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POURPRE — POUSSIÈRE


précieuse. Le vêtement de pourpre éveillant ainsi la double idée de royauté et de divinité, il convenait que la pourpre fût employée dans le culte de Jéhovah, pour marquer sa divinité unique et sa suprême royauté. Cf. Bâhr, Symbolikdes mosaischen Cullus, Heidelberg, 1837, t. i, p. 330-332.

2° La pourpre est signalée dans les dépouilles du roi de Madian, dont s’empara Gédéon, Jud., viii, 26 ; dans le siège de la litière de Salomon, Cant., iii, 10 ; dans le conopée d’Holopherne, Judith., x, 19 ; dans les vêtements de la femme forte, qui ordonne si bien sa riche maison, Prov., xxxi, 20 ; dans la parure de Daniel, après qu’il a expliqué le songe de Baltassar, Dan., v, 7, 16, 29 ; dans celle dont est revêtu Mardochée pour son triomphe, Esth., viii, 15 ; dans les vêtements du mauvais riche à Jérusalem. Luc, xvi, 19. À l’époque des Machabées, les royautés orientales attachaient grande importance au port de la pourpre. Quand Judas pilla le camp des Syriens, il y trouva beaucoup de pourpre. I Mach., îv, 23. Par contre, l’auteur sacré remarque qu’à Rome, à cette époque, personne ne prenait la pourpre pour se faire roi. I Mach., viii, 14. Antiochus Épiphane ôta le droit de pourpre à Andronique, le meurtrier du grand-prêtre Onias. II Mach., iv, 38. Alexandre Bala l’accorda à Jonathas, et le revêtit lui-même à Ptolémaïde, I Mach., x, 20, 62, 64 ; Antiochus VI lui confirma ce droit. 1 Mach., xi, 58. Après lui, le grand-prêtre Simon eut seul, parmi les Juifs, le droit de se revêtir de pourpre. I Mach., xiv, 43, 44.

3° Ézéchiel, xxvii, 7, 16, dit que les Tyriens faisaient venir la pourpre des îles d’Élisa, c’est-à-dire de Laconie dans le Péloponèse, voir Élisa, t. ii, col. 1686-1688 ; il ajoute qu’ils en échangeaient contre les marchandises des Syriens. — À l’époque de^aint Paul, une fervente et généreuse chrétienne, Lydie, était marchande de pourpre, jtop9upo7rwÀi{, purpuraria, à Thyalire. Act., xvi, 14.

4° D’après saint Marc, xv, 17, Notre-Seigneur fut revêtu de pourpre par les soldats du prétoire. Saint Matthieu, xxvii, 28, dit que ce fut d’un manteau cramoisi, xXet|jLtc xoxxi’vr]. Il y avait donc équivalence entre les deux couleurs, et, quand on parlait de pourpre sans autre explication, il s’agissait de pourpre rouge.

5° Les cheveux de l’Épouse sont comparés à la pourpre. Cant., vii, 5. La comparaison porte moins sur la couleur que sur le brillant, la splendeur et les tons chatoyants de la pourpre. Les poètes appellent « cheveux de pourpre » ceux qui sont d’un brillant brun-noirâtre. Cf. Virgile, Georg.. i, 405 ; Tibulle, I, iv, 63.

6° Enfin saint Jean représente Babylone comme une reine vêtue de pourpre et faisant le commerce de la pourpre. Apoc, xvii, 4 ; xviii, 12, 16.

H. Lesètbe.

    1. POURRITURE##

POURRITURE (hébreu : maq, ràqâb, sahânâh, sâlia{, tam’âh ; Septante : 81aç80pâ, qpôopà, « janpi’a ; Vulgate : putredo, corruptio), résultat de la décomposition des corps organiques. — 1° Job, xvii, 14, en proie à sa terrible maladie, en vient à dire à la pourriture : « Tu es mon père ». Isaïe, iii, 24, annonce aux filles de Sion que la pourriture remplacera pour elles l’odeur des parfums. Joël, ii, 20, prédit que l’infection de la pourriture s’élèvera dans le camp des Assyriens. Dieu l’a fait déjà monter dans le camp des Israélites. Am., iv, 10. — 2° La pourriture est surtout la caractéristique du tombeau. Dieu ne permettra pas que son bien-aimé, son Messie, voie la corruption. Ps. xvi (xv), 10 ; Act., ii, 27 ; xiii, 35. Par la mort, le corps de l’homme tombe en pourriture, mais pour ressusciter ensuite : « Semé dans la corruption, le corps ressuscite incorruptible ; semé dans l’ignominie, il ressuscite glorieux. » I Cor., xv, 42, 43. Il est comme une semence qui d’abord pourrit en terre avant de revivre.

— 3° La pourriture ou carie des os représente, dans les comparaisons, la femme acariâtre, Prov., xii, 4 ; l’en vie, Prov., xiv, 30 ; la crainte des ennemis, Hab., iii, 16. Le pécheur repentant, en proie au remords, dit que l’infection et la purulence ont envahi ses meurtrissures, marquant ainsi combien est malheureux et répugnant l’état de son âme, Ps. xxxviii (xxxvii), 6. La racine des méchants est semblable à la pourriture, Is., v, 24, elle ne peut rien produire de bon. Leur nom aussi tombe en pourriture. Prov., x, 7. Les riches impies succomberont un jour à la pourriture d’une cruelle destruction, Mich., ii, 10 ; leurs richesses sont pourries. Jacob., v, 2. Celui qui sème dans la chair en moissonnera la corruption, Gal., vi, 8, c’est-à-dire que celui qui vit au gré des convoitises mauvaises de sa nature n’en recueillera que péché et misère. Dieu est comme la pourriture pour la maison de Juda, Ose., v, 12, il l’attaque et la consume lentement dans sa justice, afin de lui ménager le temps de la pénitence.

H. Lesêtre.
    1. POUSSIÈRE##

POUSSIÈRE (hébreu : ’àfâr, et une ou deux fois seulement : ’àbâq, ’âbâqàh, dahkâ’, daq, Salfaq, neko’( ; Septante : a|i^.oç, yrj, xoviopTÔs, xovz ; Vulgate : pulvis), éléments solides réduits en particules très ténues.

I. Au sens propre. — 1° Dans son corps, l’homme a été tiré de la poussière et il retournera en poussière. Gen., iii, 19 ; Job, x, 9 ; Ps. xc (lxxxix), 3 ; cm (en), 14 ; Eccle., xii, 7. Il en est de même des animaux. Ps. civ (cm), 29. — 2° La poussière du sol s’élève sous les pieds des chevaux, Ezech., xxvi, 10 ; elle couvre les statues des faux dieux. Bar., vi, 12, 16. Dans la poussière, un arbre meurt, Job, xiv, 8 ; mais la pluie fait de la poussière une masse consistante. Job, xxxviii, 38. La poussière joue un grand rôle dans les plaies d’Egypte. D’elle sortent les moustiques de la troisième plaie, Exod., vin, 16, 17, et les pustules de la sixième. Exod., ix, 9. Mise en mouvement par le khamsin de la neuvième plaie, elle empêche la lumière d’éclairer le pays pendant trois jours. Exod., x, 21-23. Voir Ourà.gah, t. iv, col. 1931. — 3° La loi sur l’épreuve de la femme accusée d’infidélité l’obligeait à boire une eau dans laquelle le prêtre avait mis de la poussière prise sur le sol du sanctuaire. Num., v, 17, 24. C’était une manière de marquer que le sanctuaire lui-même devait prendre parti contre la femme, si elle était vraiment coupable. Les Assyriens avaient un rite analogue. Ils versaient dans de l’eau du fleuve de la poussière du sanctuaire du dieu et d’autres poussières ramassées à différentes portes, et ils se servaient de ce mélange, non pour le faire boire, mais pour arroser la porte de la maison que l’on voulait sans doute préserver. Cf. Fr. Martin, Textes religieux et babyloniens, I™ série, Paris, 1903, p. 243-245. — 4° La poussière résulte de l’écrasement ou de la décomposition de certains solides. Ainsi le veau d’or est réduit en poussière. Exod., xxxii, 20 ; Deut., ix, 21. Voir Or, col. 1840, Quand les murs sont atteints de lèpre, on les racle et l’on jette la poussière au loin. Lev., xiv, 41. Voir Lèpre, t. iv, col. 186. Josias fit enlever du Temple tous les objets idolâtriques et réduire en poussière les idoles ; puis il ordonna de porter cette poussière à Béthel, centre idolâtrique, et sur les tombes du peuple. IV Reg., xxiii, 4, 6, 15. — 5° En signe de deuil, on se jetait de la poussière sur la tête. Jos., vii, 6 ; I Reg., iv, 12 ; Job, ii, 12 ; Etech., xxvii, 30 ; Am., ii, 7 ; Apoc, xviii, 19. Le prophète Michée, i, 10, annonçant le châtiment de Juda, joue sur le nom de la ville de Beth-Aphra, « maison de poussière », et dit d’elle : « À Beth-Aphra, je me roule dans la poussière, » c’est-à-dire je suis au comble de la désolation. Voir Aphra, t. i, col. 735. Cf. Jer., xxv, 34. En.Egypte, une des marques les plus fréquentes de douleur consistait à se barbouiller le visage de poussière et de boue (fig.162). Cf. Wilkinson, Manners and Customs, 2e édit., t. iii, pi. lxvh ; Maspero, Les contes populaires de l’Egypte ancienne, 3e édit., p. 10. Les Hébreux employaient dans l’expression de leur deuil la