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PRETOIRE


1180, on lit, à gauche du chemin qui conduit ad portant vallis Josaphat, ces mots : Hic flagellatus est Jh’esus. Cf. Rôhricht, Kàrten und Plane zur Palàstinakunde aus dem 7 bis 16 Jahrhundert, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. XV, 1892, p. 34-39, pi. i. On trouve de même dans Ernoul, L’estatdela citez de Iherusalem (vers 1231) : « À main destre de celle rue de Josaffas, avait un moustier c’on apeloit le Repos. Là dist on que Jhesu Cris reposa, quant on le mena cruceflier ; et là estoit li prisons u il fù mis la nuit que il fu pris en Gessemani. Un poi avant, à main senestre de celle rue, estoit li Maisons Pilate. Devant celle maison avoit une porte par u on aloit al Temple. » Cf. Itinéraires à Jérusalem publiés par H. Michelant et G. Raynaud, Genève, 1882, p. 49. Parmi les ouvrages du xm « siècle, il en est quelques-uns qui parlent vaguement du prétoire au mont Sion. Ainsi nous lisons dans Les pelerinaiges por aler en Iherusalem (vers 1231) : « Vers midi sur la cité de Iherusalem est Monte Syon : là fu la grant yglise qui est abatue, où Notre-Dame trespassa, et d’ilueques l’emportèrent li apostre à Josaphas, et iluec devant est une chapele où Nostre Sire fu iugiés et batus et flacillez et d’espines tormentés et coronés ; ce fu le Prétoire Cayfas et sa maison. » Cf. Michelant et Raynaud, Itinéraires à Jérusalem, p. 96. Il en est de même dans Les sains pèlerinages que l’en doit requerre en la Terre Sainte, et Pèlerinages et pardouns de Acre. Cf. Itinéraires à Jérusalem, p. 104, 231. Ces descriptions, tout en ne parlant que du prétoire de Caïphe, placent néanmoins implicitement le tribunal de Pilate au mont Sion, puisqu’elles y localisent le couronnement d’épines. Cependant, vers la fin du même siècle, Riccoldo da Monte Croce s’exprime en ces termes au sujet du prétoire : s Et nous arrivâmes à l’église de Saintevnne… Tout près de là, nous trouvâmes la piscine probatique. En montant, nous rencontrâmes la maison d’Hérode et, tout près, la maison de Pilate, où nous vîmes le lithostrotos et le lieu où fut jugé le Seigneur, ainsi que l’endroit où se tint le peuple, sur la place, devant le palais, lorsque Pilate sortit au-devant des Juifs. » llinerarius, édit. Laurent, Peregrinatores medii sévi quatuor, Leipzig, 1864, p. 111112. — Au xive siècle, Marino Sanuto (1310), après avoir mentionné l’église de Sainte-Anne et la piscine probatique, l’une en face de l’autre, la première à droite, et la seconde à gauche d’une des portes de la ville, ajoute que, en allant directement vers la porte opposée ou porte Judiciaire, on trouve « la maison de Pilate », où l’Agneau de Dieu fut flagellé, couronné d’épines et enfin condamné à mort. Près de la maison de Pilate, il place « la maison d’Aline, à laquelle le Christ, pris par les Juifs à Gethsémani, fut d’abord conduit. » Près de la maison d’Anne, il signale « l’église de Sainte-Marie de Pamason (Pasmus Virginis sur le plan), où cette bienheureuse vierge tomba en syncope de douleur, en voyant son fils innocent porter sa croix. » Cf. Rongars, {iesta Dei per Francos, cap. x, p. 257. C’est ce qui est nettement marqué sur un plan du même auteur, tiré d’un manuscrit de Londres. Cf. Rôhricht, Marino Sanudo sen. als Kartograph Palàstinas, dans la Zeitschrift des Deutsclien Palàstina-Vereins, t. xxi, 1898, p. 84, pi. 4. À remarquer que la maison de Pilate est placée en face de Notre-Dame du Spasme, du côté opposé de la rue, à l’angle de celle qui conduit à la porte de Saint-Etienne. — Au xvie siècle, un pèlerin manceau, Greffln Affagart (1533-1534), décrit ainsi le Prétoire : - « Plus loing un peu (an delà du carrefour où il place N.-D. du Spasme) est le prétoire de Pillate et aussi sa maison en laquelle Jésus fut flagellé et couronné d’espines. Mays il est à noter que la mayson estoyt tellement située que l’une partie estoyt d’un costé de la rue et l’autre part de l’autre, en faczon qu’on povoyt aller

de l’une à l’autre par dessus une arche de pierre qui traversoyt la rue, faicte en manière degallerye… Après, l’on va à la maison de saincte Anne. » Cf. J. Chavanon, Relation déterre Sainte par Greffin Affagart, Paris, 1902, p. 95. Ici il n’y a plus de doute, l’emplacement du prétoire est bien marqué par l’arc de YEcce Homo. — Au xviie siècle, Quaresmius (1616) le montre au nordouest de l’enceinte du Temple, près de la tour Antonia, et décrit longuement l’état des lieux. Cf. Quaresmius, Elucidalio Terrse Sanctse, Anvers, 1639, t. ii, lib. IV, cap. u. La tradition a continué sans interruption jusqu’à nos jours, et c’est là que les pèlerins cherchent le commencement de la Voie douloureuse.

Si nous résumons, en dehors de toute hypothèse, les enseignements de la tradition, nous arrivons donc aux résultats suivants. Le prétoire, que saint Cyrille de Jérusalem, Catech., xiii, t. xxxiii, col. 820, déclare, au rve siècle, « réduit en solitude, par la puissance de celui qui fut alors attaché à la Croix, » a, dès 333, son emplacement marqué à droite de la voie qui "conduit de Sion à la porte de Naplouse, c’est-à-dire du sud au nord, et en bas, dans la vallée (du Tyropœon). Plus tard, il est indiqué par une église dite de Pilate, à laquelle on descend en venant du saint Sépulcre, et qui se trouve sur une ligne allant de l’ouest à l’est, vers la piscine Probatique. A cette église succède la basilique de Sainte-Sophie, que Théodose, (vers 530) place à peu près à moitié chemin (quelle que soit la valeur de ses pas) entre la maison de Caïphe, sur le mont Sion, et la piscine probatique, et qu’Antonin le Martyr montre devant les ruines du Temple de Salomon, à un endroit où l’eau coule vers la fontaine de Siloé, c’est-à-dire le long de la vallée du Tyropœon. Après la destruction de la basilique, en 614, la tradition devient plus difficile à suivre ; elle s’égare même au moment des croisades. Dès le début de la guerre sainte, on constate la difficulté de retrouver l’emplacement du prétoire. Trompés peut-être par une fausse lecture du texte évangélique : Ad Caipham principeni sacerdotum in prsetorium, au lieu de a Caipha in prsetorium, Joa., xviii, 28 (cf. Tischendorf, Novum Testamentum grsece, édit. oct., Leipzig, 1869-1894, t. i, p. 932), et par certaines reliques transportées de l’ancien prétoire sur le mont Sion, les pèlerins des XIIe et xme siècles ont souvent cherché sur cette dernière colline le lieu de la flagellation, du couronnement d’épines et de la condamnation de Jésus. Il est cependant juste de remarquer que, même au milieu de ces fluctuations, les anciens jalons ne disparaissent pas complètement. Nous le voyons d’après l’hégoumène russe, Daniel (1112 ou 1113), Théodoric (1172), certaines cartes topographiques de Jérusalem (1180) et Ernoul (vers 1231). Au xive siècle, Marino Sanuto maintient les mêmes lignes. Enfin la tradition se précise et se fixe à l’ancienne citadelle Antonia. Mais, il faut l’avouer, ce n’est qu’en des temps assez éloignés des origines qu’elle se localise d’une façon aussi positive ; les premiers témoins laissent le champ libre à des recherches qui peuvent se poursuivre le long de l’enceinte occidentale et septentrionale du Temple. Il nous reste donc à voir si l’archéologie peut nous apporter quelque lumière, et à examiner les diverses théories émises sur la question.

4° Les hypothèses. — D’après les données de l’histoire et de la tradition que nous venons d’exposer, nous sommes en face de deux hypothèses générales : le Prétoire se trouvait ou à l’ouest, sur le mont Sion, ou à l’est, sur ou vers la colline du Temple. Cette. dernière, la plus importante, se subdivise en trois opinions, que nous aurons à étudier séparément.

a) lb prétoire au moxt swx. — Cette théorie, longtemps abandonnée, a été reprise de nos jours par Kreyenbûhl, dans la Zeitschrift fur die neutestamentliche Wissenschaft, Giessen, t. iii, 1902.. p. 16 sq^L’au-