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PRÉDESTINATION — PRÉDICATION


garde les commandements », dit formellement le Sauveur. Matth., xix, 17. Cf. Luc, xiii, 23. D’après saint Paul, il faut courir et se donner de la peine pour atteindre le but final, I Cor., ix, 24 ; la récompense est une couronne due en justice à celui qui a bien travaillé pour Dieu sur la terre, II Tim., iv, 7, et cette récompense est en rapport avec le labeur de chacun. Rom., ii, 5 ; I Cor., iii, 8. Saint Pierre déclare que les bonnes mœurs sont nécessaires pour fixer chacun dans sa vocation et son élection. II Pet., i, 10. La récompense promise demeure toujours incertaine tant qu’on ne la tient pas, car on peut la perdre par sa négligence ou son infidélité. Rom., xi, 22 ; I Cor., x, 12 ; Phil., ii, 12 ; Apoc, iii, 11, etc. Voir Justification, t. iii, col. 1878 ; Œuvres, t. iv, col. 1756. De tous ces textes résulte cette conclusion, que par la prédestination Dieu prévoit le sort éternel de chaque âme, mais en tenant compte de la manière dont cette âme utilisera librement ses grâces. Autrement l’obéissance aux commandements et les efforts pour la pratique de la vertu ne seraient pas de précepte pour le salut. Si, avant de venir au monde, on était prédestiné au bonheur ou au malheur par une volonté inéluctable de Dieu, indépendamment de tout acte d’obéissance ou de désobéissance personnelle, il serait dès lors impossible, quoi qu’on fit, de manquer ce bonheur ou de se dérober à ce malheur. Pareille théorie est contraire à toutes les assurances et à tous les conseils de l’Évangile. Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés », I Tim., ii, 4, et il a envoyé son Fils dans le monde « pour que le monde soit sauvé par lui ». Joa., iii, 17. Telle est la prédestination universelle ante mérita ; c’est seulement la prédestination post mérita prmvisa qui assigne aux uns le bonheur et aux autres le malheur. Sur la théorie thomiste et sur les discussions auxquelles a donné lieu la doctrine de la prédestination, voir Turmel, Histoire de la théologie positive, Paris, 1904, p.’276282, 401-409.

4° Il y a une prédestination spéciale pour Notre-Seigneur, dont saint Paul dit, d’après la Vulgate, qu’il « a été prédestiné Fils de Dieu miraculeusement, selon l’Esprit de sainteté, par une résurrection d’entre les morts ». Rom., i, 3. La prédestination ne peut porter sur le Fils de Dieu dans sa nature divine, mais seulement sur ce qu’il est devenu dans le temps par son incarnation, et sur la gloire dont sa nature humaine a ensuite été comblée dans le ciel après son ascension. Dans le texte grec, au lieu de prœdeslinatus, on lit ôpiudrvToc, qui veut dire « défini, fixé, établi ». La pensée de l’Apôtre est donc que Jésus-Christ a été défini, déclaré, manifesté Fils de Dieu par sa résurrection.

H. Lesêtre.
    1. PRÉDICATION##

PRÉDICATION (hébreu : qeryâh ; Septante : x^puf|ia ; Vulgate : prsedicatio), exposition et propagation par la parole d’un enseignement dogmatique ou moral.

I. Dans I’Ancien Testament. — En plusieurs circonstances, Moïse adressa au peuple qu’il avait à former des exhortations publiques à la fidélité envers Jéhovah. Elles sont consignées dans le Deutéronome, x, xi, xxix. Après lui, ce ne furent pas les prêtres, dont les fonctions étaient presque exclusivement liturgiques, mais les prophètes qui eurent à rappeler au peuple les prescriptions de la loi divine. Ainsi firent Samuel, Élie, Elisée, et ceux qui les suivirent. Josaphat envoya de ses chefs et des lévites dans les villes dejuda, avec le livre de la loi, pour enseigner le peuple. II Par., xvii, 7-9. Plus tard, le roi Jtzéchias envoya de même à travers le pays d’Israël des messagers remplissant les fonctions de missionnaires, pour prêcher aux tribus séparées le retour au service de Jéhovah, sans grand succès d’ailleurs. II Par., xxx, 6-11. Sous Josias, la

découverte du livre de la Loi fut l’occasion d’une sorte de prédication solennelle. II Par., xxxiv, 29-33. L’obéissance à la Loi fut de nouveau prêchée au temps d’Esdras. I Esd., ix, 6-x, 14 ; II Esd., viii, 1-ix, 38. Les oracles des prophètes sont souvent des prédications mises par écrit. Jer., vii, 2 ; xix, 2, etc. C’est par eux surtout que la sagesse prêchait sur les places publiques. Prov., i, 20. Jonas, i, 2 ; iii, 2, fut envoyé à Ninive pour y prêcher la pénitence. Luc, xi, 32. Isaïe, lii, 7, salue à l’avance celui qui doit venir prêcher à Israël la bonne nouvelle, la paix, le bonheur et le salut. Il annonce que le Messie prêchera la bonne nouvelle, le retour à la lumière et l’année de grâce. Is., lxi, 1 ; Luc, iv, 19. Quand les synagogues furent instituées, le service religieux y comprit une explication des textes sacrés et une exhortation morale. Voir Lecteur, t. iv, col. 147 ; Sïnagogue. Saint Jacques atteste que depuis bien des générations, Moïse avait dans chaque ville des hommes qui le prêchaient. Act., xv, 21. Néanmoins, sous l’ancienne loi, la prédication n’avait qu’un rôle secondaire, parce que le Livre sacré était la base de la religion et renfermait tout ce qui s’imposait à la croyance et à la pratique de l’Israélite.

II. Dans le Nouveau Testament. — 1° Par sa prédication sur les bords du Jourdain, saint Jean-Baptiste prépare les foules à l’apparition du Messie. Il exhorte à la pénitence et à l’accomplissement des devoirs d’état ; il interpelle sévèrement les pécheurs orgueilleux pour les obliger à rentrer en eux-mêmes. Mais sa mission se borne à annoncer le Messie, à disposer les âmes à le recevoir, et enfin à le montrer. Matth., iii, 1 ; Marc, i, 4, 6 ; Luc, iii, 3 ; Act., xiii, 24. Cette prédication fit grand effet. Le précurseur eut beaucoup de disciples qui s’attachèrent à lui. Matth., îx, 4 ; Marc, ii, 18 ; Luc, v, 33 ; vii, 18, 19 ; xi, 1 ; Joa., iii, 25 ; iv, i. Plus tard, il s’en trouva même un, Apollos, à Éphése, qui prêchait la doctrine de Jésus tout en ne connaissant que le baptême de Jean. Act., xviii, 25. — 2° Le Sauveur prêcha lui-même sa doctrine pendant tout le cours de sa vie publique. Cette doctrine constituait la « bonne nouvelle » ou l’Évangile, d’où l’emploi du mot eûoefyt-Xi (ra<iôaeou eiixT(tll&txQoii, evangeliza, re, « évangéliser, » pour désigner cette prédication. Le Sauveur prêchait donc le royaume de Dieu, Luc, iv, 43 ; viii, 1 ; il l’annonçait aux pauvres, Matth., vii, 22 ; xi, 5 ; Luc, iy, 18, alors que les docteurs juifs se bornaient à enseigner leurs disciples. Il prêchait partout, Matth., iv, 17, 23 ; ix, 35 ; xi, 1 ; Marc, i, 14, 45 ; Luc, viii, 1 ; Marc, i, 14, 45 ; Luc, viii, 1 ; dans les bourgs, Marc, i, 38 ; en pleine campagne, Matth., v, 1, 2 ; dans la Décapole, Marc, v, 20 ; dans les synagogues, Marc, i, 39 ; Luc, iv, 44 ; sur les bords du lac, Matth., xiii, J-2, 3 ; dans le Temple, Joa., v, 18 ; vii, 14, etc. Sur la prédication du Sauveur, voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1480° 1497. — 3° NotreSeigneur chargea ses disciples et particulièrement ses apôtres de prêcher son Évangile. Matth., x, 7 ; Marc, iii, 14 ; vi, 12 ; xvi, 15, 20 ; Luc, ix, 2 ; xxiv, 47 ; Act., x, 42 ; I Pet., i, 12 ; etc. Il leur recommanda de le prêcher sur les toits, Matth., x, 27 ; Luc, xii, 3, c’est-à-dire de manière à être vus et entendus pas tous. — 4° L’ordre du Sauveur fut exécuté avec zèle. Dès le jour de la Pentecôte, saint Pierre se met à prêcher. Act, , ii, 14 ; il a pour imitateurs le diacre Etienne à Jérusalem, Act., vi, 14 ; vii, 1-53, le diacre Philippe en Samarie, Act., viii, 5, 12, 40, tous les autres Apôtres à travers le monde. Act., v, 42 ; viii, 4, 25 ; xiv, 6, 20 ; xv, 35, etc. — 5° Mais le prédicateur de l’Évangile par excellence est saint Paul, que le Sauveur lui-même a choisi pour porter son nom devant les nations, devant les rois et devant les enfants d’Israël. Act., ix, 15. Il s’en va prêcher partout daus le monde romain, en commençant par les synagogues des Juifs, Act., ix, 20 ; xiii, 5, etc., et en s’adressant ensuite aux