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PROPHETE — PROPHETIE


sont avec les Apôtres les fondements de l’Église. Eph., H, 20. Ils sont nommés encore après les Apôtres. Eph., m, 5 ; Àpoc, xviii, 28. Ils n’ont pas disparu avec l’âge apostolique. La Didaché, x, 7 ; xi, 7-12, dans Funk, Patres apostolici, 2e édit., Tubingue, 1901, t. i, p. 24, 28-30, et le Pasteur d’Hermas, Mand., xi, ibid., p. 502-510, les signalent encore et les distinguent des faux prophètes. Ces prophètes, possédés, dirigés et conduits par le Saint-Esprit, étaient des prédicateurs inspirés, qui prêchaient et exhortaient les fidèles ; c’étaient parfois des missionnaires qui, poussés par l’Esprit, répandaient comme les Apôtres l’Évangile. Mais leur prophétie était un charisme, ’une grâce d’exception, qui se manifestait quand et comme voulait l’Esprit. Cf. Cornely, Prior Epistola ad Corintkios, Paris, 1890, p. 414 sq. — 3° Jésus avait mis ses disciples en garde contre les faux prophètes. Matth., vii, 15. Deux faux prophètes sont mentionnés dans le Nouveau Testament : Barjésu, Act., xiii, 6-12, voir t. i, coi. 1461, et une femme de Thyatire, Jézabel. Apoc, h, 20. Voir t. iii, col. 1536.

IX. Bibliographie. — Plusieurs anciens écrivains ecclésiastiques ont réuni les données bibliques à beaucoup de détails légendaires pour composer des notices sur tous les prophètes de l’Ancien Testament. On possède en grec les fragments d’Eusèbe de Césarée, Devitis prophetarum, t. xxii, col. 1261-1272 ; deux re--censions du Liber de vitis prophetarum, attribué à ^aint Épiphane, t. xlhi, col. 393-414, 415-428 ; un livre analogue, publié sous le nom de Dorothée de Tyr, dans le Chronicon pascale, t. xcii, col. 360-397. Sur ces textes, voir Th. Schermann, Propheten— und Apostellegenden, dans Texte und Vntersuchungen, de Harnack et de Schmidt, Leipzig, 1907, t. xxxi, fasc. 3, p. 1-133, qui en donne une édition plus complète et plus critique. Dans le recueil de saint Isidore de Séville : De vita et obitu patrum qui in Seriptura laudibus efferuntur, édité par Fabricius, De vita et morte Mosis libri très, Hambourg, 1714, p. 512-551, et par Migne, Patr. Lat., t. lxxxiii, col. 131-156, il y a des notices’sur les prophètes. Les légendes syriaques sur les prophètes ont été rassemblées par le nestorien Théodore bar Kôni, au IXe siècle, dans son Livre des -scholies, et par Michel le Syrien, Chronique, édit. Chabot, Paris, 1899, t. i, p. 63-101.

Sur les prophètes, on pourra consulter toutes les introductions aux livres de l’Ancien Testament. Citons seulement F. Vigouroux, Manuel biblique, ’12e édit., Paris, 1906, t. ii, p. 566-591 ; Trochon, Introduction -générale aux prophètes, Paris, 1883 ; R. Cornely, Jntroductio speciafts in didacticos et propheticos V. T. libros, Paris, 1887, p. 267-305 ; card. Meignan, Les prophètes d’Israël. Quatre siècles de lutte contre l’idolâtrie, Paris, 1892, p. 1-48 ; Id., Les prophètes d’Israël. et le Messie depuis Salomon jusqu’à Daniel, Paris, 1893, p. 17 ; J.-B. Pelt, Histoire de l’Ancien Testament, 3e édit., Paris, 1902, t. ii, p. 138 sq. ; "E. Laur, Die Prophetennamen des alten Testamentes, Fribourg, 1903 ; *L. Gautier, Die Berufung der Propher ten, 1903. E. Mangenot.


PROPHÉTESSE (hébreu : nebï’âh ; Septante : TtpotpfJTi ;  ; Vulgate : prophetis, prophetissa), nom donné dans l’Ecriture 1° à des femmes douées de l’esprit de Dieu ; 2° à Marie, sœur de Moïse, considérée comme poète ou chantant au son des instruments le cantique de Moïse, . après le passage de la mer Rouge, Exod., xv, 20 (sans avoir aucun don de prophétie, cf. Num., xii, 6) ; 3° à la femme du prophète Isaîe, ainsi appelée parce que son mari était prophète. — Les femmes’à qui les auteurs -sacrés donnent le titre de prophétesses dans la pre.mière acception du mot sont : Débora, qui rendait la .justice aux tribus d’Israël avec le secours divin, Jud.,

iv, 4 ; Holda, contemporaine du roi Josias, IV Reg., xxii, 1-4 ; II Par-, xxxiv, 22 ; Noadias, fausse prophétesse, d’après l’hébreu, t. iv, col. 1635 (faux prophète d’après les Septante et la Vulgate), II Esd., vi, 14 ; et, dans le Nouveau Testament, Anne, fille de Phanuel. Luc, II, 36. Voir ces" noms. — La Vulgate, dans l’Ancien Testament, n’a employé le mot prophetissa que pour Marie, sœur de Moïse, et pour la femme d’Isaïe ; elle a donné à Débora et à Holda le titre de prophetis. En saint Luc, ii, 36, Anne est appelée prophetissa.


PROPHÉTIE. — I. Notion. — La notion biblique de la prophétie correspond à la définition du prophète d’Israël, donnée précédemment, col. 705. La prophétie dans la Bible n’est donc pas une simple prévision de l’avenir, quoique l’historien juif Josèphe, Ant. jud., XIII, x, 7, l’ait définie : r zû> sieXXôvtwv itpdfvuutç, et que plusieurs Pères de l’Église aient adopté cette définition. Voir col. 709. Elle a, en réalité, une signification plus large, et elle désigne toute manifestation de la volonté divine à un prophète et, par l’intermédiaire de celui-ci, aux autres hommes.

Les noms qu’elle porte dans la Bible correspondent aux différents noms des prophètes. Si le prophète est un nsi, « voyant », la prophétie est une « vision », rwnB-,

I Sam., ix, 15, et une vision de Dieu, communiquée par Dieu. Ezech., i, 1 ; viii, 3 ; xl, 2. Ce nom ne désigne pas seulement ce que Dieu fait voir aux yeux du corps ou de l’esprit, mais encore ce qu’il fait entendre aux oreilles. La vision est donc synonyme de la parole de Dieu. I Sam., iii, 1, 15 ; IX, 10-18. Elle désigne par suite toute révélation divine. Ezech., i, 9 ; », 2 ; iii, 5 ; v, 6 ; vi, 4, etc. Le verbe rvn est souvent

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employé dans les phrases dans lesquelles les prophètes rapportent les révélations qu’ils ont reçues de Dieu. Is., vl, 1 ; xxi, 6 ; Jer., i, 11-13 ; Ezech., i, 15 ; iii, 23, etc. ; Joël, iii, 1 ; Amos, vii, 8 ; viii, 2 ; Hab., ii, 1 ; Zach., i, 8 ; ii, 4, etc. Partout, c’est Dieu qui fait voir (le verbe est à l’hiphil). Jer., xxiv, 1 ; Ezech., xl, 4 ; Amos, vii, 1 sq. ; viii, 1 ; Zach., ii, 3 ; iii, 1. Le voyant ne voit que ce que Dieu lui fait voir. La vision est donc une révélation divine. Cf. S. Isidore de Séville, Etym., 1. VII, c viii, t. lxxxii, col. 283 ; S. Thomas, Sum. theol., II a II », q. clxxi, a. 1. — Si le voyant est dit rrrn, sa vision se nomme alors ^tn. Ce nom désigne la parole révélée par Dieu, II Sam., vii, 17 ; I Par., xvii, 5, ou la’chose elle-même. Hab., Il, 2, 3. La révélation est dite « vision », Ezeeh., vii, 13 ; viii, 22 ; x, 1, 9 ; xii, 13, 24, 27, ou « parole de vision ». Ezech., xii, 23. On parle une vision, Jer., xxiii, 16 (faux prophète), comme on voit une parole. I (III) Reg., xxii, 19 ; Is., i, 1 ; ii, 1 ; xiii, 1 ; Amos, i, 1, etc. ; Abdias, i, 1 ; Mich., i, 1 ; Nahum, i, 1 ; Hab., i, 1 ; Jer., i, 11-13. Jérémie a eu une vision de la bouche de Dieu. Jer., xxiir, 16. La vision ainsi nommée est donc encore une révélation divine, une manifestation de la parole de Dieu. — 3° Le substantif nN’, 32, nebû’dh, correspondant à N’33, dé t : t

signe un oracle, I Esd., vi, 14 ; )II Esd., vi, 12 ; II Par., xv, 8, ou même un écrit prophétique. II Par., ix, 29. — Dans les Septante, le mot grec npoç7)Tê(’a répond soit à jïrn, hdzôn, II Par., xxxii, 32, soit à —[m : . I Esd., vi,

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14 ; II Esd., vi, 12. — La prophétie consiste donc en une action extraordinaire ou surnaturelle, par laquelle Dieu communique à son prophète certaines lumières ou connaissances avec mission de les transmettre aux autres hommes.

II. Manières dont Dieu communiquait aux prophètes ses volontés. — Pour connaître les vérités qu’ils devaient manifester de la part de Dieu, les prophètes d’Israël n’employaient aucun des procédés