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POMMIER — PONCTUATION HÉBRAÏQUE


fruit est du reste d’importation plus récente, et ne répond pas parfaitement aux caractères du tappûah. Cf. t. i, col. 91. Ce n’est pas davantage le coing, comme le voudraient 0. Celsius, Hierobotanicon, in-12, Amsterdam. 1848, p. 254, 267 et E. F. K. Rosenmûller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, t. iv, p. 308312, cf. t. ii, col. 826 : ce fruit acerbe et acide au goût ne répond pas parfaitement à la description du tappûah dans les textes bibliques. C’est encore moins l’orange, qui ne fut connue dans la région méditerranéenne que postérieurement à l’ère chrétienne. Bien que plus anciennement eonnus en Palestine, le cédratier et le citronnier ne paraissent avoir été importés qu’à l’époque de la captivité de Babylone ; du reste leurs qualités ne permettent guère de les identifier avec le tappûal.i biblique. Cf. t. ii, col. 374, 793. Reste donc le pommier, comme l’arbre le plus anciennement connu (même avant l’introduction des Hébreux en Palestine) de tous ceux qu’on veut identifier au tappûah et son fruit a bien les caractères marqués dans les textes.

On peut cependant mettre à part le (appùah des Proverbes, xxv, 11.

Comme des pommes d’or sur des ciselures d’argent Ainsi une parole dite à propos.

L’épithète d’or pourrait changer la signification et marquer qu’il ne s’agit pas d’un simple tappûah, mais d’un fruit qui lui ressemble, aux couleurs plus dorées, par exemple le citron, le cédrat, l’orange. Il n’est pas nécessaire alors que les caractères du (appûah ordinaire lui conviennent. Mais reste la difficulté de l’époque tardive pour l’introduction de ces plantes en Palestine surtout relativement à l’oranger. Il est vrai qu’il n’est pas nécessaire alors d’admettre que les arbres eux-mêmes y aient été transplantés, il peut s’agir de la simple importation du fruit. Il faut dire aussi que dans ce (appûah d’or on peut encore voir la pomme.

E. Levesque.

    1. PONCE##

PONCE (grec : IIôvtio ;  ; Vulgate : Pontius), nom de famille de Pilate, qui le rattache par origine ou par adoption â la gens Pontia, très connue dans l’histoire romaine. Matth., xxvii, 2 ; Luc, iii, 1 ; Act., iv, 27 ; I Tim., vi, 13. Voir Pilate, col. 429.

PONCTUATION HÉBRAÏQUE. - I. Sa nature et ses différentes espèces. — On traitera, sous ce nom, de l’ensemble des points ou signes que les anciensrabbins ont inventés pour transmettre d’une manière plus certaine la prononciation du texte hébreu de la Bible, et aussi pour aider à mieux comprendre le sens des Saints Livres, en indiquant les relations des mots entre eux. Ayant cette invention, les consonnes étaient seules tracées sur les manuscrits ; il fallait donc posséder une connaissance parfaite de la langue hébraïque pour lire aisément le texte sacré et pour suppléer exactement les voyelles. Lorsque l’hébreu fut devenu une langue morte, on sentit peu à peu le besoin de faciliter cette lecture, et aussi de fixer la signification d’un grand nombre de mots, en joignant aax consonnes des signes qui représenteraient soit les voyelles, soit la ponctuation. Ceux qni ont créé ce système très complexe, composé de signes multiples, n’ont pas touché au texte même de la Bible, tel qu’il s’était transmis avant eux de génération en génération. Ils n’ont rien changé aux consonnes, qui, jusqu’alors, avaient été seules reproduites par l’écriture : tous les signes nouveaux ont été insérés soit dans l’intérieur des lettres primitives, soit au-dessus d’elles, soit au-dessous, soit à côté, parfois aussi dans la ligne même, entre les mots.

Ces signes sont de plusieurs sortes. On distingue : 1° ceux qui sont destinés à marquer les voyelles, les points-voyelles, comme on disait autrefois, ainsi nommés parce que beaucoup d’entre eux — c’était

même le cas pour la plupart, à l’origine — consistent en un ou plusieurs points groupés de différentes manières : par exemple, Itéré, oue long, ~. Les anciens grammairiens juifs les appelaient pour ce motif niqqûd, de la racine niqqêd, ponctuer ; par conséquent, ponctuation. De là vint aussi, pour leurs inventeurs, le nom de punetatores, ponctuateurs. — 2° Il existe une autre série de signes, qui servent à des fins diverses, et qu’on désigne parfois en général par le nom de points diacritiques. Ce sont : — a) le daguesch, point dans l’intérieur de la lettre, pour montrer que celle-ci doit être redoublée ou fortifiée dans la prononciation ; — b) le point qui sert à différencier le Sîra, w, d’avec le sîn, ïr, suivant qu’il est placé à droite ou à gauche de la lettre ;

— c) le ràphêh, trait horizontal qu’on met au-dessous d’une consonne, pour marquer qu’elle n’a pas le son fort ; — d) le mappîq, semblable au daguesch, mais qui ne se place guère que dans le hé final, ii, pour indiquer que cette lettre doit alors se prononcer comme un h aspiré ; — e) les signes 2. ou *, puncla extraordinaria qu’on rencontre fréquemment à travers le texte biblique original et qui correspondent à des notes placées soit au bas de la page, soit eu marge, lesquelles marquent le qerî et le hefîb. — 3° Il y a enfin les signes qui représentent la ponctuation proprement dite. Comme il a été déjà traité, t. iii, col. 467-469, 504-507, des signes relatifs à la vocalisation, c’est-à-dire de ceux qui ont été mentionnés au 1° et au 2°, il ne sera question ici que de la ponctuation dans le sens strict de l’expression.

II. La ponctuation hébraïque proprement dite et ses divers BUTS. — Ici encore, il est nécessaire d’établir une distinction, car les signes ou accents spéciaux dont nous allons parler servent tout à la fois à trois fins différentes. — a) Pour la lecture ordinaire, ils marquent l’accent tonique, c’est-à-dire la syllabe qui doit être mise en relief dans la prononciation. C’est toujours la dernière ou l’avant-dernière, le plus souvent la dernière. Voir t. iii, col. 472. — 6) Pour la lecture modulée de la Bible, cantillalio, telle qu’elle a lieu dans les synagogues, ces accents indiquent les élévations et les chutes de la voix, chacun d’eux équivalant à une sorte de neume, qui se compose de plusieurs notes de musique toujours les mêmes. — c) Ils marquent enfin la ponctuation des phrases, sujet que nous avons seul à traiter ici. En hébreu, les accents, en tant qu’ils servent à cette fin, portent le nom expressif de ta’am, « goût, » au pluriel te’àrtiim, parce qu’ils donnent pour ainsi dire du goût à la phrase.

III. Origine des accents destinés a la ponctuation en hébreu. — Ce système de signes, avec les régies multiples qui le dirigent, suppose, comme celui de la vocalisation auquel il se rattache de très près, un travail de longue haleine. De nombreux savants israélites y prirent part, car il se prolongea pendant plusieurs siècles. — Au moyen âge, les Juifs croyaient généralement que l’accentuation et la vocalisation du texte hébreu de la Bible remontaient jusqu’à Esdras et à ce qu’on appelait la « Grande Synagogue ». Cette opinion avait encore des adhérents au xvii c siècle, parmi les hébraïsants chrétiens, comme on le voit parla discussion très vive qui eut lieu sur ce point entre Louis Cappel, qui la rejetait, et les deux Buxtorf, qui l’acceptaient. Voir t. i, col. 1982, t. ii, col. 219 ; j. Schnedermann, Die Controverse des Ludovicus Cappellus mil den Buxtorfen ûber die hebr. Punctation, in-8°, Leipzig, 1879. Quelques rabbins allaient même jusqu’à affirmer que les accents avaient été introduits par les prophètes de l’exil, et qu’ils portaient ainsi le sceau de l’inspiration divine. Bien plus, plusieurs d’entre eux, entre autres Judas Hadassi, l’un des chefs de l’école caraïte, supposaient que les tables de la Loi, lorsque Moïse les reçut au sommet de Sinaï, auraient été munies de