Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/328

Cette page n’a pas encore été corrigée
643
644
PRÊTRE


nité ; il consacrait les idoles destinées aux temples et présidait certaines cérémonies expiatoires. Le bâru ou « voyant », dont la fonction était héréditaire, interprétait la volonté des dieux et rendait des oracles en leur nom ; il exerçait tous les genres de divination et présidait aux sacrifices de caractère pacifique et eucharistique. Le bâru devait réaliser certaines conditions pour pouvoir se présenter dans le sanctuaire de l’oracle, être « issu d’un prêtre, d’un père pur », et être « luimême accompli dans sa forme et dans ses proportions ». Il ne pouvait exercer sa charge si ces conditions faisaient défaut, et de plus s’il était « aigu quant aux yeux », c’est-à-dire louche ou borgne ou avec un œil crevé, <* brisé quant aux dents », avec une ou plusieurs dents de moins, ayant « un doigt mutilé, la chair noirâtre, des abcès, de la lèpre, un ulcère purulent », ou d’autres infirmités analogues. Il devait posséder une doctrine solide et savoir à fond ce qui était nécessaire dour ne pas commettre la moindre infraction à un rituel compliqué. Le bâru et Vasipu avaient aussi à revêtir des « vêtements purs », réservés pour leurs fonctions liturgiques. Cf. Zimmern, Beitràge zur Kerinlniss der babylonischen Religion, Leipzig, 1901 ; Fr. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. xiv-xvii, 235 ; Lagrange, Études sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 221-246 ; Dborme, Textes religieux, Paris, 1907, p. 141-147. Daniel déjoua la fourberie des prêtres de Bel, qui venaient enlever de nuit les offrandes du temple et prétendaient que leur dieu les avait mangées. Dan., xiv, 1-27. Cf. Bar., vi, 9-54. — Sur le sacerdoce des Perses et des Mèdes, voir Mages, t. iv, col. 543.

3° Chez les autres peuples sémites. — Chez les Arabes nomades, la fonction de sacrificateur n'était pas réservée au prêtre ; celui-ci n'était qu’un sddin, « gardien » du sanctuaire ; il restait à son poste pendant que la tribu se déplaçait. Il rendait des oracles au moyen de flèches ou de bâtons, selon le procédé de la rhabdomancie. Cf. Ezech., xxi, 21. À côté de lui opérait le devin, kâhin, véritable sorcier, dont le rôle n’est nullement le prototype, mais la déformation de celui du kohên. Chez les Arabes civilisés du sud, le sâdin était réellement le sacrificateur, et le grandprêtre, kabir, le « grand », servait d'éponyme pour le calcul des années. — Le prêtre araméen se nommait komér ; il était prêtre de tel ou tel dieu. Josias chassa les prêtres de cette espèce que ses prédécesseurs avaient établis en Juda. IV Reg., xxiii, 5. Osée, x, 5, signale leur présence en Samarie, et Sophonie, I, 4, annonce leur extermination. — Le temple phénicien avait ses sacrificateurs, ses résidents' occupés à la liturgie, ses barbiers pour raser les chevelures consacrées à la divinité et pratiquer les incisions-rituelles, ses scribes, ses hiérodules, ses portiers et ses esclaves, recevant tous un salaire. Cf. Lagrange, Éludes, p. 217-221, 478-481. A Sidon, le roi portait le titre de prêtre d’Astarthé, comme le prouve l’inscription d’un sarcophage trouvé en 1887 : « Tabnith, prêtre d’Astarthé, roi de Sidon, fils d’Eschmunazar, prêtre d’Astarthé, roi de Sidon. » Cf. Revue archéologique, me série, t. x, 1887, p. 2.

4° Chez les Chananéens. — On constate chez les Chananéens la pratique des libations, l'érection et l’onction des bétyles, celle des autels et des lieux sacrés, l’immolation des victimes et même fréquemment les sacrifices humains. Cf. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 201-203. Toutes ces choses supposent un sacerdoce. On n’a point de renseignements sur sa hiérarchie et son fonctionnement. Mais les deux grandes divinités chananéennes, Baal et Astarthé, survécurent à la prise de possession du pays par les Israélites. Elles avaient leurs prêtres qui perpétuaient leur culte et réusirent souvent à le faire adopter par le peuple conquérant. A ce titre, les prêtres chananéens se signalent de temps

en temps dans l’histoire d’Israël. Voir Astarthé, Baal> 1. 1, col. 1180, 1315.

5° Chez les Gréco-Romains. — Les prêtres des cultes gréco-romains apparaissent dans les derniers récits de l’histoire israélite et dans ceux du Nouveau Testament. Voir Bacchus, t. i, col. 1374 ; Diane, t. ii, col. 1405 ; Hercule, Jupiter, t. iii, col. 602, 1866 ; Mercure, t. iv, col. 991. Cf. Dôllinger, Paganisme et judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, 1. 1, p. 280-287, t. iii, p. 93-109.

III. Sacerdoce mosaïque. — I. son institution. — Au Sinaï, Dieu donna l’ordre à Moïse de prendre son frère Aaron et les fils de celui-ci, Nadab, Abiu, Éléazar et Ithamar, pour qu’ils devinssent prêtres à son service. Exod., xxviii, 1. Il prescrivit ensuite tout ce qui concernait leurs vêtements et" leur consécration. Exod., xxviii, xxix. Lorsque tous les objets nécessaires au culte furent préparés et que Jéhovah eut pris possession du Tabernacle, Exod., xl, 34-38, Moïse procéda à la consécration d' Aaron et de ses fils, Lev., viii, 1-36, et huit jours après, leur fit inaugurer leurs fonctions par l’offrande de sacrifices, d’abord pour eux-mêmes, et ensuite pour le peuple. Lev., ix, 1-24. Mais bientôt, une sanction sévère fut exercée contré deux des nouveaux prêtres. Nadab et Abiu apportèrent devant Jéhovah des encensoirs contenant du feu profane, qui n’avait pas été pris sur l’autel. Ils furent immédiatement frappés de mort. Moïse défendit à Aaron et à ses deux fils survivants de prendre le deuil, et Jéhovah leur interdit l’usage du vin et des boissons enivrantes, chaque fois qu’ils auraient à exercer leur ministère dans le Tabernacle. Lev, , x, 1-11. Le châtiment si rigoureusement iniligé aux deux coupables devait inculquer à tous cette idée qu’aucune négligence n'était tolérable dans le culte de Jéhovah. La prescription relative aux boissons enivrantes autorise à penser que, si Nadab et Abiu s'étaient si gravement trompés, leur manque d’attention venait de quelque abus dans l’usage de ces boissons. Toute la tribu de Lévi, à laquelle appartenaient Moïse et Aaron, fut substituée aux premiers-nés pour être à Jéhovah et se consacrer à son service. Num., iii, 45. Un membre de cette tribu, Coré, et deux de la tribu de Ruben, Dathan et Abiron, , jaloux de l’autorité qu’exerçaient Moïse et Aaron, se concertèrent avec deux cent cinquante autres Israélites, prétendant que dans Israël tous étaient saints et avaient les mêmes droits à l’exercice de l’autorité et du sacerdoce. Moïse en appela au jugement de Jéhovah. Il convoqua les mécontents et leurs deux cent cinquante partisans, chacun avec un encensoir, devant le Tabernacle. Tous s’y rendirent ; mais là, à la vue de tout le peuple, la terre s’entr’ouvrit et engloutit Coré, Dathan, Abiron et leurs familles, et un feu consuma les deux cent cinquante autres. Le peuple ayant murmuré le lendemain contre Moïse et Aaron, le Seigneur déchaîna une plaie qui fît mourir quatorze mille sept cents personnes et ne s’arrêta que quand Aaron exerça son rôle d’intercesseur, dont la légitimité fut ainsi démontrée. Num., xvi, 1-50. Dieu voulut encore confirmer son choix par un nouveau miracle. Il fit déposer dans le Tabernacle douze verges, au nom des douze tribus d’Israël ; le lendemain, la verge d’Aaron, représentant Lévi, fut trouvée fleurie, et Dieu ordonna de la conserver en témoignage. Num., xvii, 1-11. Il décida en outre que les lévites feraient le service du Tabernacle, mais que seuls Aaron et ses fils rempliraient les' fonctions sacerdotales à l’autel et au dedans du voile. Il ajouta : « Comme un service en pur don, je vous confère votre sacerdoce. L'étranger qui approchera sera mis à mort. » Num., xviii, 1-7. A la mort d’Aaron, Éléazar fut investi du pontificat. Num., xx, 25-28. À Phinées, fils d'Éléazar, qui se montra plein de zèle contre l’idolâtrie, Dieu promit « pour lui, et pour sa postérité après lui, l’alliance d’un sacerdoce perpétuel ».Num., xxv, 13.