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PONCTUATION HEBRAÏQUE — PONT


consonne, tandis que le mahpâk, qui lui est entièrement semblable, est mis à gauche de la syllabe qui porte l’accent tonique, etc.

4. Les principaux signes de ponctuation entraînent souvent des changements dans les voyelles auprès desquelles ils sont placés. Tantôt ils les allongent, tantôt ils les abrègent, suivant les circonstances. Les grammaires un peu complètes donnent les règles de ces changements. — Il arrive çà et là que le même accent est employé plusieurs fois de suite dans un membre de phrase. Cf. Gen., i, 20, dans la première moitié du verset. Il perd alors graduellement de sa force, au fur et à mesure qu’on avance dans la phrase.

VII. Utilité de ce système de ponctuation. — Elle est indéniable, car cet ensemble de signes a d’abord contribué à fixer de bonne heure le sens traditionnel du texte original de l’Ancien Testament, en joignant et en séparant les mots d’une manière logique ; puis, grâce à la vigilance minutieuse des massorètes, qui n’ont pas moins surveillé la ponctuation que les consonnes et les voyelles, elle a servi aussi à maintenir ce texte dans une assez grande pureté. Le travail des ponctuateurs se conforme bien, d’ordinaire, à la signification naturelle de la parole divine. Il représente l’interprétation courante de la Bible hébraïque par les anciens Juifs, à l'époque où il fut accompli.

La ponctuation hébraïque parut, pendant longtemps, si excellente aux commentateurs israélites, qu’Abraham Aben Esra, au xiie siècle, alla jusqu'à édicter cette règle : « Aucune interprétation d’un passage biblique ne devrait être acceptée, si elle n’est pas conforme à l’accentuation. » Néanmoins, dans la pratique, presque aucun exégète juif ne s’est conformé rigoureusement à ce principe, pas même Aben Esra ; et ils ont eu raison, car le système a des imperfections manifestes, et il est évident que ses créateurs n’ont eu ni le désir, ni le droit d’imposer des liens perpétuels à ceux qui devaient interpréter après eux les saintes Écritures. Un autre savant juif très illustre, Kimchi, a donc pu dire en toute justesse, In Ose., xii 17 : « En interprétant l'Écriture, nous ne sommes pas liés par les accents. » Il y a quelques endroits, cependant, où la ponctuation rabbinique est préférable à celle des Septante et de la Vulgate ; par exemple, au passage célèbre Is., xl, 3, où on lit, d’après l’accentuation de l’hébreu : « Une voix crie : Dans le désert préparez le chemin du Seigneur ; » d’après les Septante et notre version latine officielle, comme aussi d’après les passages du Nouveau Testament qui reproduisent ce texte, Matth., iii, 3 ; Marc, I, 3 ; Luc, iii, 4 ; Joa., i. 23 : « Une voix crie dans le désert : Préparez… »

VIII. Bibliographie. — 1° Dans les temps plus éloignés de nous. Le plus ancien traité que nous ayons sur la ponctuation hébraïque est celui du grammairien juif Ben Ascher, qui vivait dans la première moitié du Xe siècle ; il a été réédité sous ce titre : Diqduqé haTeamim des Ben-Ascher von Tiberias, herausgegeben von S. Bær und H. L. Strack, in-8°, Leipzig, 1879. On a aussi, dans le même sens, J. Derenbourg, Manuel du Lecteur, traduction d’un traité arabe sur les accents et la Massora, in-8°, Paris, 1871 ; voir aussi Journal asiatique, juillet-décembre, 1870, VIe série, t. xvi, p. 309-550. — 2° Ouvrages spéciaux, contemporains : A. B. Davidson, Outlines of hebr. Accentuation, in-8°, Londres, 1861 ; A. Geiger, Zur Kakdanim (= Punktatoren) Literatur, dans la Jûdische Zeitschrift fur Wissenschaft und Leben, 1872, t. x, p. 10-35 ; L. Segond, Traité élémentaire des accents hébreux, in 8°, Genève, 2e édit., 1874 ; E. Kônig, Gedanke, Laut und Accent als die drei Faktoren der Sprachbildung, in-8°, Weimar, 1874 ; H. Strack, Beitrag zur Geschichte des hebràischen Bibeltextes, dans les Theolog. Studien und Kritiken, 1875, p. 736-747 ; M. Schwab, Des points-voyelles

dans les langues sémitiques, dans les Actes de la Société philologique, t. vii, in-8°, Paris, 1875 ; Frz. Delitzsch, Elementa accentuationis metricse, dans l’ouvrage Liber Psalmorum, textum massoreticum accuratissitne expressit… S. Bær, in-8°, Leipzig, 1880, p. vin-xii ; S. Wejnkoop, Leges de accent, hebr. linguse ascensione, in-8°, Leyde, 1881 ; H. Gràtz, Étude sur la ponctuation hébraïque, dans la Monatschrift fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, 1882, p. 389-409 ; W. Wickes, À treatise on hebr. Accentuation, in-8°, Oxford, 1881-1887, ouvrage très solide ; Ilermann, Zur Geschichte des Streites liber die Entstehuny der hebràischen Punktation, in-8°, Ruhrort, 1885 ; A. Bùchler, Untersuchungen zur Entstehung und Enlwickelung der hebr. Accente, in-8°, Vienne, 1891 ; A. Ackermann, Das hernienéutische Elément in der biblischen Accentuation, in-8°, Berlin, 1893 ; Nathan, Die Tonzeichen in der Bibel, in^8°, Hambourg, 1893 ; S. Bachrach, Das Alter der hebr. Vocalisation und Accentuation, in-8°, Varsovie, 1895 ; H. Grimme, Grundzùge der hebràischen Akzente und Vokallehre, in-8°, Fribourg (Suisse), 1896 ; J. M. Japhet, Die Accente der heiligen Schriften, in-8°, Francfort-sur-le-Mein, 1896 ; F. Prætorius, Ueber dem zuruckweichenden Accent im Hebràischen, in-8°, Halle, 1897 ; Id., Die Herkunft der hebr. Accente, in-8°, Berlin, 1901 ; P. Kahle, Zur Geschichte der hebràischen Accente, dans la Zeitschrift der morgenlàndischen Gesellschaft, 1901, t. lv, p. 167194 ; The Jewish Encyclopedia, New-York, 1900-1905, t. i, au mot « Accents », p. 149-158, et t. x, au mot « Punctuation », p. 268-273. Voir aussi E.Kônig, Historisc/ikritischer Lehrgebàude der hebràischen Sprache, t. i, Leipzig, 1881, p. 52-90 ; t. ii, l re partie, Leipzig, 1895, p. 349-362. L. Fillion.

i. PONT (grec : llo-no ; ), nom qui a désigné, à différentes époques de l’histoire, un territoire du nord-est de l’Asie Mineure, dont les limites ont beaucoup varié. Directement il représente la mer,-jiôvtq ; , et en particulier la mer Noire, le Pont Euxin des anciens, Ilovto{ etfÇeivoç, « mer hospitalière. » Puis on l’employa comme une dénomination appliquée aux côtes sud-est de cette mer. Xénophon, Anabasis, V, vi, 15, est le plus ancien auteur qui en ait usé en ce sens. Ailleurs, nous apprenons que c’est une abréviation pour Ka-jiTiaêoxi’a t| itepi tô Eû'leivov, « la Cappadoce qui est près de l’Euxin, » Polybe, v, 43, ou K. tj-jipôç tw ittfv’rw, « la Cappadoce qui est près de la mer. » Strabon, XII, i, 4.

I. Situation géographique. — À l’origine, le pays qui portait ce nom n'était donc qu’une bande de territoire qui s'étendait le long de la côte de l’Euxin, entre la Colcbide, à l’est, et le fleuve Halys, à l’ouest. Il faisait partie du vaste domaine de la Cappadoce, qui allait de la Cilicie au Pont Euxin. Sous la domination persane, il fut divisé en deux satrapies ou gouvernements, dont le plus septentrional, borné au nord par la mer et au sud par le mont Paryadrès, fut appelé, comme nous venons de le voir, Cappadoce sur le Pont, puis simplement le Pont. Du côté de l’ouest, son territoire s’avançait davantage dans les terres. Les contrées limitrophes étaient : au sud-ouest, la Galatie ; au sud la Cappadoce proprement dite et la Petite Arménie ; à l’est, la Colchide et l’Arménie ; à l’ouest, la Paphlagonie. Voir fig. 121. Néanmoins, comme, nous l’apprendra le résumé de l’histoire du Pont, ces limites ne furent pas les mêmes à toutes les époques.

Sous le rapport de la géographie physique, la région qui forma toujours le noyau principal du Pont est accidentée à l’extrême, comme le sont peu de contrées de notre globe. C’est essentiellement un pays de montagnes. Les monts principaux sont, à l’est, le Paryadrès et le Scydisès, qui se dressent comme des remparts gigantesques : le premier, tout le long du littoral, en