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PRIÈRE

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3° Prières sacramentelles. — Les Apôtres se consacrèrent plus particulièrement à la prière et au ministère de la parole. Act., vi, 4. La prière devait accompagner nécessairement les actes par lesquels ils conféraient la grâce aux fidèles. Elle était inséparable de la fraction du pain, Matth., xxvi, 26 ; Act., ii, 42, de l’imposition des mains, Act., vi, 6 ; xiii, 3 ; xxviii, 8, de l’onction des malades, Jacob., v, 14, etc.

VII. Usages concernant la prière. — i°Les formules.

— Dans l’Ancien Testament, aucune formule spéciale de prière n’est indiquée comme devant être d’usage habituel. Mais il y a un certain nombre de prières toutes préparées dans le recueil des Psaumes ; elles servaient surtout dans les cérémonies liturgiques. Des formules spéciales étaient imposées pour l’offrande des dîmes et des prémices. Deut., xxvi, 3-15. Pour l’ordinaire, il est probable qu’on s’inspirait des besoins du moment dans les prières que l’on adressait à Dieu. L’Oriental a d’ailleurs une particulière facilité pour exprimer ses désirs et ses sentiments. La prière n’était pas toujours vocale. Anne parle à Dieu en son cœur et remue seulement les lèvres, sans que sa voix se fasse entendre. I Reg., i, 13. Judith prie en silence et se contente de remuer les lèvres. Judith, xiir, G. Bien souvent, sans doute, des âmes pieuses et méditatives priaient intérieurement et donnaient un libre cours, sous le regard de Dieu seul, à l’expression de leurs pensées et de leurs sentiments.

— À l’époque évangélique, la prière juive avait une formule bien déterminée, comprenant deux thèmes principaux, le Schéma et le Schemoné-Esré. Le Schéma se composait de trois passages bibliques : Deut., vi, 4-9 ; xi, 13-21 ; Nom., xv, 37-41. Le premier morceau commence par le mot sema’, « écoute, » d’où le nom donné à l’ensemble de la formule. Ces trois passages contiennent seulement des préceptes mosaïques et non des prières proprement dites. On les récitait comme nous récitons nous-mêmes soit notre symbole, soit les commandements de Dieu et de l’Église. On les accompagnait de bénédictions dites avant et après chacun de ces morceaux. Le Schéma devait être récité le matin et le soir, en hébreu ou en une autre langue, par tous les Israélites, mais non par les femmes, les esclaves et les enfants. Berachoth, i, 1-4 ; iii, 3 ; Sola, vii, 1. Les deux passages du Deutéronome, vi, 4-9 ; xi, 13-21, étaient écrits sur la mezuza, voir Mezuza, t. iv, col. 1057, et sur les phylactères. Voir Phylactères, col 350.Le Schemoné-Esré, semônéh’ésrêh, s dix-huit », se composait de formules de bénédictions et de louanges en l’honneur de Dieu, presqu’entièrement empruntées aux Psaumes et aux prophètes. C’était pour les Israélites la fefillâh par excellence. Ces formules sont assez développées, mais, à l’époque évangélique, la rédaction actuelle n’était pas encore arrêtée. Le nombre en a été porté à dix-neuf. Tous les Israélites sans exception avaient à les réciter trois fois le jour, le matin, l’après-midi et le soir. Berachoth, m, 3 ; IV, 1. Elles sont reproduites dans Scbûrer, Geschichte des jûd. Volkes ini Zeit. J. C, t. ii, p. 461, 462, et dans Stapfer, La Palestine au temps de J.-C-, Paris, 1885, p. 372-376. Les docteurs examinèrent une foule de cas concernant la récitation de ces formules.

— Les plus dévots parmi les Juifs, ou du moins ceux qui tenaient à le paraître, ne manquèrent pas de multiplier et d’allonger les formules de la prière. C’est déjà sans doute pour protester contre ces longueurs que Jean-Baptiste enseigna à ses disciples à prier. Luc, xi, 1. Notre-Seigneur ne veut pas qu’on multiplie les paroles, comme les païens, et qu’on s’imagine qu’on sera esaucé à force de parler. Matth., vi, 7. Il reproche aux pharisiens hypocrites d’aller faire d’interminables prières chez les veuves, afin de tout dévorer chez elles. Matth., xxiii, 14 ; Marc, xii, 40, Luc, xx, 47. La formule de prière qu’il enseigne à ses disciples est courte. Elle représente à peine en longueur la vingtième partie

du Schemoné-Esré. Le Sauveur donne la raison de cette brièveté. Le Père céleste sait parfaitement ce dont nous avons besoin. Matth., vi, 32. Nous n’avons pas à le renseigner, mais seulement à lui témoigner notre confiance, notre soumission et notre amour. « Vous demanderez en mon nom, dit Notre-Seigneur, et je ne vous dis point que je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime. » Joa., xvi, 26. Il n’est donc pas nécessaire de lui exposer longuement un besoin. Ce n’est pas en répétant : « Seigneur, Seigneur ! » qu’on est exaucé, c’est avant tout en faisant la volonté du Père. Matth., vii, 21. — En dehors du Pater, lés premiers chrétiens n’avaient guère d’autres formules de prières que les Psaumes et les Cantiques inspirés de l’Ancien et du Nouveau Testament. C’est peu à peu que d’autres formules entrèrent en usage parmi eux. Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1903, p. 46-55.

2° Les temps. — Les Israélites avaient l’habitude de prier trois fois le jour, le soir, le matin et au milieu du jour. Ps. lv (liv), 18. Trois fois par jour, Daniel se mettait à genoux et louait Dieu. Dan., vi, 10. La pra 173. — Égyptiens priant les mains étendues. D’après Wilkinson, Manners, t. ii, p. 324.

tique du Psalmiste qui, sept fois le jour, redisait les louanges du Seigneur, Ps. cxix (cxviii), 164, paraît avoir été exceptionnelle, bien qu’elle ait inspiré plus tard celle des sept heures canoniales du jour. Cf. Bacuez, Du Saint-Office, Paris, 1872, p. 284. Les Israélites récitaient le Schemoné-Esré le matin, l’aprèsmidi, à l’heure de l’oblation, c’est-à-dire vers trois heures et le soir. Ils priaient également avant et après les repas. Voir Repas. Des prières spéciales étaient en outre prescrites pour le sabbat et les différentes fêtes de l’année. La prière avant le jour ou dès l’aurore est plusieurs fois mentionnée. Ps. lxxxvhi (lxxxvii), 14 ; Judith, xii, 5 ; Sap., xvi, 28, etc. La prière de la neuvième heure ou de trois heures du soir, Act., iii, 1, était celle qui accompagnait le sacrifice de l’aprèsmidi. Saint Pierre priait également vers la sixième heure. Act., x, 9. Ces différentes indications bibliques ont déterminé le choix des heures auxquelles l’Église a fixé ses prières publiques, prime, au lever du jour, à l’heure de la prière du matin, tierce, à l’heure où se terminaient les sacrifices du matin, sexte, à l’heure consacrée par saint Pierre, none, à l’heure du sacrifice du soir, vêpres, à l’heure de la prière du soir, c’est-à-dire à la chute du jour.’3° Les lieux. — L’ancien sanctuaire, cf. I Mach., iii, 46, et plus tard le Temple ont été les rendez-vous indiqués de la prière. Salomon suppose que l’on viendra