétrait dans le Saint des saints ; là, prenant avec son doigt du sang du taureau immolé, il aspergeait la face orientale du propitiatoire et faisait sept autres aspersions devant le propitiatoire. Il recommençait ensuite le même rite avec le sang du bouc immolé. Lev., xvi, 14-15. Ces aspersions avaient pour but de présenter à Jéhovah le sang des victimes égorgées pour se le rendre propice.

3° Signification. — 1. Le mot kappôrét vient, d’après quelques anciens auteurs juifs et quelques modernes, de kâfar, « couvrir » ; il désignerait donc le propitiatoire uniquement comme im§ïj.a, « couvercle » de l’Arche. Il est peu probable que les Hébreux aient attaché un sens aussi restreint au mot kappôrét, qui n’est d’ailleurs employé qu’à propos de l’Arche. L’idée de « couvrir » était tout à fait secondaire dans un objet qui portait les deux chérubins et servait de trône à la majesté divine. Puis, aurait-on appelé le Saint des saints bel hak-kappôréf, « maison du couvercle » ? I Par., xxviii, 11. — 2. Les anciennes versions ont fait dériver le mot du piel kippér, qui veut dire « pardonner » et « expier ». Cf. Deut., xxi, 8 ; Ps. lxv, 4 ; Jer., xviii, 23 ; Exod., xxx, 15 ; Lev., i, 4, etc. L’assyrien kuppuru ou kapdru a aussi le sens de « purifier, essuyer ». Les takpirdli sont des purifications que VûHpu applique à des personnes ou à des objets divers. Cf. Fr. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. xxii-xxiii ; Zimmern, Die Keilinsckr. und dàs A. T., Berlin, 1903, p. 601. L’arabe kaffdrah, dans le Coran, désigne une « expiation » ou un « moyen d’expiation ». Cf. Hughes, Dicl. of Islam, Londres, 1896, p. 259. Le sens de kappôrét comporte donc certainement l’idée d’expiation. Les Septante le rendent par î).a<7T^piov, du verbe llà<r » t.oi.ixi, « expier, rendre propice. » Dans l’Épître aux Hébreux, ix, 5, le même mot désigne le kappôrét. La Vulgate l’appelle propitiatorium, l’endroit de la propitiation. Le sens du mot est donc surtout emprunté au rite de la fête de l’Expiation. C’est invisiblement présent sur le kappore’f que Dieu recevait les marques authentiques du repentir d’Israël, c’est là qu’il accordait au peuple son pardon. Là aussi Dieu communiquait ses volontés à Moïse. Mais ces communications divines se firent après Moïse par l’Urim et le Thummin et le texte de I Reg., Xiv, 18, à supposer qu’il n’ait pas été altéré, n’indique nullement que L’Arche ait servi pour faire connaître au grand-prêtre Achias la volonté divine. Tous les ans, au contraire, le grand-prêtre pénétrait dans le Saint des saints pour y implorer le pardon divin. Il était donc naturel que l’historien sacré parlât de la « maison de la propitiation », bêt hak-kappôrét. I Par., xxviii, 11. Le propitiatoire d’or était en réalité le siège de la royauté de Jéhovah sur Israël ; c’est de là qu’il commandait, c’est là qu’il pardonnait. Au lieu d’être comme un accessoire destiné à couvrir l’Arche, le propitiatoire constituait au contraire la pièce principale, dont l’Arche était comme la base. Aussi les écrivains sacrés aiment-ils à appeler Jéhovah « celui qui siège entre les chérubins ». I Reg., iv, 4 ; Il Reg., vi, 2 ; IV Reg., xix, 15 ; I Par., xiii, 6 : Ps. lxxx (lxxix), 2 ; xctx (xcxvin), 1 ; Is., xxxvii, 16 ; Dan., iii, 55. Cf. Bkhr, Symbolik des tnosaischen Cultus, Heidelberg, 1837° t. i, p. 379382, 387-395. — 3. Saint Paul dit que Jésus-Christ a été montré « comme Uaa-nîpiov, propitiatio, dans son sang parla foi. » Rom., iii, 25. Le mot D.ajTÎiptov a été retrouvé dans un certain nombre d’inscriptions ; il y désigne un « moyen » ou un « objet d’expiation » ou de « propitiation ». C’est bien le sens de l’hébreu kapporêt. Quant à Notre-Seigneur, il est présenté par saint Paul comme « moyen » ou « instrument d’expiation » ; il expie « dans son sang >> et on s’applique cette expiation « par la foi. » Cf. F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, p. 282, 287-289.

    1. PROPOSITION##

PROPOSITION (PAINS DE). Voir Pains de proposition, ii, 2°, t. iv, col. 1957.

    1. PROPRIÉTÉ##

PROPRIÉTÉ, droit en vertu duquel une chose appartient en propre à quelqu’un.

I. À l’époque patriarcale. — 1° Dans le principe, Dieu avait placé l’homme sur la terre en lui disant, à