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PROCURATEURS ROMAINS


Philon, il avait abandonné la religion de ses pères, pour se mettre au service des Romains. De son temps, la Palestine fut éprouvée par une grande famine. Il fit crucifier les fils de Judas le Galiléen, Jacques et Simon. Ant. jud., XX, v, 2.

10° Ventidius Cumanus, 48-52. Il eut d’abord à réprimer un soulèvement du peuple, à Jérusalem, pendant les fêtes de Pâque, soulèvement provoqué par la faute d’un des soldats romains qui gardaient le temple. La foule, effrayée au premier aspect de la troupe, s’enfuit, mais, dans la précipitation et vu l’étroitesse des issues, beaucoup trouvèrent la mort. Ce deuil à peine terminé, un autre conflit s’éleva, mais dont la cause venait cette fois du côté des Juifs. Un serviteur de l’empereur, nommé Etienne, ayant été, à quelque distance de Jérusalem, attaqué et dépouillé sur la voie publique, Cumanus envoya des soldats pour tirer vengeance des villages voisins du théâtre du crime. Mais un de ces soldats ayant lui-même gravement offensé les Juifs dans leurs sentiments religieux, ceux-ci allèrent à Césarée demander satisfaction au procurateur, qui, dans la crainte de nouvelles complications, et sur le conseil de ses amis, se décida à punir le coupable, et apaisa ainsi un tumulte qu’il aurait pu rallumer. Enfin un troisième événement valut à Cumanus la déposition et l’exil. Des Galiléens qui passaient par la Samarie pour aller à Jérusalem furent assaillis et mis à mort. Les principaux personnages de la région galiléenne se rendirent près du procurateur pour crier vengeance. Mais celui-ci, acheté par l’or des Samaritains, ne voulut rien entendre. Alors les Galiléens se firent justice en pillant et incendiant, malgré les supplications de leurs chefs, plusieurs villages samaritains. A cette nouvelle, Cumanus marcha contre eux, en tua un grand nombre et en prit d’autres vivants. La sédition apaisée, grâce à l’intervention des principaux Juifs de Jérusalem, la cause fut portée devant Ummidius Quadratus, légat de Syrie, alors à Tyr. En présence des deux partis, qui s’accusaient mutuellement, celui-ci différa le jugement et finalement les renvoya devant Claude. Il ordonna en même temps à Cumanus de les suivre en Italie. L’empereur, reconnaissant dans les Samaritains les auteurs de tout le mal, fit mettre à mort ceux qui avaient comparu devant son tribunal, et envoya Cumanus en exil. Cf. Ant. jud., XX, v, 2, 3, 4 ; vi, 1-3 ; Bell, jud., II, xii, 1-7.

11° Félix, 52-60. Voir Félix, t. ii, col. 2186.

12° Porcius Festus, 60-62. Voir Festus, t. ii, col. 2216.

13° Albinus, 62-64. Josèphe, Bell, jud., II, xiv, 1, lui rend ce témoignage peu flatteur qu’il n’omit aucune sorte de méchancetés. Homme d’argent avant tout, il pillait aussi bien le trésor public que les biens particuliers ; tout en accablant le peuple d’impôts, il relâchait, pour certaines sommes, les brigands qu’on avait jetés en prison. Avec de pareilles dispositions, il se laissait gagner par les ennemis comme par les amis de Rome. Cf. Ant. jud., XX, ix, 1-4.

14° Gessius Florus, 64-66. Son gouvernement fut tellement odieux qu’Albinus auprès de lui pouvait passer pour un homme très juste, selon Josèphe, Bell, jud., II, xiv, 2. Celui-ci, en effet, cherchait encore à cacher ses méfaits, tandis que Gessius se glorifiait de ses sévices à l’égard des Juifs. C’était le pillage partout, au point de faire déserter les habitants. Il se plut, pour ainsi dire, à fomenter la sédition parmi les Juifs ; il réussit si bien qu’il finit par allumer la grande guerre qui amena la ruine de Jérusalem et de la nation juive. Cf. Ant. jud., XX, xi, 1 ; Bell, jud., II, xiv, 2-9 sq.

IV. La Palestine sous les Romains. — 1° Au point de vue politique. — Après la conquête de Jérusalem par Pompée, la Palestine perdit son indépendance et devint tributaire des Romains. Ant. jud., XIV, iv, 4 ;

Bell, jud., i, vii, 6. Fut-elle immédiatement incorporée à la province de Syrie ? Ce n’est pas sûr. Les villes conquises par les Juifs en Cœlé-Syrie leur furent enlevées et la nation se vit condamnée à vivre désormais dans les limites de son territoire. Hyrcan II (63-40) resta à la tête du gouvernement, mais sous la haute surveillance du légat romain. Plus tardGabinius (57-55) lui retira son pouvoir politique, pour ne lui laisser que le souverain pontificat. En même temps il divisa le pays en cinq districts, uùvoSoi, « rovÉSpta, dont les chefs-lieux furent : Jérusalem, Gazara, Amalhus, Jéricho et Sepphoris. Ant. jud., XIV, v, 4 ; Bell, jud., i, viii, 5. On ne sait au juste ce qu’ils représentent, mais on peut y voir ou des circonscriptions territoriales établies en vue des impôts, ou des ressorts judiciaires, conventus juridici, peut-être les deux à la fois. Ces dispositions ne furent cependant pas de longue durée. César rendit à Hyrcan le pouvoir que lui avait enlevé Gabinius et le nomma ethnarque des Juifs. Il nomma aussi Antipater procurateur, èitt’tpoiioî, de Judée, ou plutôt il le confirma dans cette charge, car, déjà avant cette époque, Josèphe le présente comme ô twv’Iouoai’wv è7ri|As)ii]TiQç. Ant. jud., XIV, viii, 1. Il est possible que Gabinius lui-même lui eût confié une certaine part dans l’administration des finances, comme l’indique le titre d’èmusXYjTTjç. Le faible Hyrcan n’eut guère du gouverneur que le nom. En réalité, ce fut Antipater qui exerça l’autorité. Il eut soin de donner à son fils aîné Phasaël le gouvernement de Jérusalem et des environs, et à son second fils Hérode celui de la Galilée. Ant. jud., XIV, IX, 2 ; Bell, jud., i, x, 4. Plus tard, Antoine leur conféra à tous deux le titre de tétrarque, et, par un décret en forme, remit entre leurs mains l’administration de la Judée. Ant. jud., XIV, xiii, 1 ; Bell, jud., i, xii, 5. Cependant la race des Asmonéens reparut sur le trône avec Anligone (40-37), qui fut ramené par les Parthes. Mais, trois ans après, avec l’appui des Romains, Hérode le Grand reparaissait avec le titre de roi. Voir Hérode le Grand, t. iii, col. 638. Après sa mort, le territoire fut partagé entre ses fils : Archélaùs reçut la Judée, la Samarie et l’Idumée, avec le titre d’éthnarque ; Antipas, la Galilée et la Pérée ; Philippe, la Gaulânitide, la Batanée, la Trachonitide et l’Auranitide, tous deux avec le titre de tétrarque. Cf. Luc, iii, 1. Voir Archélaùs, t. i, col. 927 ; Hérode Antipas, t. iii, col. 647 ; Hérode Philippe II, t. iii, col. 649. Après la déposition d’Archélaùs, ce furent les procurateurs romains qui gouvernèrent son territoire. L’an 37 après J.-C, Caligula donna la tétrarchie de Philippe et l’Abilène à Hérode Agrippa I er, avec le titre de roi. Ant. jud., XVIII, vi, 10 ; Bell, jud., II, ix, 6. En 39, il y ajouta celle d’Antipas, et, en 41, Claude réunit au tout la Judée et la Samarie. Ant. jud., XVIII, vir, 2 ; XIX, v, 1 ; Bell, jud., II, ix, 6 ; xi, 5. C’est ainsi " qu’Agrippa I posséda tout le royaume de son grand-père et que la Palestine se trouva de nouveau sous le même sceptre. Voir Hérode Agrippa l", t. iii, col. 650. Mais bientôt après, en 44, le roi mourait et la province retombait sous les procurateurs romains. Cependant, en 53, son fils, Hérode Agrippa II, recevait de Claude, en échange de la principauté de Chalcis, et avec le titre de roi, la tétrarchie de Philippe et l’Abilène. Ant. jud., XX, vii, 1. Voir Agrippa II, t. i, col. 286. Après la ruine de Jérusalem, la Palestine fut confiée à des gouverneurs de rang sénatorial.

2° Au point de vue géographique. — Telles sont les vicissitudes par lesquelles passèrent, dans l’espace d’un siècle, les différentes provinces de la Palestine. Pour les limites, divisions, description et histoire de chacune d’elles, voir les articles qui leur sont consacrés. Nous devons nous borner ici à un aperçu général du pays et à ses particularités les plus remarquables pendant la période romaine. Voir la carte, fig. 179.