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PRIAPE — PRIÈRE


d’Aslarthé que la reine Maacha honorait et faisait honorer par un culte impur. Saint Jérôme l’a rendu par Priape pour donner à ses lecteurs latins l’idée de ce qu’était cette sorte d’idole. Elle était en bois et le roi Asa, fils ou plutôt petit-fils de Maacha, la fit brûler dans le torrent de Cédron, Voir Maacha, t. iv, col. 465.

    1. PRICE John##

PRICE John, en latin Pricœus, savant anglais, né vers 1600, mort à Rome en 1676. Il était né de parents protestants et fut élevé à Oxford. Après avoir achevé ses études, il se convertit au catholicisme et fut obligé de quitter l’Angleterre pendant les guerres civiles. Après avoir vécu quelque temps à Paris, il alla s’établir à Florence et devint ensuite professeur de grec à Pise. Il se retira finalement à Rome au couvent des Auguslins où il mourut. Il avait une connaissance étendue des littératures classiques et il en fit un usage utile pour l’explication des Saintes Écritures par des notes courtes mais judicieuses. On a de lui : Matthxus ex Sacra Pagina, sanctis Patribus, etc., illustratus, in-8°, Paris, 1646 ; Adnolationes in Epistolam Jacobi, in-8°, 1646 ; Acta Apostolorum ex Sacra Pagina, Sanctis Patribus, etc., illwtrata, in-8°, Paris, 1617 ; Commentarii in varios Nevi Teslamenti libros ; his accesserunt Adnolationes in Psalmorum librum, in-f°, Londres, 1660, et dans les Critici sacri, t. v, 824, p. 362. Voir Orme, Bibliotheca biblica, 1824, p. 362 ; S. Lee, Dictionary of national Biography, t. xlvi, 1896, p. 330.

1. PRIÈRE (hébreu : fefillâh, (el.iinnâh ; chaldéen : bâ’û ; Septante : t>x~r, 8éï)trt ; , itpo<xeuj(i > Vulgate : oratio, supplicatio, preces), acte par lequel l’homme s’adresse à Dieu pour lui rendre hommage ou solliciter sa bienveillance. — Pour les Hébreux, prier c’est surtout « invoquer le nom de Jéhovah », qdrâ’beSém yehovdh, lm*.aeXaf)’aii tô ovo|iaxupfou toO 6eoû, invocare nomen Domini. Gomme habituellement le nom de Dieu se prend pour Dieu lui-même, l’expression hébraïque revient à signifier « invoquer Dieu », l’appeler à son aide ou le nommer pour le louer. Gen., iv, 26 ; xii, 8 ; Deut., xxxii, 3 ; Ps. lxxix (lxxviii), 6 ; xcix (xcv(u), 6 ; cv (civ), 1 ; Is., lxiv, 7 ; Jer., x, 25 ; Lam., m, 55 ; Soph., iii, 9 ; etc.

I. Nature de la prière. — 1° Son caractère instinctif. Rien ne paraît plus naturel à l’homme que de tourner lesyeux vers une puissance supérieure pour l’appeler à son aide. De quelque nom qu’il désigne cette puissance, il l’invoque, parce que d’elle il attend des biens ou redoute des maux. C’est là un fait qui a été constaté chez tous les peuples de tous les temps. Cf. A. Bros, La religion des peuples non civilisés, Paris, 1907, p. 276-304. Au commencement de la Bible, la prière n’est pas mentionnée dans l’histoire des premiers parents. Ce silence semble indiquer qu’elle a gravement manqué, soit immédiatement avant la chute, pour appeler le secours de Dieu contre le tentateur, soit immédiatement après, pour exprimer le repentir. Mais les rapports dans lesquels Adam et Eve ont tout d’abord été avec Dieu ne se conçoivent pas sans la prière, c’est-à-dire sans l’expression de pensées, de sentiments et de désirs manifestésà Dieu dans le langage de l’homme. Cette expression est même si impérieusement commandée à l’homme par la conscience qu’il a de sa dépendance vis-à-vis d’un auteur et d’un maître, qu’elle jaillit instinctivement de son âme. Dès lors, la prière ne résulte pas d’une institution positive ; elle est d’ordre naturel, et la Bible n’avait pas à en enregistrer le précepte. A la seconde génération après Adam, Énos commence à invoquer le nom de Jéhovah. Gen., iv, 26. Quel que soit le sens véritable de ces paroles, elles n’en marquent pas moins une accentuation et un progrès dans l’idée et dans la pratique de la prière. Celle-ci

est en pleine vigueur sous Noé, puisque ce patriarche offre un sacrifice avec un rite déjà ancien, et que le sacrifice n’est qu’une prière en action. Gen-, viii, 20. Par la suite, si haut qu’on remonte vers les origines des anciens peuples, on rencontre toujours des dieux, un culte, des sacrifices, institutions inséparables de la prière. Cf. Sap., xiii, 2, 10, 17-19. La prière se trompe souvent dans la désignation de l’être auquel elle s’adresse, mais elle répond à un besoin instinctif que ressent chaque conscience et qui se constate chez tous les hommes.

2° Sa dépendance de Vidée de Dieu. — L’idée que chaque peuple se fait de Dieu détermine nécessairement la manière dont il le prie. À mesure que cette idée se déforme chez les peuples de l’antiquité, la prière passe de plus en plus au pur formalisme. De même que les dieux sont soumis à une sorte de nécessité inéluctable qui limite leur bon plaisir, ainsi la prière doit s’accommoder servilement à des règles extérieures dont la négligence ruine toute possibilité de crédit auprès de divinités plus ou moins soumises à la volonté aveugle du destin. Il en est ainsi chez les Égyptiens. De multiples et impérieuses formalités s’imposaient, comme condition indispensable, à celui qui voulait obtenir la faveur du dieu. De plus, « les formules qui accompagnaient chacun des actes du sacrificateur comprenaient un nombre déterminé de mots, dont les séquences et les harmonies ne pouvaient être modifiées en quoi que ce soit, ni par le dieu lui-même, sous peine de perdre leur efficacité… Une note fausse, un désaccord entre la succession des gestes et l’émission des paroles sacramentelles, une hésitation, une gaucherie dans l’accomplissement d’un seul rite et le sacrifice était nul. » Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 124. En Babylonie se faisait sentir le même asservissement aux rites. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 704, 705 ; Fr. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. xx-xxvii. Le formalisme n’est pas moins outré dans la religion de la Grèce et surtout de Rome. « Il ne suffit pas de connaître les attributs du dieu qu’on veut prier, il est bon de lui donner son nom véritable, sans, quoi il serait capable de ne pas entendre… Même quand on invoque le plus grand d’entre eux, on lui dit : Puissant Jupiter ou quel que soit le nom que tu préières. Le nom du dieu trouvé, il faut savoir les termes exacts de la prière qu’il convient de réciter… Ces prières sont souvent très prolixes. Le Romain qui prie a toujours peur de mal exprimer sa pensée ; il a soin de répéter plusieurs fois les choses pour être parfaitement compris… Quant aux disposilions de l’âme qu’il faut apporter à la prière, la religion romaine ne s’en occupe pas ; elle s’arrête aux pratiques. Pour elle, les gens les plus religieux sont ceux qui connaissent le mieux les rites. » G. Boissier, La religion romaine, 1884, t. i, p. 12-15 ; Dbllinger, Paganisme et judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. i, p. 306-311 ; t. iii, p. 112, 113 ; Fustel de Coulanges, La cité antique, Paris, 7e édit.* p. 194-197. — Il y a un abîme entre cette conception mécanique de la prière et l’idée que nous en donne la Bible. Le premier exemple de prière un peu étendue qu’elle nous fournit est le dialogue qu’Abraham engage avec Dieu au sujet de Sodome. Gen., xviii, 16-32. Le Dieu d’Abraham n’est pas une entité rigide, inaccessible à tout sentiment désintéressé de bonté et de compassion et liée d’ailleurs par un inéluctable destin. C’est un père du genre humain, qui traite Abraham en ami, ne lui révèle les desseins de sa justice que pour provoquer son intercession, et exauce ses prières successives avec une telle condescendance que celui qui supplie s’arrête plus tôt que celui qui exauce. Les autres prières bibliques procèdent toutes de ce même esprit. L’Israélite sait qu’il parle à un Dieu attentif, bon, mi-