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PROPHÈTE

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que le roi d’Assyrie, dans la campagne commencée, emmènera d’Egypte etd'Éthiopie, xx, 1-6. Jérémie cache sa ceinture de lin au bord d’un cours d’eau et va la reprendre plus tard, toute pourrie et impropre à aucun usage, pour annoncer le châtiment que Dieu tirera de .Tuda, auquel il s’est attaché comme la ceinture s’attache aux reins d un homme, xiii, 1-21. Un potier, sous les yeux du prophète, change la destination du vase qu’il façonne : ce qui signifie que Dieu, lui aussi, peut modifier ses plans, xviii, 1-10. Jérémie brise ensuite devant témoins un vase acheté chez ce potier pour figurer la destruction prochaine de Jérusalem, xix, 1-13. Il met un joug sur ses épaules en vue de représenter l’asservissement de Juda par Dabylone et d’annoncer au roi que Dieu lui commande de se soumettre à ses vainqueurs, xxvii, 2-13, malgré les prédictions trompeuses des faux prophètes. Hananias, l’un d’eux, brise le joug symbolique porté par Jérémie, et ce prophète contredit son adversaire et prédit sa mort prochaine, xxviii. 1-17. Il achète un champ à Anathoth, et cet achat, fait sous l’impulsion divine, est l’emblème et le gage des bénédictions que Dieu réserve aux captifs après leur retour, xxxii, 6-44. Réfugié en Egypte, il cache de grandes pierres pour prédire l’invasion du pays par Nabuchodonosor, xliii, 8-13. Après avoir écrit sa prophétie annonçant la ruine de Babylone, il remet le rouleau à Sarias, qu’il envoie à Babylone pour le lire, l’attacher ensuite à une pierre et le jeter au milieu de l’Euphrate, afin de symboliser la submersion de la grande ville, Li, 59-64. Ezéchiel mange un rouleau d'écriture qui lui est présenté, et ce symbole figure le message dont il est porteur, ii, 8-m, 3. Il reçoit l’ordre de s’enfermer dans sa maison et d’y garder un silence absolu pour montrer que les Israélites exaspèrent Dieu, qui ne veut plus leur parler, iii, 24-27. Il trace sur une brique un plan de Jérusalem assiégée et représente lui-même les assaillants, iv, 1-3. Couché sur le côté gauche pendant 390 'jours, il représente la durée des iniquités d’Israël ; couché ensuite sur le côté droit durant 40 jours, il figure celle des péchés de Juda, un jour étant pour une année ; après quoi, il prophétise contre Jérusalem assiégée, iv, 4-8. Sa nourriture répugnante, malgré l’adoucissement obtenu, et sa boisson seront mesurées comme le signe du : sort misérable auquel seront réduits les assiégeants, iv, 9-17. Il coupe enfin sa chevelure, la livre au feu, au rasoir et au vent, pour signifier qu’un petit nombre seulement des habitants de Jérusalem survivra, v, 1-17. En présence des exilés, il simule un départ hâtif pour un voyage, et il explique que cette scène représente le roi Sédécias et les habitants de Jérusalem qui devront émigrer au milieu des nations, xii, 1-16. La manière dont le prophète mange son pain et boit de l’eau, signifie la condition misérable à laquelle seront réduits les habitants de Jérusalem, xii, 17-20. Sa femme étant morte, il reçoit de Dieu l’ordre de ne pas en porter le deuil, afin de servir de signe à ses compatriotes, en prévision de la ruine prochaine de Jérusalem, xxiv, 15-24. Le livre de Zacharie raconte une seule action symbolique. Trois exilés, revenus de Babylone, avaient rapporté de l’or et de l’argent ; le prophète doit en faire des couronnes qu’il placera sur la tête du grand-prêtre Josué et qui seront déposées dans le Temple de Jérusalem comme des mémoriaux de la reconstruction de ce Temple, ainsi prédite, vi, 6-16. Bien que quelques-unes de ces actions symboliques présentent des difficultés au point de vue de leur réalité historique, ce ne sont pas de simples figures de rhétorique comme le prétendait Reuss, mais plutôt des faits réels, accomplis sous les yeux des spectateurs afin de les impressionner plus vivement et de leur donner une saisissante leçon de choses. IV. Preuves que les prophètes donnaient de la

VÉRITÉ DE LEUR MISSION ET DE LEUR INSPIRATION. —

1° Les miracles. —Les envoyés de Dieu justifiaient parfois leur mission divine, en accomplissant des prodiges. Ainsi, Dieu accorda à Moïse le pouvoir de faire des prodiges avec la verge qu’il tenait à la main ou de changer l’eau en sang pour l’accréditer auprès des Hébreux, . Exod., IV, 1-19, 29-21, aussi bien qu’auprès de Pharaon. Exod., vii, 3-5, etc. L’autel de Béthel fut brisé et la main de Jéroboam desséchée pour confirmer la prédiction d’un prophète de Juda, réalisée plus tard dansla personne du roi Josias. I (III) Reg., xiii, 1-6. La résurrection de son fils fut pour la veuve de Sarephta » une preuve certaine qu'Élie était un homme de Dieu, et que la parole de Dieu était vraiment dans sa bouche.

I (III) Reg., xvii, 23, 24. Le même prophète confondit : les prophètes de Baal qui ne purent faire dévorer parle feu du ciel leurs victimes, et quand sa prière à Jéhovah eut été exaucée, le peuple entier proclama la puissance de son Dieu. Ibid., xviii, 20-30. Dieu lui-même fait proposer à Achaz par Isaïe un signe en preuve dela vérité d’un oracle précédent. Is., viii, 7-12. La rétrogradation de l’ombre sur le cadran d'Ézéchias devait être pour ce roi une assurance divine de la vérité des promesses qui venaient de lui être faites de la part du Seigneur. Is., xxxviii, 5-8. Toutefois, les prophètesd’Israël ne se donnaient pas ordinairement comme thaumaturges, et l’accomplissement de signes et deprodiges semble n’avoir été qu’accidentel pour autoriser, , de par Dieu, la mission de ces prophètes, en Israël.

2° La réalisation de leurs oracles. — La véritablemarque distinctive des faux et des vrais prophètes était la réalisation ou la nonréalisation de leurs prédictions.. Dieu lui-même avait révélé ce critère à Moïse. Deut., xviii, . 20-22. Élie, au début de sa mission, prédit une sécheresse, qui se réalise aussitôt et cesse sur sa parole au< bout de trois ans. I (III) Reg., xviii, 1-45. Dans sa lutte avec les faux prophètes d’Israël, Michée, fils dfr Jemla, prédit à Sédécias et au roi le sort qui les attend en confirmation de la vérité de sa prédiction. I (III) Reg., . xxii, 25, 28. Elisée annonce aux vieillards qui l’entourent que le roi envoie quelqu’un pour le tuer, et à peineavait-il fini de parler que l’envoyé arrivait. II (IV) Reg., . vi, 31-33. L’Israélite qui avait refusé de croire à l’abondance prédite par le même prophète, vit le fait réalisé, mais n’en profita pas, ainsi que l’homme de Dieu le lui avait déclaré. 1Il Reg., vii, 1, 2, 16-20. L'événement justifia promptement la prédiction d’Elisée à Hazaël, qui devint roi de Syrie après le meurtre de BenadadIII Reg., viii, 13-15. Il en fut de même pour celle que ceprophète fit à Joas qui fut trois fois victorieux desSyriens, III Reg, , xii, 14-19, 25, et pour celle qu’Isaïe fit à Ézéchias contre Sennachérib. III Reg., XIX, 20-35. Les incursions des Chaldéens, des Syriens, des Moabites et des Ammonites dans le royaume de Juda sous le règne de Joachim réalisaient les paroles que Dieu avait fait prédire parles prophètes, ses serviteurs. III Reg., xxiv, 2. Amos, vii, 17, annonce au prêtre Amasias un châtiment ; personnel, qui a dû avoir une prompte réalisation. Dans sa discussion avec le faux prophète Hananie, . Jérémie rappelait à son adversaire que les prophètes antérieurs avaient prédit des guerres, des dévastationsi et des famines, alors que lui annonçait la paix. L'événement devait vérifier leurs oracles. Jer., xxviii, 8, 9.

II donna tort à Hananie qui, lui-même, mourut dans l’année en punition de ses prédictions mensongères, 1517. La réalisation des prophéties, faites ainsi à brève échéance, confirmait évidemment la mission divine de ceux qui les avaient faites. Mais toutes les prédictions, ne devaient pas se réaliser sous les yeux des auditeurs. Aussi les incrédules reprochaient-ils fréquemment avec dérision [aux prophètes ; le retard de leurs prédictions. Amos, v, 18 ; ix, 10 ; Is., v, 19 ; Ezech., xii, 21-28. Demême, parce que les prophètes annonçaient aux Israélites prévaricateurs des châtiments, ont-ils été persécu-