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PRESSOIR


et le raisin, mais on n’en jouissait pas. Mich., vi, 15. Cf. Ose., ix, 2. — Oh chantait et on ponssait des cris de joie en foulant le raisin au pressoir. Le Seigneur fait dire de Moab, Jer., xlviii, 33 :

J’ai fait tarir le vin des cuves ;

On ne le foule plus au bruit des cris de joie :

Ce sont des cris de guerre et non des cris de joie.

3° Le pressoir fournit matière à des comparaisons expressives. L’auteur de l’Ecclésiastique, xxxiii, 16, 17, après avoir consacré ses veilles à la sagesse, se dit sem ïrcfie

Ww 168. — Pressoir à viii, antique, taillé dans le roc, à Aïn Karim— On foule le raisin en a, d’où il s’écoule dans le bassin b, qui est de 1 mètre plus profond et plus large. Dans sa partie méridionale, qui est moins profonde, il y a trois niches, dont les deux latérales sont percées de trous, devant lesquels il y avait sans doute un clou qui devait servir à fixer des leviers pour presser. Voir fig. 167. Les raisins foulés en a passaient donc, comme le montre la section, en b, où on les pressait encore davantage au moyen de pièces de bois et de leviers. Le liquide s’écoulait alors par les trous ene et d ; c est beaucoup plus étroit et n’a que 1°40 de profondeur, tandis que d a environ 2 mètres de large et 2°30 de profondeur. Dee à d il y a un trou rond par où le liquide peut passer du premier dans le second. Ce dernier a des marches au nord et à l’est. Sur le roc, près de la marche à l’est et au coin nord-est, il y a un creux en forme de coupe où l’on peut poser une jarre de terre sans qu’elle soit exposée à se renverser. — D’après Schick, Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1899, p. 41.

blable à celui qui grapille les raisins après la vendange et qui pourtant, comme le vendangeur, remplit le pressoir. Au temps messianique, les cuves regorgeront de vin nouveau et d’huile, Joël, rt, 24, symboles de l’abondance des biens spirituels. — Le pressoir est la figure de l’épreuve et du châtiment qui écrasent. Les Chaldéens ont écrasé les jeunes hommes de Juda et le Seigneur a foulé au pressoir les jeunes filles. Lam., i,

15. À la même idée se rapporte la pression, ffttyiç, pressura, de la femme qui enfante, Joa., xvi, 21, et celle qu’endure le chrétien de la part des persécuteurs. Joa., xvi, 33 ; II Cor., i, 4 ; Phil., i, 17. — Dieu, dans l’exercice de sa puissance ou de sa justice, est comparé au vendangeur qui travaille au pressoir. Isaïe, lxiii, 2-6, représente en ces termes le jugement exercé contre Édom, figure des ennemis des serviteurs de Dieu :

Pourquoi y a-t-il du rouge à ton vêtement,

Et tes habits sont-ils comme quand on foule au pressoir ?

J’ai été seul à fouler au pressoir,

Et parmi les peuples personne n’a été avec moi ;

Je les ai foulés dans ma colère,

Écrasés sous mes pieds dans ma fureur ;

Le jus a jailli sur mes habits

Et j’ai souillé tout mon vêtement…

J’ai écrasé les peuples dans ma colère…

Et j’ai fait couler leur sang à terre.

169. — Pressoir à huile, trouvé à Taanach. D’après E. Sellin, Eine Nachlese aus dem Tell Ta’annak, dans les Denkschriften der K. Akademie der Wissenschaften Ph. hist. XL, Vienne, 1906, fig. 43, p. 27.

On voit ici le vendangeur, se plaignant d’être seul à l’ouvrage quand d’ordinaire plusieurs foulent sur la même aire. Il se met cependant à la tâche avec ardeur ; le jus du raisin jaillit sur ses habits qu’il rougit et. tombe en bas de la cuve. Jérémie, xxv, 30, montre le Seigneur sur le point de châtier Jérusalem par le glaive des Chaldéens : il fait entendre à tous les habitants de la terre le cri des vendangeurs qui foulent le raisin. Joël, iii, 13, parlant de la vengeance qui va fondre sur les ennemis du peuple de Dieu, s’écrie :

Venez, foulez, car le pressoir est plein,

Les cuves regorgent, tant est grande leur malice.

Saint Jean se sert des mêmes figures pour décrire le jugement du monde. « L’ange vendangea la vigne de la terre et il en jeta les grappes dans la grande cuve de la colère de Dieu. La cuve fut foulée hors de la ville, et il en sortit du sang jusqu’à la hauteur du mors des chevaux. » Apoc, xiv, 19, 20. C’est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs « qui foulera la cuve du vi »