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PONT


face du Caucase, tandis que l’autre s’avance à l’intérieur, comme un prolongement de l’Antitaurus. Quelques-uns de leurs sommets atteignent plus de 3000 mètres. Les montagnes du sud donnent naissance à de nombreuses rivières, qui sillonnent tout le pays ; on en a compté jusqu'à vingt-huit. Les principales sont le Halys, aujourd’hui Kisil-lrmack, l’Iris et le Lycos. Les vallées étaient très fertiles, surtout celle qui borde le Pont Euxin ; elles produisaient, spécialement dans la partie occidentale, toutes sortes de céréales et d’arbres fruitiers, Cf. Strabon, XII, 1, 15 ; Pline, H. N., xiv, 19 ; Théophraste, Hist. planlar., iv, 5 ; viii, 4 ; ix, 16. Les abeilles y abondaient ; aussi faisait-on un commerce considérable de miel et de cire. Voir Xénophon, Anab., IV, viii, 16, 20 ; Pline, H. N., xxi, 45. Les eaux des rivières étaient très poissonneuses, et l’on trouvait des minerais variés dans les montagnes. On rencontrait partout, suivant les zones et les altitudes, des pâturages, des champs cultivés, des vignobles, des vergers, des forêts. La situation commerciale était excellente aussi,

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121. — Carte du Pont.

grâce aux ports de l’Euxin et aux vallées fluviales. Le climat est généralement tempéré, doux et agréable, comme celui de la région méditerranéenne. Cf. Strabon, II, l, 15 ; XII, ii, 10.

Les habitants appartenaient par leur origine, les uns à la Colchide, les autres à la Grèce, d’autres à de nombreuses tribus dont la parenté ethnologique est très obscure} parmi elles, on mentionne les Tibareni, les Macrones, les Mocynœci, les Chalybes, etc. Quelques-unesappartenaient à la race sémitique, notamment les Leucosyri, ou Syriens blancs, qui semblent être descendus des Assyriens. À eux tous, ils formaient une vraie mosaïque de nations, et parlaient, au dire des anciens auteurs, 22 ou 25 langues distinctes. Voir ValèreMaxime, VIII, vii, 16 ; Quintilien, I, ii, 50 ; Pline, H. N., xxv, 2 ; Aulu-lielle, xvil, 17. Le long de la côte, des colonies grecques, venues en partie de Sinope, en partie de Milet, s'étaient établies depuis le xviie siècle avant J.-C. et étaient parvenues à une grande prospérité. Les peuplades de l’intérieur, surtout à l’est, étaient très sauvages, à demi barbares. Voir Strabon, loc. cit. ; R. Hansen, De gentibus in Ponto orientali habitantibus, Kiel, 1876.

Plus de cent villes, dont plusieurs riches et peuplées, étaient un signede la prospérité du pays ; quelques-unes d’entre elles sont encore pleines de vie. Les plus célèbres, étaient 1° sur le rivage de l’Euxin : Sinope, actuellement Sinoub, Amisus ou Sanisoûn, Trapezus ou Trébizonde, Pharnacéia, Side ; 2° dans l’intérieur : Amaséia, qui devint, l’an 7 avant J.-C, l’a capitale delà province romaine du Pont ; Çomana Pontica, Lycopolis, Sébastia ou SiudsyCabira, appelée plus tard Néocésarée.

II. Histoire du Pont. — Elle est assez difficile à résumer, tant elle a eu de vicissitudes. Tel est d’ailleurs

le cas pour la plupart des provinces d’Asie Mineure. Après l'époque de Cyrus, le Pont demeura sous la domination au moins nominale de la Perse, et fut gouverné par des satrapes. Cf. Hérodote, iii, 94 ; vii, 77, etc. Ses annales proprement dites ne s’ouvrent qu’avec la famille des Mithridate, qui lui procura tant de gloire et aussi tant de revers. Un premier Mithridate, qu’on dit avoir appartenu à la noblesse perse, fut le fondateur de cette dynastie. Ariobazane, son fils, 363337 avant J.-C, subjugua quelques tribus du Pont, qui avaient été jusqu’alors plus ou moins indépendantes, et jeta ainsi les bases d’un territoire à part. Voir Diodore de Sicile, xv, 90. Son fils et successeur, Mithridate II, poursuivit son œuvre. Mais c’est surtout Mithridate III, 301-266, qui fonda vraiment le royaume du Pont, en profitant, pour s'établir solidement, des guerres intestines que se livraient alors les Diadoques ou successeurs d’Alexandre le Grand. On le désigna plus tard par le surnom de ktistès, « fondateur n. Il prit le titre de roi en 296. Son domaine, qui s'étendait d’abord sur les districts paphlagonien et cappadocien situés près du cours inférieur du fleuve Halys, ne tarda pas à embrasser aussi les régions pontiques proprement dites. Durant deux siècles ce royaume continua de grandir, presque en silence, éclipsé par les deux dynasties des Séleucides et des Ptolémées, et même aussi par les deux petits royaumes de Bithynie et de Pergame, nés en même temps que lui.

C’est sous son dernier roi, Mithridate VI Eupator, dit le Grand (120-63), qu’il s'éleva tout à coup à une grandeur prodigieuse. Ce prince fut presque perpétuellement en guerre, en premier lieu avec ses voisins du nordest de l’Asie, auxquels il enleva tour à tour la Chersonèse taurique, la Colchide, la Petite Arménie et une grande partie de l’Asie Mineure, puis avec les Romains, dont il avait d’abord recherché l’amitié. Sa lutte avec Rome se prolongea, à part quelques intervalles de trêve, durant de longues années, 92-65 avant J.-C. La grande république n’eut guère d’adversaires plus terribles. Cicéron disait de lui, Pro Mànl., xv, 32, que c'était « le plus grand des rois auxquels le peuple romain eût jamais fait la guerre. » Sylla lui-même, envoyé contre lui, n’arriva pas à remporter des avantages décisifs. Finalement, Mithridate fut défait par Pompée en 65, et son territoire fut divisé en plusieurs morceaux. La région septentrionale, voisine de la mer Noire, et la région occidentale furent incorporées à la province de Bithynie, établie depuis l’an 74, et la nouvelle province ainsi formée reçut le nom de Bithynia et Pontus. Les districts méridionaux furent partagés entre un certain nombre de petits dynastes du pays. Cf. Dion Cassius, xlii, 45 ; Strabon, XII, i, 4. C’est ainsi que Polémon reçut d’Antoine, l’an 36 avant J.-C, le territoire situé prés du Lycos, qui fut nommé Pontus polemoniacus. De son côté, Déjotare, roi de Galatie, recevait la partie située entre les rivières Iris et Halys, qui forma le Ponlus galaticus. Enfin, la partie orientale échut au roi de Cappadoce, et devint le Pontus cappadocicus. On trouve ces trois contrées ainsi désignées, non seulement par les historiens, mais aussi sur d’anciennes inscriptions. À Polémon I er succéda Polémon II, qui, en 63 après J.-C, se désista en faveur de Néron. Suétone, Nero, 8. Il avait épousé en secondes noces Bérénice, fille d’Hérode Agrippa I er et sœur d’Hérode Agrippa II. Josèphe, Ant., XX, vii, 3. Voir Bérénice 2, t. i, col. 1012.

III. Le Pont et le Nouveau Testament. — Le Pont est mentionné à trois reprises dans les écrits du Nouveau Testament : deux fois au livre des Actes, ii, 9, et xvin, 2, et une fois au début de la I re Épître de saint Pierre, I Pet., i, 1. Dans le premier de ces passages, Act., ii, 9, le Pont est cité avec plusieurs autres provinces d’Asie Mineure, la Cappadoce, l’Asie proconsulaire, la Phrygie et la Pamphilie, dans la longue liste