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PORTUGAISES (VERSIONS) DE LA BIBLE


le texte original ou fait usage de locutions et d’idiotismes propres au pays où il vivait,

III. Versions portugaises depuis le milieu du xviir 3 siècle jusqu’à nos jours. — Au milieu du xviiJe siècle, à peu près au moment où apparaissait la version complète faite par Almeida et son auxiliaire (1748-1753), s’ouvre une période nouvelle pour la multiplication des traductions de la Bible. L’Église qui avait interdit la lecture de l’Écriture en langue vulgaire au commencement du [protestantisme pour entraver les progrès de l’hérésie naissante parmi le peuple, permit, dans la seconde moitié du xvii 8 siècle, pour détourner les fidèles de la lecture des versions protestantes, de publier des traductions en langue vulgaire à la condition qu’elles fussent accompagnées de notes et d’éclaircissements tirés des saints Pères et des savants catholiques, et approuvées par le Siège apostolique. Benoît XIV modifia en ce sens en 1757 la quatrième règle de l’Index formulée par Pie IV en 1564. Le résultat fut la publication de versions nouvelles parmi les catholiques : au Portugal, il parut presque simultanément deux traductions complètes de l’Ecriture.

1° Version de Figueiredo. — La première fut celle de P. Antonio Pereira de Figueiredo (né en 1725, mort en 1797). Il commença par le Nouveau Testament, lequel étaitprêt dès 1772, comme on le voit dans l’Épltre dédicatoire au cardinal D. Joào da Cunha († 1773), mais le premier volume ne fut imprimé qu’en 1778, nâopor culpa do auctor, dit le Prologue, daté du 8 janvier 1778, mas por infelicidade. La version de l’Ancien Testament commença par les Psaumes imprimés en 2 volumes en 1782, elle se continua par la Genèse et les autres livres, imprimés par l’imprimerie royale à lisbonne de 1783 â 1790. La traduction complète forme 23 in-8°. Dès 1781, on réimprima les deux premiers volumes du Nouveau Testament, corrigés pour le texte et augmentés pour les notes.

Peu de temps après parut la seconde édition de la Bible entière : Eiblia Sagrada, traduzida em porluguez segundo a Vulgata latina, illuslrada com préfacées, notas eliçôes variantes. Segunda ediçào revista e retocada pelo auctor. Les 17 volumes in-8°, que comprend l’Ancien Testament, furent imprimés par l’imprimerie royale de Lisbonne de 1791 à 1803 et les 6 du Nouveau Testament par Simào Thaddeo Ferreira de 1803 à 1805.

En 1794, commença à paraître une troisième édition, en deux colonnes, contenant l’une le texte latin et l’autre la traduction portugaise, texte et notes retouchés par l’auteur. Elle est dédiée au prince du Brésil D. Joào, dont elle reproduit en tête le portrait. Le tome pre mier contient une Prefacio gérai à toda a Sagrada Siblia, de xcv pages, dans laquelle il est dit que cette édition « est incomparablement plus correcte et augmentée, de telle sorte qu’on peut dire avec raison que c’est une version nouvelle ». Outre cette Préface générale, chaque livre est précédé d’une Préface spéciale plus ou moins courte dans laquelle Figueiredo indique les traductions en langues diverses dont il s’est servi pour la version de ce livre. Cette édition, imprimée à Lisbonne, par S. Th. Ferreira et terminée en 1819, comprend sept tomes in-folio.

Une réédition delà traduction de Figueiredo, avec le texte latin, en 2 in-f°, fut publiée en 1852-1853, par la Sibliotheca Economica, soas la direction d’Eduardo de Faria, auteur d’un Dictionnaire portugais, avec ce titre : A Biblia Sagrada contendo oVelhoe Novo Testamento. Traducçào do Padre Antonio Pereira de Figueiredo. Enriquecida com varias notas pelo mesnio traductor (excepto aquellas que foram condemnadas cm Ronia) e por D. Felippe Scio de S. Miguel, Bispo de Segovia, Bossuet, etc. Ornado com gravuras. Lisboa. Typographia de José Carlos de Aguiar Vianna, 1852. Appro vada pelo Cardeal Patriarcha de Lisboa em 9 de Janeiro de 1852. Cette Bible fut critiquée lors de son apparition à cause des fautes typographiques nombreuses, de la suppression des indications chronologiques et d’une partie des préfaces et aussi de l’insuffisance des notes.

Une nouvelle édition parut en 1854, avec le texte -latin à la librairie populaire et historique de Lisbonne, sous les auspices du cardinal patriarche. Le Patriarche en autorisa la publication le 4 juin 1852, à condition qu’elle reproduirait la seconde édition, in-4°, faite à Lisbonne en 1794, par Simào Thaddeo Ferreira, avec ses préfaces et ses notes, lesquelles avaient été expurgées, et qu’elle serait revue et corrigée par un savant ecclésiastique, aidé au besoin de deux autres réviseurs. Une préface nouvelle à l’Ancien Testament et une autre au Nouveau sont l’œuvre de l’un des censeurs, P. Francisco Recreio. Elle comprend trois volumes in-folio. Le troisième contenant le Novo Testamento. Vida de Nosso Senhor Jésus Christo, paru* en 1857. La vie de Notre-Seigneur forme un supplément publié en 1858, avec ce titre spécial : Vida de Nosso Senhor Jésus Christo, redïgida pelo Reverendo Abbade Brispot, e vertida em vulgar por Luis Filippe Leite, Director da Escola Normal Primaria de Lisboa.

La traduction de Figueiredo, sans le texte latin, fut éditée au Brésil, en 1864, en 2 in-4°, à Rio de Janeiro, par la librairie 0. B. L. Garnier. Elle contient peu de notes de Figueiredo et seulement dans les livres du Pentateuque, Josué, Esther, Daniel et Amos. Plusieurs livres n’ont aucune note. Celles qui sont relatives aux prophètes et au Nouveau Testament, œuvre du chanoine Delaunay, curé de Saint-Étienne-du-Mont à Paris, sont placées à la fin de la Bible, sans aucun renvoi dans le texte sacré. Cette édition, avec les notes explicatives de Delaunay, est approuvée par un mandement de l’archevêque de Bahia, alors métropolitain du Brésil, daté de 1863. — La Société biblique de Londres a publié diverses éditions de la version de Figueiredo, sans pré~ faces et sans notes, 1821, 1866, etc. La lecture en fut permise aux catholiques du Portugal par un acte du ministère du royaume, du 17 octobre 1842, reproduit dans la Revista universal Lisbonense, 1™ série, t. ii, p. 521. Francisco Recreio, un des censeurs de l’édition de la Librairie populaire de 1854, déclare à la fin de la préface que c’est « pour le bien de l’Église qu’est publiée avec le plus grand soin cette traduction, parce que la propagande protestante l’a fâcheusementintroduite dans le Portugal et les pays de sa domination, en la faisant imprimer à sa manière par ses presses impures et falsificatrices ».

Au point de vue philologique et littéraire, la traduction de la Bible par Figueiredo a justement la réputation d’une œuvre de valeur. Il avait toutes les qualités requises pour ce travail, fait sur la Vulgate latine, étant lui-même un excellent latiniste, « connu comme tel même à l’étranger, » dit Innocencio da Silva, auteur d’études historiques et théologiques en latin, ainsi que d’ouvrages classiques pour l’enseignement élémentaire, moyen et supérieur de cette langue, adoptés universellement pendant près d’un siècle au Portugal et au Brésil ; sa compétence l’avait fait nommer rédacteur pour les lettres latines de la secrétairerie d’État. Quant à sa composition en langue portugaise, voici ce qu’en dit Fr. Recreio, dans la première préface de l’édition’de la Librairie populaire : « Dans le catalogue des livres à consulter pour la continuation du Dictionnaire de la langue portugaise, publié par ordre de l’Aca demie royale des sciences de Lisbonne, figure la traduction de l’Ancien et du Nouveau Testament, édition in-8° d’Antonio Pereira de Figueiredo. Cette mention est la preuve authentique de son caractère classique. » On ne peut donner de semblables éloges aux notes que Figuei-