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POOLE — PORC


se réfugier â Amsterdam on il mourut. — Une 2e édition de la’Synopsis, 5 in-f°, fut publiée à Francfort en 1679 ; une 3e édition à Utrecht en 1684 ; une 4° à Francfort en 1694 (toujours en 5 in-f°), augmentée d’une vie de l’auteur, une 5e à Francfort en 1709, 6 in-f°, grossie d’un commentaire sur les Apocryphes (deutérocanoniques). L’ouvrage fut mis à l’Index le 21 avril 1693. — Poole mourut avant d’avoir pu terminer ses Annotations on the Holy Bible qu’il n’eut le temps de pousser que jusqu’au chapitre lviii d’Isaïe. Le travail fut achevé par d’autres presbytériens et publié en 2 in-f°, 1683. Il a été souvent réimprimé. La dernière édition, 3 in-8°, a paru en 1840. — Voir S. Lee, Dictionary of national Biography, t. xlvi, 1896, p. 99. J. Montagne.

PORC (bébreu : hâzïr, le humsiru assyrien ; Septante : x°4>° ! > 3î ; Vulgate : porcus, sus), mammifère de l’ordre des bisulques, à pied fourchu et à doigts pairs ; c’est le type des porcins (%. 123). — Le porc est surtout remarquable par sa voracité, qu’on exploite pour l’engraisser. Il se nourrit de glands et de fruits sauvages. Guidé par son odorat très tin, il fouille la terre de son

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123. — Le porc.

boutoir pour y chercher les larves d’insectes, les racines et les tubercules. Tous lesdétritus lui sont bons, et, pour les trouver, il se vautre dans toutes les fanges. Il lui arrive de dévorer ses petits et même parfois de jeunes enfants. Il vit jusqu’à 20 ans, et, chaque année, la truie a deux portées de 12 à 15 petits chacune. La chair du porc fournit un aliment substantiel, mais de digestion un peu difficile. Dans les pays chauds, elle devient aisément malsaine.

1° L’usage de la viande de porc était interdit aux Israélites. Lev., xi, 7 ; Deut. r xiv, 8. Cf. Tacite, Hist., v, 4 ; Juvénal, Sat., xiv, 98 ; Macrobe, ii, 4. Cette prohibition ne leur était pas spéciale. En Egypte, le simple contact du pourceau rendait impur. Cependant, à la pleine iune, il était permis d’immoler des porcs à Osiris et à la Lune, et ensuite d’en manger, mais seulement ce jour-là. Hérodote, ii, 47. Les Égyptiens ne laissaient pas d’élever des porcs en grand nombre’(fig. 124) ; quand les eaux du Nil se retiraient, ils lâchaient les porcs dans les champs avant de les ensemencer ; le piétinement de ces animaux suffisait à tenir lieu de labour. Hérodote, ii, 14. Cf. Élien, Hist. animal, x, 16 ; Plutarque, De hid., 8 ; Josèphe, Cont. Apion., ii, 13. L’abstention du porc était encore en vigueur chez les Indiens, Élien, Hist. animal., xvi, 37 ; cꝟ. 1. 1, col. 615 ; chez les Arabes. Pline, H. N., viii, 78, dont la coutume a été consacrée par le Coran, ii, 168 ; v, 4 ; vi, 146 ; xvi, 116 ; chez les Éthiopiens, Porphyre, De abstin., i, 14 ; chez les Phéniciens, Hérodien, v, 6, 21 ; voir cependant Lampride, Vil. Hêliogabal., 31, qui est d’un avis contraire. Les Cretois s’en abstenaient également, mais parce qu’ils considéraient le porc comme sacré. Athénée, ix, 375. Les troglodytes ou les Chananéens qui précédèrent les Hébreux en Palestine mangeaient le

porc ou l’offraient en sacrifice. On a retrouvé dans les cavernes de l’époque néolithique, à Gazer, les ossements de ces animaux. Cf. Revue biblique, 1904, p. 428. Les ossements de porcs qui abondent dans le haut-lieu néolithique de Gazer, donnent même à penser que le porc était une victime préférée dans l’ancien culte chananéen, ce qui expliquerait encore la prohibition absolue de l’usage du porc par la loi mosaïque. Cf. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 188, 202. Tacite, Hist., v, 4, se fait l’écho d’une fable, quand il prétend que les Israélites s’abstenaient du porc à cause d’une lèpre dont ils auraient été atteints et à laquelle le porc est sujet. Porphyre, De abstin., i, 14, prend l’effet pour la cause, quand il dit que les Phéniciens et les Juifs ne mangeaient pas de porc parce qu’il ne s’en trouvait pas dans leurs pays. Les raisons qui avaient déterminé le législateur des Hébreux étaient à la fois d’ordre moral et d’ordre hygiénique. Voir t. i, col. 617, 620. Cf. S. Jérôme, Adv. Jovin., ii, 6, t. xxiii, col. 291. L’abstention de la chair de porc demeura l’une des caractéristiques du peuple juif. Cf. Philon, De concupiscent., 4-9, édit. Mangey, t. ii, p. 352-355 ; Juvénal, Sat., vi, 160 ; xiv,

124. — Porcher et troupeau de porcs en Egypte. D’après Wilkinson, Manners, t. ii, p. 100.

98 ; Cassel, De Judœorum odio et abstinenlia a porcina ejusque causis, Magdebourg, 1740.

2° Les prescriptions de la loi ne furent pas toujours suivies par les Israélites. Isaïe, lxv, 4, parle de ceux qui, de son temps, mangeaient de la chair de porc et des mets impurs, dans des cachettes où ils se retiraient la nuit. Il décrit ce que se passait dans les jardins idolâtriques, où, à l’exemple de celui qui présidait l’assemblée, chacun mangeait de la chair de porc et d’autres choses abominables. Is., lxvi, 17. — À l’époque machabéenne, les persécuteurs des Juifs entreprirent de leur imposer la transgression de la loi mosaïque au sujet du porc. Pour profaner le sanctuaire, le roi Antiochus Epiphane ordonna, sous peine de mort, d’y offrir en sacrifice des pourceaux et d’autres animaux impurs. Beaucoup de Juifs se soumirent à cet ordre. I Mach., i, 50, 55. Il voulut anssi obliger les Juifs fidèles à manger la viande de porc, et il la taisait introduire de force dans la bouche de ceux qui résistaient. Il Mach., vi, 18. Le docteur Éléazar donna à cette occasion un admirable exemple de droiture de conscience et de fermeté. II Mach., vx, 18-31 ; voir Eléazar, t. ii, col. 1652. Sept frères et leur mère subirent ensuite courageusement Je martyre, plutôt que de manger de la chair de porc. II Mach., vii, 1-41. Sous Caligula, le préfet d’Egypte, Flaccus, obligeait les femmes juives à manger de la chair de porc en plein théâtre. Philon, In Flacc, 11, t. ii, p. 529-531. Par la suite, les Juifs ne furent pas toujours aussi intransigeants dans leur répulsion pour la chair de porc. Cf. Drach, De l’harmonie entre l’Église et la synagogue, Paris, 1844, t. i, p. 265, 266.

3° L’horreur dont le porc était l’objet parmi les Israélites se manifeste en plusieurs passages de la Sainte