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PONCTUATION HEBRAÏQUE


Il y a d’abord les accents ordinaires, pu prosaïques, qui sont employés dans la plupart des livres de la Bible, écrits habituellement en simple prose ; puis les accents poétiques, qui forment un système particulier, réservé pourles trois livres de Job, des Psaumes et des Proverbes, écrits en vers. Il paraît singulier, à première vue, que ce système n’ait pas été adopté aussi pour le Cantique des cantiques ; mais les rabbins ont rangé de bonne heure ce petit livre dans une catégorie spéciale. De part et d’autre, nous trouverons la double classe des accents disjonctifs et des accents conjonctifs.

A) Accents ordinaires ou prosaïques. — 1° Dans ce groupe, les signes disjonctifs de la ponctuation sont rangés sous quatre chefs distincts, dont les noms symboliques, relativement récents, marquent la valeur toujours décroissante. On distingue : — o) les imperatores, au nombre de deux seulement : 1° le sôf pâsûk, « fin du verset », : , toujours précédé du sillûq, « cessation », T, qui l’annonce, placé qu’il est sous la syllabe du dernier mot du verset ; 2° V’atnal}, a. respiration, pause », 7, situé habituellement vers le milieu du verset ; — b) les reges, au nombre de cinq : 1° le zâqêf qâtôn ou petit zâqêf, X, dont le nom signifie « élévation » ; 2° le zâqêf gâdôl ou grand zâqêf,-il ; 3° le rebia-, « qui repose », ^. ; 4° le segolfa’, « grappe », i ; 5° le salsélet, « chaîne « , L ; — c) les duces, au nombre de cinq : 1° le paStâ’, « inclinatio » Z ; 2° le yetîb, « sessio »,

— ; 3° le tifhâ’, (s. largeur de la main s, ~ ; 4° le (ebîr’, x’, 5° lezarqâ’, - ; — d) les. comités au nombre de six : 1° le géreS, L ; 2° le gersaïm ou gérés double, À ; le legarmêh, 1 ; 4° le pâzêr, e ; 5° le qarnépàrâh, « cornes de vache », îf ; 6° le feliSâ’gedolâh ou grand felîsd’3., qui n’est employé que seize fois dans la Bible.

Cela fait donc en tout, dans le système prosaïque, dix-huit accents disjonctifs. Les « empereurs » marquent toujours la fin et habituellement le milieu du verset ; les « rois » servent à diviser les deux sections ainsi obtenues, lorsqu’elles ont une certaine étendue. Cf. Gen., i, 22, où la première moitié du verset, qui est fort courte, n’a aucun accent de cette espèce, tandis que la seconde en contient, parce qu’elle est plus longue ; le contraire a lieu au verset 24. Les « ducs » séparent les divers groupes de la phrase ; par exemple, le sujet de ses attributs, le complément et les mots qui en dépendent. Les « comtes » ont encore un rôle plus spécial, puisqu’ils séparent simplement les petits groupes de mots.

2° On compte d’ordinaire neuf accents prosaïques conjonctifs. Ce sont : 1° le merkd’, « prolongement », 1 ; 2° le merkd’kefîilâ’ou double merkd’,-g- ; 3° le mûnah, T, semblable au legarmêh ; 4° le dargâ’, ~ ; 5° le rnâhpâk, — ; 6° le qadmâ’, appelé aussi’azld’, X ; 7 « le feUSâ’qetanndh ou petit telisâ’, X ; 8° le gérah, nommé aussi galgal, 7, qui précède toujours le pâzêr gâdôl et qui, comme cet accent disjonctif, n’est employé que seize fois dans la Bible ; 9° le ma’yelâ’, ~. Seuls, les mots étroitement unis par le sens, comme le nominatif et le génitif qui en dépend, le substantif et l’adjectif qui lui sert d’épitbète, sont reliés l’un à l’autre par un acccent conjonctif.

B) Les accents dits poétiques sont en partie les mêmes que les accents ordinaires, dont on vient de parcourir la liste, et ils en diffèrent en partie. La dissemblance entre les deux systèmes d’accentuation se rattache moins à la ponctuation proprement dite qu’aux modulations différentes de la voix, lorsque les livres de Job, des Psaumes et des Proverbes sont lus comme partie intégrante du culte dans les synagogues. On en compte 20, qui se divisent aussi ep deux classes principales. — 1. Les accents disjonctifs sont : 1° le sillûq avec le sôf pâsûq, : et T, ’2° le’oleh veyôred, « montant et descendant », que l’on nomme aussi mêrkâ’mâhpàk, ’parce que les deux signes dont il se

compose sont ceux qui représentent ces deux accents, j ? ; 3° V’afnâh, —, qui a une valeur moindre que dans le système ordinaire ; 4° le rebîa’gâdôl ou grand rebîâ’, j. ; 5° le rebîa’qdtôn ou petit rebîa, -, semblable au précédent, mais formé d’un point plus petit ; 6° le rebia’mugrâé, c’est-à-dire le rebiâ’précédé du gères,

; .1 ; 7 « le saUélet gedôlâh ou grand salsëlef, — ; 8° le

%, arqâ’ou Hnnôr, - ; 9° le dehi, auquel on donne encore le nom de tifhâ’initial ou prépositif, i ; 10° le pâzêr, H. ; i l >lemahpdklegarmêh, T ; i { 2<>e’azlâ’legarmêh, ! y.

— 2. Les accents conjonctifs sont : 1° le mêrkâ’, T ; 2° le niûnâh, ~ ; 3° le’illûy ou mûnah supérieur, ± ; 4° le tarhd, identique au dehî non prépositif, ~ ; 5° le gérâh ou galgal, 7 ; 6° le mahpâk, — ; 7° le’azlâ’, J. ; 8° le Salsélet qetanndh ou petit salsélet, _L.

C) Le maqqêf et le méteg. — À ces divers signes de la ponctuation hébraïque, il faut joindre le maqqêf et le méteg, qui s’y rattachent de très près. Le maqqêf, « lien », consiste en un gros trait horizontal, —, placé en haut de la ligne, entre deux ou plusieurs mots qu’il associe très étroitement, de sorte qu’ils sont censés ne plus former qu’une seule expression. Par ex. : Dirt, kôl-âdâm, « tout homme » ; ib-iï/N-bs-rN, ’e(-kôl~’âser-lô, « tout ce qui est à lui ». Certaines particules, entreautres iw, signe de l’accusatif, bx, « vers »,

Sy, « sur », en sont presque toujours accompagnées.

Le maqqêf, faisant refluer l’accent tonique vers la fin du mot qu’il sert à créer, modifie par là-même, en les abrégeant, les voyelles des premières syllabes de ce mot nouveau. — Le méteg, « frein », a la forme d’un petit trait vertical, placé en bas de la ligne, T, et à la gauche d’une voyelle. Comme son nom l’indique, il arrête l’attention du lecteur, qu’il avertit de ne pas glisser trop rapidement sur la syllabe ainsi notée. Il marque aussi un accent tonique secondaire. Il a parfois une importance spéciale pour la prononciation de certaines voyelles ; par exemple, pour distinguer a de 0, i long de i bref, etc.

VI. Quelques remarques sur ces divers accents. — 1. Ce double système de ponctuation est, on le voit, assez compliqué, non seulement à cause du grand nombre des signes employés, mais encore parce que plusieurs de ces signes sont identiques, ou presque identiques entre eux, et aussi parce que, insérés à travers les voyelles, ils rendent tout d’abord la lecture plus difficile. Heureusement, il n’est pas nécessaire d’en avoir une connaissance approfondie pour bien comprendre le texte original de l’Ancien Testament. Pour l’hébraïsant ordinaire, il suffit d’être familiarisé avec les accents principaux. Leur multiplicité même montre, à elle seule, que plusieurs d’entre eux ne peuvent avoir qu’une infime valeur ; souvent ils n’équivalent pas même au quart d’une de nos virgules.

2. Lorsqu’on étudie la ponctuation hébraïque dans le détail, on est forcé d’admettre qu’elle est réellement ingénieuse, tout en demeurant subtile et complexe. Le choix des accents, soit disjonctifs, soit conjonctifs, a été déterminé d’avance par les ponctuateurs et les grammairiens ; tel accent conjonctif ne peut s’employer qu’avec tel accent disjonctif, à l’exclusion de tout autre, et réciproquement.

3. Si quelques-uns de ces signes ont la même forme ou ressemblent à une voyelle — c’est le cas pour le rebia, qui est identique au cholem, c’est-à-dire à’o

— leurs inventeurs ont pris soin qu’on ne pût pas aisément les confondre. C’est ainsi que, dans le système ordinaire ou prosaïque, le paltâ, J_, est placé au-dessus de la consonne qui termine le mot, tandis que le qadmâ’, qui lui est identique, est mis sur la première consonne de la syllabe accentuée. De même, le yetîb, ~, est placé à droiteet au-dessus de la première