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PROCHAIN — PROGOPE DE GAZA

la législation mosaïque suggérait parfois la haine envers les ennemis, non en tant qu’hommes, mais en tant que peuples pervers, malfaisants et idolâtres, dont il fallait se défier et se tenir à l’écart. En prescrivant d’aimer le rê’a comme soi-même, Lev., xix, 18, elle désignait tout d’abord l’Israélite, il est vrai ; rien ne prouve cependant qu’elle excluait le prochain en général ; le contraire résulte certainement de la manière [dont les auteurs sacrés parlent des autres hommes, de l’étranger inoffensif et même des ennemis personnels. Cf. Job, xxxi, 29, 30 ; Prov., xxiv, 17, , 29 ; xxv, 21 ; Rom., xii, 20. Aussi faut-il tenir pour fausse et contraire à la loi l’interprétation des Juifs qui, opposant le rê’a au nokrî, le compatriote à l’étranger, se croyaient permis d’avoir pour l’un l’amour et pour l’autre l’opposé de l’amour, la haine.

III. Devoirs envers le prochain dans le Nouveau Testament. — 1° NotreSeigneur parle beaucoup plus explicitement de ces devoirs que ne l’avait fait la loi ancienne. Tout d’abord, il donne au mot « prochain" » l’extension qu’il comporte. Le prochain, ce n’est pas seulement l’ami, le compatriote, c’est encore l’étranger et même l’ennemi. Notre-Seigneur le déclare avec insistance : « Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » Matth., v, 44. Il veut qu’en cela on imite le Père céleste, qui fait lever son soleil et descendre sa pluie sur les méchants tout comme sur les bons. Matth., v, 45. Dans la parabole du bon Samaritain, il explique quel est celui qui se conduit vraiment en prochain vis-à-vis d’un autre homme. Le prochain du malheureux Juif blessé n’a été ni le prêtre, ni le lévite, ses compatriotes, mais le Samaritain, abhorré des Juifs, et pourtant miséricordieux envers quelqu’un qui le détestait. Le docteur de la loi est forcé d’en convenir. Luc, x, 30-37.

2° Le Sauveur aime à rappeler le précepte de l’amour envers le prochain. À un autre docteur, il enseigne que le plus grand commandement de la loi concerne l’amour de Dieu, mais que « le second lui est semblable » et concerne l’amour du prochain. Matth., xxii, 36-39. Il appelle ce commandement un « commandement nouveau a, Joa., XIII, 31, parce que la loi de l’amour du prochain n’avait jamais été formulée avec tant d’instance, de précision et d’extension. Matth., v, 44 ; xix, 19 ; xxvi, 39 ; Marc, xii, 31, 33 ; Luc, x, 27 ; Rom., xiii, 9 ; Gal., v, 14 ; Jacob., ii, 8.

3° En conséquence du précepte, il ne faut pas s’irriter contre son frère, Matth., v, 22, ni juger le prochain, Rom., xiv, 10 ; Jacob., iv, 13, ni chercher la paille <lans son œil, Matth., vii, 3 ; Luc, vi, 41, ni le scandaliser. I Cor., viii, 13. On doit au contraire se réconcilier avec lui, Matth., v, 24, le reprendre quand il fait mal, Matth., xviii, 15, lui pardonner ses torts, Matth., xviri) 35, prier pour lui quand il pèche, I Joa., v, 16, l’aider dans, son indigence, Jacob., ii, 15, chercher à -lui plaire pour le bien, Rom., xv, 2, faire de la vérité ùa règle des rapports qu’on a avec lui. Eph., iv, 25. Le véritable amour ne fait jamais de mal au prochain. Boni., xiii, 10. Aimer le prochain, c’est accomplir la loi, Rom., xiii, 8, et vivre dans la lumière. I Joa., Il, 10. Ne pas l’aimer, c’est vivre dans les ténèbres, I Joa., h, 9, 11, n’être pas de Dieu et se faire homicide. I Joa., iii, 10, 15. On ne peut pas vraiment aimer Dieu si l’on n’aime pas son frère. I Joa., iv, 20.

4° Le divin Maître indique la raison fondamentale des devoirs envers le prochain quand il ordonne à tous de s’adresser à Dieu en disant : « Notre Père qui êtes aux çieux, » quand il fait ajouter : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, » Matth., vi, 10, 12, et qu’il dit : « Vous êtes tous frères, ., vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est

dans les cieux. » Matth., xxiii, 8, 9. Saint Paul reprend la même idée sous cette autre forme : « Nous sommes membres les uns des autres. » Eph., iv, 25.

H. Lesêtre.
    1. PROCHORE##

PROCHORE (grec : Hp4x°poç), un des sept diacres institués par les Apôtres à Jérusalem. Il est nommé le troisième de la liste, après saint Etienne et saint Philippe. Act., vi, 5. Son nom ne paraît nulle autre part dans le Nouveau Testament. D’après une tradition, il fut institué par saint Pierre, évêque de Nicomédie en Bithynie. On trouve dans la Magna Bibliotheca Patrum, Cologne, 1618, t. i, p. 49-69, une Historia Prochori Christi discipuli, de vita B. Joannis apostoli, livre apocryphe, rempli de fables et d’erreurs. Le martyrologe romain place la fête de saint Prochore au 6 avril. Voir Acta sanctorum, aprilis t. i, p. 818.

    1. PROCONSUL##

PROCONSUL (grec : àveû-jioao ?), gouverneur d’une province sénatoriale. Le nom grec du proconsul, àv611mxToc (àvt( « à la place de, » u7taxoî « celui qui est au sommet, le consul » ) se trouve dans deux endroits du livre des Actes, xiii, 7, 8, 12, et xix, 38. On y rencontre aussi une fois le verbe àv8vnraT£’i<j), xviii, 12, « être proconsul », faire l’office de proconsul. — On sait que les provinces de l’Empire romain étaient divisées en sénatoriales et en impériales. Les provinces sénatoriales étaient celles qui étant pacifiées n’avaient pas besoin de forces militaires. On en confiait l’administration à un magistrat qui exerçait les fonctions civiles de gouverneur de la province et portait ! e titre de proconsul.

— 1° L’île de Cypre, après labataille d’Actium, était devenue’province impériale ; mais [cinq ans après, elle [fut donnée au Sénat et administrée par un proconsul. Dion Cassius, liv, 4 ; Corpus incript. latin., t. ix, 2845 ; J. Marquardt, Organisation de l’empire romain (Manuel des antiquités romaines de Mommsen et Marquardt), t. ii, p. 328. Comme ce proconsul était de rang prétorien, Strabon, xiv, vi, 6, quelques exégètes ont cru, bien à tort, que saint Luc, xiii, 7, s’était trompé eu mettant un proconsul en Cypre. Mais l’historien des Actes des Apôtres donne à Sergius Paulus son vrai titre. Une inscription découverte dans cette ile en 1677, est datée de son proconsulat : iSv èm LlauXou àv6uîtâTou. Cf. F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes modernes, 2° édit., p. 200-206. Voir aussi la monnaie proconsulaire de Cominius Proclus, Cypre, t. ii, fig. 443, col. 1166. — 2° L’Achaïe d’abord province impériale, Tacite, Ann., i, 76, fut rendue au Sénat par Claude. Suétone, Claudius, 26. Saint Luc a donc donné au gouverneur résidant à Corinthe le titre précis qui lui convenait. Ce proconsul, au moment ou saint Paul vint évangéliser cette ville, était Gallion, frère de Sénèque. J. Marquardt, loc. cit., p. 220. Voir Gallion, t. iii, col. 93. — Au moment du partage des provinces l’Asie fut donnée au Sénat et administrée par un proconsul à 12 faisceaux qui résidait à Éphèse. Voir ÉPHÈse, t. ii, fig. 582, col. 1831. Dans la sédition soulevée contre saint Paul par l’orfèvre Démétrius, le secrétaire de la ville dit au peuple, Act., xix, 38 : « Si Démétrius et ses ouvriers ont à se plaindre de quelqu’un, il y a des jours d’audience et des proconsuls. » En mettant le nom proconsuls au pluriel, il ne veut pas indiquer qu’il y avait plusieurs proconsuls à la tête de la province d’Asie ; mais il se sert d’un pluriel de catégorie, marquant qu’il y a toujours des proconsuls auxquels on peut recourir. Saglio et Daremberg, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, t. iv, 1, p. 661, 719.

E. Levesque.

    1. PROCOPE DE GAZA##

PROCOPE DE GAZA (Ilpoxomos), écrivain ecclésiastique qui tlorissait sous les empereurs Anastase I er (491-518) etTustin I « (518-527). — t L’école palestinienne des rhéteurs de la ville de Gaza a compté, parmi ses représentants les plus illustres, Procope. On ignore la