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PORC — PORC-ÉPIC


Écriture. Pour marquer le mépris de Dieu à l’égard du culte purement extérieur, Isaïe, lxvi, .3, dit : « Celui qui présente une oblalion offre du sang de porc, » c’est-à-dire celui qui présente à Dieu une oblation sans l’accompagner de sentiments intérieurs lui est aussi odieux que s’il offrait du sang de porc. La femme qui a le don de la beauté, mais est dépourvue de sens, est comparée à un anneau d’or au nez d’un pourceau. Prov., xi, 22. Anneau et beauté sont également mal placés. Notre-Seigneur dit : « Ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds. » Matth., vii, 6. Les pourceaux désignent ici les hommes grossiers, uniquement préoccupés de plaisirs immondes et de pensées terrestres. Ils n’apprécieraient pas, ils mépriseraient, ils profaneraient la doctrine évangélique et les biens spirituels, représentés par les perles. Inutile donc de les leur offrir. Pour indiquer le degré d’abaissement où est tombé le tils prodigue, Notre-Séigneur dit qu’on l’envoya garder les pourceaux. Luc, xv, 15. Les docteurs interdisaient aux Juifs d’être gardiens de pourceaux. Baba kama, vii, 7 ; Jerus. Scheka 125. — Tuile de la Legio X’avec l’emblème du sanglier.

lirn, ꝟ. 47, 3. Mais le fils prodigue n’est plus dans son pays ; il est tombé si bas qu’il est devenu étranger à sa famille et à sa nation. Enfin, saint Pierre, parlant des faux docteurs qui, après avoir connu la vérité, enseignent le mensonge, leur applique le proverbe : « La truie vautrée s’est lavée dans le bourbier. » II Pet., Il, 22. Horace, Ep., i, ii, 26, dit de même, en unissant ensemble, comme l’Apôtre, le chien et la truie :

Vixisset canis immundus, vel arnica luto sus.

Sur le hâzir de Ps. lxxx (lxxxix), 14, voir Sanglier.

4° Lorsque le Sauveur vint aux pays des Géraséniens (voir t. iii, col. 204), et qu’il eut guéri un possédé dont le démon disait s’appeler « légion » (voir t. iii, col. 159), pour indiquer que les esprits mauvais se trouvaient là en grand nombre, ces esprits demandèrent à être envoyés dans un troupeau de deux mille pourceaux qu’on faisait paître dans le voisinage. Le Sauveur le leur permit. Aussitôt les pourceaux, sous l’influence des démons, se précipitèrent du haut de la colline à pic dans le lac de Tibériade et y périrent tous. Matth., viii, 30-34 ; Marc, v, 9-20 ; Luc, viii, 30-39. Les évangélistes ne disent pas à qui appartenait ce nombreux troupeau. Que, contrairement à l’esprit de la Loi, il ait appartenu à un Juif, qu’il ait été gardé par des porchers juifs, ou bien qu’il ait eu pour propriétaire et pour gardien des étran

gers, Notre-Seigneur, qui commandait aux démons, n’en était pas moins le maître d’agir comme il le fit. Le troupeau, il est vrai, n’était pas en terre juive. Son voisinage n’en constituait pas moins une tentation ou une sorte de défi à l’égard des Israélites de l’autre rive du lac. Du reste, la perte était compensée par la sécurité rendue à la localité ; car auparavant la fureur des possédés rendait le chemin impraticable. Matth., viii, 28. — On a retrouvé à Jérusalem des tuiles portant l’estampille de la Legio X » Fretensis, qui, sous l’empereur Hadrien, campa à Gadara, non loin du pays des Géraséniens. Plusieurs de ces tuiles portent comme emblème un porc ou plutôt un sanglier (fig. 125). Cette représentation ne constitue pas, comme on l’a cru un moment, cf. Revue archéologique, 1869, t. xx, p. 259, une insulte à la nation juive ; car l’emblème du sanglier appartenait à plusieurs légions. Encore moins faut-il songer à chercher une relation quelconque entre la a légion » des démons se précipitant dans les porcs, et la Legio Fretensis ayant le porc ou le sanglier pour emblème. À l’époque évangélique, la X a légion campait en Espagne ; elle ne vint en Judée que pour la campagne de Vespasien. Tacite, Hist., v, 1. Cf. Revue

biblique, 1900, p. 101-105.

H. Lesêtre.
    1. PORC-ÉPIC##

PORC-ÉPIC, mammifère de l’ordre des rongeurs, qui, en dépit de son nom, n’a rien de commun avec le

126. — Le porc-épic.

porc, et se rapproche plutôt des lapins par sa taille et ses habitudes (fig. 126). Il est très inoffensif, malgré les piquants raides et aigus dont son corps est couvert. Ces piquants sont creux comme les tuyaux d’une plume, clairsemés et assez peu adhérents à la peau pour tomber souvent quand l’animal fait des mouvements brusques. Le porc-épic vit dans des terriers profonds. Il en sort la nuit pour chercher les graines, les racines, et même parfois les œufs et les petits oiseaux dont il se nourrit.

— Le porc-épic n’est pas nommé dans la Sainte Écriture, bien que certains auteurs le croient désigné par le mot qippôd, comme le hérisson, avec lequel ses piquants lui donnent quelque ressemblance. Voir Hérisson, t. iii, col. 609. Pourtant l’espèce hystrix cristata est fort commune en Palestine, dans les régions rocheuses et dans les gorges des montagnes. Elle abonde dans le voisinage de la mer Morte, dans la vallée du Jourdain et dans tous les endroits où les fentes des rochers peuvent lui ménager un abri. Le porc-épic n’a pas besoin d’eau ; il peut vivre par conséquent là où presque aucun autre mammifère serait incapable de résider. Il reste à dormir pendant l’hiver, et, le reste du temps, ne sort que la nuit. Aussi ne le rencontre-t-on pas vivant, excepté quand les Arabes réussissent à s’emparer de lui dans sa retraite. Celle-ci se reconnaît aux empreintes de pattes et au grand

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