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PRÊTRE


de cinquante-cinq ans, Manassé installa le culte idolâtrique dans le Temple même, sans que les prêtres paraissent avoir fait une sérieuse opposition à un tel attentat. II Par., xxxiii, 2-10 ; IV Reg., xxi, 2-9. Les prophètes seuls protestèrent, bien qu’inutilement. IV Reg., xxi, 10-15. Une dernière restauration du culte eut lieu sous Josias, avec le concours du grand-prêtre Helcias. IV Reg., xxii, 3-xxui, 28 ; II Par., xxxiv, 8xxxv, 19. — À travers toutes ces vicissitudes de la religion, selon le caprice des rois infidèles, on ne voit guère les prêtres prendre un parti décisif en faveur du culte de Jéhovah. Les prophètes nous donnent le secret de cette apathie. Il n’y avait évidemment pas à compter, pour maintenir le peuple dans la fidélité, sur les prêtres d’Israël, qui n’avaient qu’un sacerdoce fictif et dont Osée décrit l’ignorance, la scélératesse et le châtiment prochain. Ose., iv, 6-9 ; v, 1-9 ; vi, 6-10. En Juda même, les prêtres se laissaient entraîner au mal. Déjà Isaïe, xxviii, 7, 8, reproche leurs ignobles ivresses aux prêtres qui ont à rendre la justice. Cf. Is., lvi, 10-12. Sophonie, iii, 4, accuse les prêtres de profaner les choses saintes et de violer la loi. Jérémie, prêtre lui-même, donne des détails significatifs sur la conduite des autres prêtres. Ils ne s’inquiètent pas de Jéhovah et n’ont de pensée et de culte que pour les idoles et pour 1’  « armée des cieux ». Jer., ii, 8, 26 ; vni ; 1, 2 ; cf. Ezech., xliv, 12. Les faux prophètes sont leurs oracles, Jer., v, 31, le mensonge est leur loi. Jer., vi, 13 ; viii, 10. « Prophètes et prêtres sont des profanes, et dans ma maison même, j’ai trouvé leur méchanceté, dit Jéhovah. » Jer., xxiii, 11. Comme les rois, les chefs et le peuple, les prêtres ont tourné le dos à Dieu. Jer., xxxii, 32. Il n’est donc pas étonnant que le châtiment terrible soit tombé sur Jérusalem et tout le pays, « à cause des péchés de ses prophètes, des iniquités de ses prêtres qui répandaient dans son enceinte le sang des justes. » Lam., iv, 13. Ézéchiel, prêtre lui aussi, formule les mêmes accusations : « Les prêtres ont violé ma loi et profané mon sanctuaire ; ils ne distinguent pas entre le saint et le profane, ils n’enseignent pas la différence entre celui qui est souillé et celui qui est pur, ils détournent les yeux de mes sabbats et je suis profané au milieu d’eux. » Ezech., xxii, 26. Les chefs des prêtres eux-mêmes multipliaient les transgressions et profanaient la maison de Jéhovah. Il Par., xxxvi, 14. Aussi devinrent-ils victimes de la captivité, avec le peuple qu’ils n’avaient pas su maintenir dans le devoir. Tous les prêtres ne furent pas transportés, sans doute ; les pauvres furent laissés

fn Palestine. Mais au milieu d’une population amoinrie et ruinée, sans Temple et sans culte, ils ne pouvaient que végéter misérablement. Il ne resta plus en fonction dans le pays que ces prêtres improvisés en Samarie après la première déportation, et qui alliaient sacrilègement le culte de Jéhovah à celui des dieux étrangers. IV Reg., xvii, 27-41.

3° Après la captivité. — Avec Zorobabel revinrent en Palestine quelques milliers de prêtres, 4289 d’après

I Esd., ii, 36-39, et II Esd., vii, 39-42. On dut écarter, au moins provisoirement, ceux qui ne furent pas à même de fournir la preuve de leur descendance aaronique. II Esd., ii, 61-63. Les prêtres reprirent l’exercice de leurs fonctions, selon la loi de Moïse, 1 Esd., m, 2 ; vi, 18 ; H Esd., viii, 14 ; x, 29, 34, et participèrent à tout ce qui se fit pour la reconstruction du Temple et des murs de la ville. Les prêtres revenus de l’exil appartenaient à quatre familles, I Esd., ii, 36-38 ;

II Esd., vii, 39-42. Ces quatre familles comprenaient vingt-deux chefs au temps du grand-prêtre Josué, Il Esd., xii, l-7 r et du grand-prêtre Joakim, II Esd., xii, 12-21. À l’époque d’Esdras, des Israélites, et même des prêtres et des lévites prirent pour épouses des étrangères, contrairement à la Loi. I Esd., ix, 1, 2.

Dix-sept prêtres, dont les noms sont cités, s’étaient rendus coupables de cette infraction ; ils jurèrent de renvoyer leurs femmes et d’expier leur faute. I Esd., x, 18-22. Plus tard, Néhémie chassa le fils même du grand-prêtre, qui s’était allié à une étrangère. II Esd., xiii, 28. Il s’en faut que tout fût parfait parmi les prêtres de ce temps. Malachie, i, 6-14, leur reproche sévèrement d’offrir à l’autel des victimes indignes de Dieu. Il leur annonce le châtiment qui les frappera, Mal., ii, 1-9 ; iii, 2-3, et prédit à cette occasion l’oblation pure qu’un jour Dieu substituera aux anciennes victimes. Mal., i, 10, 11. On comprend que, dans ces conditions, l’influence religieuse qu’auraient pu exercer les prêtres ait passé peu à peu aux mains des scribes. Voir Scribes. — Les devoirs envers le prêtre étaient néanmoins rappelés au peuple. Osée, iv, 4, avait comparé les Israélites impies à « celui qui aurait un procès avec le prêtre », c’est-à-dire qui contesterait ses droits légitimes au vrai prêtre de Jéhovah et mériterait ainsi les plus graves châtiments. Deut., xvii, 12. Le fils de Sirach recommande de rendre aux ministres du Seigneur ce qui leur est dû :

Crains le Seigneur de toute ton âme, Et tiens ses prêtres en grand honneur. Aime de toutes tes forces celui qui t’a fait, Et ne délaisse pas ses ministres.

Crains le Seigneur et honore le prêtre, Donne-lui sa part, comme il est prescrit : La victime pour le délit avec le don des épaules, La sainte obîation et les prémices dues aux saints. Eccli., vir, 31-34.

Il fait ensuite l’éloge du grand-prêtre Simon, qui officiait si majestueusement et autour duquel les autres prêtres remplissaient leurs fonctions saintes. Eccli., l, 1-21. — Sous la domination des rois de Syrie, le prêtre Matathias et ses cinq fils, Jean, Simon, Judas, Éléazar et Jonathas, prirent l’initiative d’un soulèvement national pour délivrer le pays du joug étranger et rétablir le culte de Jéhovah dans sa splendeur. I Mach., n, 1-5. Ils réussirent dans leur double entreprise. Us donnèrent eux-mêmes l’exemple de l’obéissance à toutes les prescriptions de la loi mosaïque. Ils gouvernèrent le peuple juif avec une indépendance complète à partir de Simon, en l’an 142, jusqu’à la prise de Jérusalem par Pompée, en l’an 63. Jonathas, en 161, fut même investi du souverain pontificat, qui resta dans la famille machabéenne jusqu’en l’an 37 et passa successivement à huit grands-prêtres après Jonathas. Voir Grand-prêtre, t. iii, col. 306 ; Machabées, t. iv, col. 480-487. Il est probable qu’un certain nombre de prêtres se laissèrent entraîner aux pratiques idolâtriques mises à la mode par les rois de Syrie ; car il est noté que, pour purifier le sanctuaire, Judas Machabée « choisit des prêtres sans défauts, attachés à la loi de Dieu ». I Mach., iv, 42. Les prêtres prenaient part aux luttes soutenues par leurs chefs, et plusieurs périrent dans les combats, parfois par leur propre imprudence. I Mach., v, 67. Quand Nicanor menaça les prêtres de détruira le Temple s’ils ne lui livraient Judas Machabée, ceux-ci en appelèrent à Dieu pour les secourir et ils furent exaucés ; II Mach., xiv, 31-34. — Vers l’an 160, Onias IV, fils du grand-prètre Onias III, éleva un temple à Léontopolis, en Egypte, et, sous sa direction, des prêtres aaroniques y célébrèrent le-culte suivant les règles mosaïques, tout en se maintenant en relations avec le sacerdoce de Jérusalem. Cette entreprise ne fut pas bien vue des Juifs de Palestine. Voir Onias IV, t. iv, col. 1818-1819.

4° À partir de Jésus-Christ. — Quand Jean-Baptiste commença sa prédication, on envoya de Jérusalem des prêtres et des lévites pharisiens pour lui demander ce qu’il était. Joa., i, 19, 24. C’étaient des représentants du sanhédrin, exerçant ainsi le droit qu’il avait de sur-