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PRÊTRE


XI.’LES PBÉ1RBS DANS L’HISTOIRE. — 1° De Moïse aux

rois. — Le sacerdoce aaronique établi par Moïse ne fut pas installé sans opposition, comme le montre la révolte des rubénites Dathan et Abiron, qu’appuya le lévite Coré et à laquelle prirent part deux cent cinquante Israélites, « princes de l’assemblée, appelés au conseil et hommes de renom. t> Num., xvi, 1-2. Il fallut un châtiment terrible pour faire prévaloir la volonté de Jéhovah, et encore les Israélites ne se soumirent-ils pas de bon gré à la leçon qui leur était donnée, de sorte qu’il fallut que le châtiment recommençât pour les mettre à la raison. Num., xvi, 41-49. Une loi nouvelle rappela ensuite à tous le respect qu’ils devaient au prêtre et au juge : « Tu les consulteras, et ils te feront connaître ce qui est conforme au droit… Tu agiras selon la loi qu’ils enseigneront et selon la sentence qu’ils auront prononcée, sans te détourner ni à droite ni à gauche de ce qu’ils t’auront fait connaître. Celui qui, se laissant aller à l’orgueil, n’écoutera pas le prêtre qui se tient là pour servir Jéhovah, ton Dieu, ou qui n’écoutera pas le juge, sera puni de mort. » Deut., xvii, 942. Dès lors, on ne vit plus se produire de protestation sérieuse contre le sacerdoce issu d’Aaron. Les prêtres exercèrent la fonction qui leur était dévolue dans les marches et dans les combats, Num., x, 5-10 ; au passage du Jourdain, Jos., iii, 13-17, et à la prise de Jéricho. Jos., vi, 12-16. — Du temps des Juges, on Vit un simple lévite entrer comme prêtre au service d’un Éphraïmite, du nom de Michas, moyennant dix sicles d’argent par an, une provision de vêtements et la nourriture. Jud., xvii, 10. Il fut ensuite enlevé par les Danites qui le prirent à leur service, puis installèrent à Lais, comme prêtres, des descendants deGersam, fils de Moïse. Jud., xviii, 19, 20, 30. Ces prêtres, bien que lévites, étaient aussi illégitimes que le culte qu’ils exerçaient. Leur tentative demeura isolée. — La faiblesse du grandprêtre Héli fut cause que ses fils deshonorèrent le sacerdoce par leur rapacité, attirèrent le mépris des Israélites sur les sacrifices et provoquèrent de terribles châtiments, la défaite d’Israël par les Philistins, la prise de l’Arche, la mort d’Héli et leur propre mort. I Reg., ii, 12-17 ; iv, 1-18. Samuel fut suscité par Dieu pour rétablir l’honneur du sacerdoce et du culte divin. Il était de la tribu de Lévi, mais non de la famille d’Aaron, puisqu’il descendait de Lévi par Coré. I Par., vꝟ. 34-38. « Moïse et Aaron parmi ses prêtres, et Samuel parmi ceux qui invoquent son nom, » dit le Ps. xcix (xcvm), 6. Un homme de Dieu dit à Héli, de la part du Seigneur : « Je me susciterai un prêtre fidèle, qui agira selon mon cœur et selon mon âme ; je lui bâtirai une maison stable et il marchera toujours devant mon oint. Et quiconque restera de ta maison viendra se prosterner devant lui pour avoir une pièce d’argent et un morceau de pain, et il dira : Mets-moi, je te prie, à quelqu’une des fonctions du sacerdoce, afin que j’aie un morceau de pain à manger. » I Reg., ii, 35, 36. La prophétie se réalisa quand le pontificat fut enlevé à Abiathar, quatrième successeur d’Héli, de la descendance d’Éléazar, pour être conféré à Sadoc, de la descendance d’Ithamar, quatrième fils d’Aaron. III Reg., ii, 26, 27, 35. Les petitsfils et descendants d’Héli en furent alors réduits à exercer les fonctions de simples prêtres. Il est bien dit, dans un commentaire faussement attribué à saint Jérôme, In I ad Cor., i, 1, t. xxx, col. 717, que le « prêtre fidèle » n’était autre que Samuel. Mais saint Jérôme lui-même, Queest, hebr. in I Reg., t. xxx, col. 1333, n’exprime nullement cet avis, et enregistre seulenient l’opinion de ceux qui pensent que tout le passage IReg., Il, 27-36, se rapporte à une époque antérieure et a été inséré ici pour l’honneur de Samuel. Saint Augustin, De Civ. Dei, xvii, 5, 2, dit également qu’il ne peut pas s’agir ici de Samuel, qui était lévite, mais non de la famille d’Aaron. Cf. Cont. Faustum, xii, 33, t. xlii,

col. 271. Les fonctions déjuge et de prophète n’exigeaient nullement le sacerdoce, et si Samuel conféra l’onction royale à Saûl, IReg., x, 1, et à David, I Reg., xvi, 13, il ne paraît pas qu’il fallût être prêtre pour cet office. IV Reg., ix, 6. Mais Samuel offrait des sacrifices, IReg., vu, 9, 10 ; ix, 8 ; EccH., xlvi, 19(16) : « Il offrit un agneau encore à la mamelle. » Aucun reproche n’est adressé au prophète à ce sujet. C’est donc qu’il agissait en vertu d’une inspiration divine, ou qu’il n’offrait de sacrifices que par le ministère habituel des prêtres. Voir Samuel. 2° Sous les rois. — Le transport définitif de l’Arche à Jérusalem fixa dans la nouvelle capitale le culte de Jéhovah, et David offrit des sacrifices d’actions degrâces et des holocaustes. II Reg., VI, 17. Il le fit, bien entendu, par le ministère des prêtres, pour ne pas encourir la réprobation qui avait frappé Saûl. I Reg., xiii, 9-14. En Egypte, les pharaons étaient les souverains sacrificateurs. Dieu ne voulait pas qu’il en fût ainsi en Israël ; il y maintint toujours très formellement la prérogative qu’il avait attribuée à la descendance d’Aaron. David s’occupa de l’organisation du culte à Jérusalem ; il divisa les prêtres en vingt-quatre classes, de concert avec Sadoc et Achimélech, afin d’assigner à chaque classe son tour de service. I Par., xxiv, 1-19. Les prêtres figuraient aussi dans l’armée et y exerçaient même des commandements.

I Par., xii, 27, 28 ; xxvii, 5, 6. Avec Salomon, l’organisation préparée par David commença à fonctionner dans le nouveau Temple. II Par., viii, 14, 15. Après lui, les choses changèrent de face. Les prêtres avaient leurs villes sacerdotales ; mais un bon nombre d’entre eux s’étaient établis dans tout le pays. Ils y avaient avantage, parce que, tout en restant assurés des ressources générales de leur ordre, ils pouvaient profiter en plus des redevances locales qu’il était impossible ou qu’il n’était pas nécessaire de centraliser à Jérusalem. Le schisme de Jéroboam les obligea à se replier sur le territoire du royaume de Juda et à abandonner ainsi la plus grande partie du pays précédemment occupé.

II Par, , xi, 13, 14. Il dut en résulter une certaine gêne pendant quelque temps ; car le nombre des prêtres restait à peu près tel qu’à l’époque de David et de Salomon, alors que le royaume de Juda était seul désormais à assurer leur subsistance, et rares furent ceux d’Israël qui continuèrent à s’acquitter des redevances légales. Tob., i, 6-8. La situation fut souvent aggravée par l’idolâtrie des rois et celle du peuple, ce qui commença dès le règne de Roboam. II Par., XII, 1. Il est évident que ceux qui se détournaient de Jéhovah pour passer au culte des idoles ne se préoccupaient guère d’acquitter leurs redevances envers le sacerdoce aaronique. Beaucoup de prêtres durent être souvent réduits, comme les descendants d’Héli, à solliciter une fonction active dans le service du culte, afin d’avoir un morceau de pain à manger. I Reg., ii, 36. — Sous les ordres du grand-prêtre Joïada, les prêtres et les lévites furent les agents actifs de la révolution qui détrôna Athalie, pour mettre à sa place le roi légitime, Joas. IV Reg., xi, 4-16 ; II Par., xxiii, 1-15. Quelques années plus tard, Joas blâma la négligence des prêtres qui n’avaient pas dignement entretenu la maison du Seigneur, et prit des mesures pour faire tout remettre en état. IV Reg., xii, 6-16 ; II Par., xxiv, 4-14. Le roi Ozias, qui eut la témérité d’imiter Saül et de s’ingérer dans une fonction qui n’appartenait qu’aux prêtres, , fut frappé de Dieu, toujours jaloux de faire respecter les prérogatives de son sacerdoce. IV Reg., xv, 5 ; II Par., xxvi, 16, 21. Ézéchias rouvrit les portes du Temple fermées par Achaz, y rétablit’les prêtres dans leurs fonctions, restaura le culte de Jéhovah, fit reprendre par le peuple l’habitude de s’acquitter deff redevances sacrées et en assura l’équitabte répartition.. II Par., xxix, 3-xxxi, 21. — Pendant son long règne-