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PROPHÈTE


prophètes. Ils apparurent encore en Israël sous le règne d’Achab, au nombre de 400 environ. Parce que Josaphat, roi de Juda, veut consulter Dieu, Achab les interroge. Par une action symbolique, leur chef Sédécias prédit la victoire sur Bamoth-Galaad, et tous les autres confirment cette prédiction. Michée, fils de Jemla, tenté par l’envoyé du roi, refuse de s’associer à ce mensonge et annonce la mauvaise issue de l’expédition. Il a vu Jéhovah, assis sur son trône et envoyant un esprit menteur pour inspirer les faux prophètes et tromper Achab. Sédécias se prétend véritablement inspiré par Jéhovah et il frappe Michée qui en appelle à la prochaine réalisation de son oracle. I (III) Beg-., xxii, 5-28. Dans le royaume de Juda, les faux prophètes furent nombreux au temps d’Isaïe et de Jérémie. Isaïe leur reproche leurs excès et leurs erreurs, causés par l’ivrognerie, xxviii, 7. Michée, son contemporain, leur adresse les mêmes reproches, ii, 11, et les accuse de prophétiser pour de l’argent, iii, 5, 11. Jérémie les accuse de mensonge, v, 13, 14 ; viii, 10 ; xiv, 13-18, et il les maudit, xxiii, 9-40. Il entre en conflit direct avec eux. Tandis qu’il prédit la ruine prochaine de Jérusalem et du royaume de Juda, les faux prophètes s’unissent aux prêtres et au peuple pour le contredire et l’amener en jugement, xxvi, 7-19. Il les contredit publiquement et exhorte le peuple à ne pas ajouter foi à leurs oracles trompeurs, xxvii, 14-18. Il eut un conflit personnel avec Hanani, prophète de Gabaon, xxviii, 117. Il poursuivait les faux prophètes jusqu’au lieu de leur exil. Comme ils continuaient à tromper les premiers captifs, il les confond, et il prédit des châtiments spéciaux à Achab, à Sédécias et à Séméias, x-xix, 1-32. Le prophète de l’exil, Ézéchiel, eut à lutter aussi en Chaldée contre les faux prophètes d’Israël, hommes et femmes, qui trompaient les captifs, xiir, 1-23. Après le retour à Jérusalem, Gossem accusait Néhémie d’avoir suscité des prophètes pour favoriser ses projets. II Esd., vi, 7. Loin de là, Néhémie allant consulter Séméias vit que ce soi-disant prophète n’était pas envoyé par Dieu, pas plus que Noadias et les autres prophètes qui voulaient l’épouvanter et le détourner de son dessein. lbid., 10-14.

Ces prophètes prétendaient posséder, eux aussi, la parole de Dieu ; mais leur parole n’était que du vent ; elle ne contenait pas la parole d « Dieu. Jer., v, 13. Ils parlaient faussement au nom de Jéhovah, et ils mettaient en sa bouche leurs propres discours. Dieu ne les avait pas envoyés, ne leur avait pas ordonné de parler. Leur vision était mensongère ; ils trompaient et séduisaient le peuple. Jer., xiv, 14, 15. Ils disaient la vision de leur cœur et non celle qui vient de la bouche de Dieu. Jer., xxiii, 16. Dieu ne les envoyait pas, et ils couraient d’eux-mêmes ; il ne leur parlait pas, et ils prophétisaient d’eux-mêmes, 21. Ils prétendaient avoir eu des songes prophétiques, 25 ; mais ils annonçaient le mensonge et les séductions de leurs cœurs. Us volaient les paroles de Dieu, 30, et ils prenaient leurs langues pour dire : « Le Seigneur a dit. » Ils rêvaient des mensonges, 31, 32. Ils n’avaient donc ni mission ni révélation divine. Us prétendaient avoir des visions, Jer., xw, 14 ; xxiii, 16 : visions vaines, songes creux. Is., lvi, 10 ; Mien., iii, 6, 7 ; Ezech., xiii, 3, 6-9 ; xxii, 28. C’étaient des trompeurs et des séducteurs, Jer., xxix, 21, 23, 31 ; des chiens muets incapables d’aboyer. Is., lvi, 10. Loin de reprendre le peuple, ils le confirmaient dans le mal et empêchaient sa conversion. Jer., xxiii, 14, 15, 17, 22 ; Ezech., xiii, 5, 22. Ils faisaient avoir confiance dans le mensonge. Jer., xxix, 31. Us attendaient vainement la confirmation de leurs oracles, Ezech., xiii, 6 ; leurs prédictions ne s’accomplissaient pas, ce qui était le signe de leur fausseté conformément à la prédiction de Moïse. Deut., xvin, 22. Us seront couverts de confusion, lorsque

l’événement aura montré la fausseté de leurs prophéties. Jer., xiv, 13-15 ; xxviii, 9, 16-17. Leur caractèremoral était peu élevé, Soph., iii, 4 ; ils s’adonnaient au » vin, Is., xxviii, 7 ; Jer., xiii, 13, et prophétisaient pouide l’argent et pour gagner la faveur des hommes. Mich., m, 5, 11 ; Ezech., xiii, 18, 19. Us n’avaient donc rien de commun avec les véritables prophètes, et leurinspiration était feinte. Us avaient cependant de l’influence sur les prêtres, sur les chefs et sur le peuple, et ils contrecarraient souvent la mission des véritablesprophètes.

VIII. Les prophètes du Nouveau Testament. — 1° Jésus-Christ prophète. — Si, avec la plupart des Pères, on pense que Moïse prédisait, sous le nom deprophète semblable à lui, que Dieu devait susciter au » milieu de son peuple, Deut., xviii, 15, le Messie seul et sa mission prophétique, voir col. 116, il n’est pasétonnant que Jésus, le véritable Messie, ait été prophète. Luc, xxiv, 19 ; Joa., iv, 19 ; vii, 40 ; îx, 17 ;  : Act., iii, 22 ; vii, 37. Sa doctrine dogmatique et morale, .voir t. iii, col. 1480-1487, complétait et surpassait celle des prophètes, qu’il n’était pas venu renverser ni abolir. Matth., v, 17. Comme ses devanciers, il a connu efa prédit l’avenir. Ses prédictions ont été exposées, t. iii, col. 1499-1501. — 2° Il y eut aussi des prophètes dansle Nouveau Testament. D’abord, des prédiseurs de l’avenir. Quand l’Église d’Antioche eut été fondée, il y vint de Jérusalem des prophètes, dont l’un, nommé Agabus, prédit une famine qui se produisit sous lerègne de Claude. Act., xi, 27-28. Seize ans plus tard, à. Césarée, le même Agabus annonça par une action symbolique la prochaine captivité de saint Paul. Act, , xxi, 10-11. Voir t. i, col. 259. Ce fait se passa dans la maison de l’évangéliste Philippe, qui avait quatre filles, vierges et prophétesses. Act., xxi, 9. Ces prophètescoexistaient à Antioche avec des docteurs. Act., xiii, 1.. Deux prophètes de Jérusalem, Judas, surnommé Barsabas, et Silas, furent envoyés à Antioche. Act., xv, 32. Leur ministère prophétique comprenait sans doute la, prédication et l’enseignement, puisqu’ils consolèrent les frères et les confirmèrent dans la foi. Voir t. iii, col. 1807. Parmi les charismes, qui se manifestèrent) dans l’Église de Corinlhe, saint Paul nomme la prophétie, I Cor., xii, 10, et il range ceux qui en étaient ; dotés entre les Apôtres et les docteurs, 28-29. Le don de prophétie était supérieur au don des langues, car leprophète parle aux autres et les édifie, les exhorte et les console, tandis que le glossolale n’édifie pas l’Église^ de Dieu, à moins que ses paroles ne soient interprétées. I Cor., xiv, 1-5. Le ministère de ces prophètes estj utile surtout aux fidèles, 22 ; il convertit cependant les infidèles qui pénètrent dans les assemblées, en lesconvainquant par la parole et en manifestant les secrets de leurs cœurs, 24-25. Tous ceux que l’Espriti animait avaient le droit de prophétiser. Cependant, pour éviter les abus, saint Paul règle l’exercice de ce charisme. Il suffisait qu’à chaque assemblée deux ou trois seulement prennent la parole et exhortent les ; fidèles ; les autres devaient être juges de ces manifestations de l’Esprit. Us devaient parler successivement, , et dès qu’un nouveau prophète prenait la parole, le précédent devait se taire, chacun enseignant et exhortant, l’assistance à son tour, car les prophètes sont soumis ; les uns aux autres. Dieu qui les inspire est le Dieu de la paix et non pas de la discussion, 29-32. Et cesrègles l’Apôtre les enseignait dans toutes les Églises. Il* impose donc cette loiaux prophètes de Corinthe, comme-un ordre du Seigneur, 37, non pour étouffer l’espritu de prophétie, sinon celui des faux prophètes qui désobéiraient ^puisqu’il tient la prophétie pour le meilleurdes charismes divins, 38. Les prophètes, placés entre les Apôtres et les évangélistes, travaillent, comme eux, _ au service des saints et des fidèles. Eph., iv, 11. Ils*