Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/287

Cette page n’a pas encore été corrigée
561
562
PORTUGAISES (VERSIONS) DE LA BIBLE


titre constatait que c’étaient les Epistolase Evangëlhos em portuguez par Gonçalo Garcia de Santa Maria, Da Silva n’affirme point que c’était l’édition de 1479, citée dans Je tome n de la Bibliotheca Lusitana, puisque le livre ne contenait ni frontispice ni suscription finale avec la date de l’impression, mais il dit qu’il n’a pas de doute que, s’il n’était du xve siècle, il doit être au moins du commencement du xvie. Pour se rendre compte que c’était un livre différent de celui dont parle Ferreira Leitào, il suffit à Da Silva de constater que celui que mentionne Leitâo avait 138 pages, tandis que celui que vendit le libraire Bertrand en avait plus de 400, sans compter celles qui étaient perdues- à la fin.

A peu près contemporaine de la version de Gonçalo Garcia fut celle de D. Philippa de Lancastre, fille de l’infant D. Pedro et petite-fille de D. Joào I". Elle vécut de 1435 à 1497 et acheva ses jours dans le couvent des religieuses cisterciennes d’Odivellas. Le premier qui mentionne cette traduction est Jorge Cardoso (16061669) dans VAgiologio Lusitano, au Il février, la lettre A. Elle a été citée depuis par le théatin D. Antonio Cætano de Sousa (1674-1759) dans le t. il de VHistoria Genealogica da Casa Real, et par Diogo Barbosa dans le t. il de la Bibliotheca Lusitana. D’après ces auteurs cette version, faite sur une traduction française, renferme les Evangelhose Homilias de todo o anno. Les deux premiers, et Antonio de Figueiredo, dans la Préface générale de sa traduction de la Bible, nous apprennent que, de leur temps, cette œuvre se conservait encore dans le monastère des Cisterciennes d’Odivellas. Augusto Soares d’Azevedo Barbosa de Pinho Leal, parle aussi de ce travail, en 1875, dans le t. vi de son Portugal Antigoe Moderno, au mot Odivellas. « D. Philippa, dit-il, écrivit un manuscrit et l’orna de belles miniatures ; c’est un ouvrage de grand mérite, qu’elle donna au monastère ; il existe encore. » Sur le degré d’instruction de la princesse, le même auteur ajoute : « Dirigée par son père dans son éducation, elle connaissait à fond le latin et le français et elle a laissé des œuvres écrites de sa main. »

Dans la Resposta â Consulta que o Deputado (da Real Mesa censoria) Antonio Pereira de Figueiredo fez aô Sr. Bispo de Beja sobre versôes partidas da Biblia em vulgar, em Fevereiro de 4794 (manuscrit qui, selon l’auteur de la Préface à la seconde édition de la Bible traduite par Figueiredo, appartient aujourd’hui à l’Académie des sciences de Lisbonne), D. Fr. Manuel do Cenaculo rapporte que la reine D. Leonor, femme de D. Joào If, fit imprimer la traduction des Actos dos Apostolos, as duas Epistolas de S. Pedro, as ires de S. Joâoe a de S. Judas, mais il ne dit pas par qui elle avait été faite et s’il en existe des exemplaires.

Si ce n’est pas la même version, c’est au moins une version de la même époque, celle des Actos dos Apostolos, dont nous avons parlé plus haut, qui a été publiée dans le t. I de la Collecçào de Ineditos Porluguezes, éditée par D. Fr. Fortunato. D’après ce prélat, cette version fut faite, peut-être d’après une autre version plus ancienne, par Fr. Bernardo de Alcobaça, qui vivait sous le règne de D. Joào II. C’est à ce Fr. Bernardo de Alcobaça qu’on attribue généralement et avec raison la traduction portugaise de la Grande vida de Jésus Christo, écrite en latin par Ludolphe le Chartreux. Cette traduction fut imprimée à Lisbonne en 1495, par ordre du roi D. Joào II et de sa femme D. Leonor.

Il est inutile d’énumérer ici en détail diverses versions de moindre importance, qui sont de la même époque ou peu postérieures, des traductions d’un certain nombre de Psaumes ou de chapitres d’autres livres de la Bible, intercalés occasionnellement dans

des biographies ou dans des livres d’histoire ou de littérature profane.

II. Versions portugaises depuis le xvi » siècle jusqu’au milieu du xviiie siècle. — Dans le cours du xvi « siècle, avec l’apparition du protestantisme et la propagation de sa fausse doctrine du libre examen et de l’interprétation privée des Écritures, la lecture de la Bible devint, dans une certaine mesure, un danger pour ceux qui n’étaient pas familiers avec les règles de l’herméneutique sacrée et qui ne connaissaient pas la véritable interprétation donnée aux Livres Saints par l’Église qui en a le dépôt. Pour ce motif, Pie IV, le 24 mars 1564, en publiant par la Bulle. Doniinici Gregis l’Index des livres défendus, établit dans la règle 4, que l’usage des versions de la Sainte Écriture n’est pas permis à tous sans discernement, mais que la permission de les lire n’est accordée qu’à ceux qui, au jugement de l’évéque ou de l’inquisiteur, peuvent le faire sans péril et au profit de leur foi et de leur piété. En Portugal, la religion des rois très fidèles et le zèle des évêques avaient déjà prévenu ce décret du Saint-Siège en adoptant à l’avance des mesures analogues. Les exemplaires de tout livre de la Bible traduit en langue vulgaire devaient porter à la première page la permission accordée à celui qui pouvait s’en servir, et les versions, quelquefois même dans les manuscrits originaux, portaient le nom de celui à qui elles étaient destinées. On possède des documents historiques qui en témoignent. Ribeiro dos Sanctos, dans sa Memoria da Litteratura Sagrada, publiée dans le t. il des Memorias de Litteratura Portugueza, de l’Académie des sciences de Lisbonne, cite un exemplaire de la Bible où était incorporée à la première page la permission donnée par Fr. Francisco Foreiro pour autoriser Francisco de Sa de Miranda († 1558) à en faire usage. Barbosa dans la Bibliotheca Lusitana et Figueiredo dans la Préface de sa traduction de la Bible, parlent d’une version manuscrite des Psaumes de la pénitence, faite par D. Fr. Antonio de Sousa († 1597), évêque de Viseu, pour l’usage de sa sœur la comtesse de Monsanto.

Ces défenses restrictives furent cause que les versions devinrent de plus en plus rares et que les savants s’appliquèrent surtout dès lors à commenter en latin le texte latin de la Vulgate, chaque écrivain choisis-^ sant le livre de l’Écriture pour lequel il se sentait le plus d’attrait. L’auteur de la Préface générale de la version de la Bible par Figueiredo, éditée à Lisbonne en 1854, énumère un grand nombre de ces commentateurs, parmi lesquels figurent des noms de grande autorité dans les lettres portugaises, comme ceux de Bartholomeu dos Martyres, Bernardo de Brito, Francisco Foreiro, Heitor Pinto, Joào de Lucena, Manuel de Sa, Antonio Vieira, Francisco de Mendonça, etc.

De leur côté, les protestants, interprétant malignement la défense faite par Pie IV, accusèrent l’Église d’interdire aux fidèles la lecture des Livres Saints afin qu’ils ne pussent pas connaître ce qui la condamnait dans les écrits sacrés, et ils se mirent avec une grande activité à composer et à publier des versions de la Bible, en supprimant une partie des livres du canon, en altérant parfois les textes comme il leur convenait et en proclamant surtout qu’il était libre à chacun de les interpréter à son gré. Ils trouvèrent un collaborateur pour la langue portugaise dans la personne d’nn prêtre apostat du xviie siècle qui était devenu ministre calviniste en Hollande ; il publia : Novo Testament ! ), isto é, todos os sacrosantos livros de escriptos evangelicose aposlolicos, do novo concerto de nosso fiel senhor, Salvadore redemptor Jesu Christo ; agora Iraduzidos em portuguez pelo Padre Joào Ferreira A. de Almeida, ministro prégador do Sancto Evangelho. Comtodasas licençasnecessaria. Em Amster-