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POLYGLOTTES


600 exemplaires. La Polyglotte de Walton empêcha la vente de celle de Paris, dont le prix était de 200 francs. Beaucoup d’exemplaires furent vendus au poids du papier, et Le Jay, entièrement ruiné, ne put payer ses dettes. La Polyglotte fut présentée au public, en 1666, par trois libraires hollandais sous un nouveau titre : Biblia alexandrina heptaglotta, comme étant publiée sous les auspices d’Alexandre VII, mais leur ruse fut déjouée. Mabillon, Musseum italicum, Paris, 1687, 1. 1, p. 95-96. Elle est magnifique par la beauté du papier et l’exécution typographique ; mais la grandeur du format rend son emploi fort difficile. Elle présente enfin le désavantage de n’avoir pas publié dans le même volume tous les textes, puisqu’il faut recourir à deux volumes pour les avoir ensemble sous les yeux.

2. Description. — Elle comprend 9 tomes en 15 volumes grand in-folio et est intitulée : Biblia. 1. hebraica. 2. swmaritana. 3. chaldaica. 4. grxca. 6. latina. 7. arabica, quibus textus originales totius Scripturse Sacrx, quorum pars in editione Complutensi, deinde in Antuerpiensi regiis sumptibus extat, nunc integris ex manuscriptis toto fere orbe quxsitis exemplaribus exhibentur. En raison de son contenu, elle comprend deux parties bien distinctes. Les cinq premiers volumes, sauf une préface non paginée de Le Jay : Institua operis ratio, et une autre préface de J. Morin sur le Pentateuque samaritain et sa version samaritaine, en tête du premier volume, ne sont guère que la reproduction intégrale des cinq premiers volumes de la Polyglotte d’Anvers. La disposition typographique est la même, ainsi que les textes. Les seules différences notables consistent en ce que le t. v, au lieu du syriaque en lettres hébraïques, contient une version arabe du Nouveau Testament et sa traduction latine, et aussi le texte syriaque desquatreÉpîtres-catholiques et de l’Apocalypse qui manquaient dans la Peschito. La seconde partie, formant les quatre derniers tomes, est seule nouvelle. Le t. vi contient le Pentateuque syriaque et arabe avec leurs traductions latines, puis le Pentateuque samaritain et sa version samaritaine, qui n’ont qu’une seule traduction latine. Ces deux textes étaient imprimés pour la première fois. Les t. vii-ix ont les versions syriaque et arabe, avec leurs traductions latines, de tout le reste de l’Ancien Testament, sauf que poiir Job il n’y a qu’une seule traduction latine des deux textes.

3. Valeur. — Quant à la première partie, qui n’est presque que la reproduction de la Polyglotte d’Anvers, la Polyglotte de Paris n’a pas réalisé les progrès que pourtant il eût été facile d’accomplir. Le texte hébreu est mal reproduit et fort incorrect ; il aurait pu aisément ^reconstitué d’après les bons manuscrits massorétiques qui se trouvaient à Paris à la bibliothèque du roi. Pour les targums, le texte d’Anvers est mêlé à celui de la Bible de Bomberg. Il eut été à propos d’imprimer, pour les Septante, l’édition.romaine faite d’après le

Vaticanus, et. pour la Vulgate, la Bible clémentine. Pour le texte grec du Nouveau Testament, Reuss, Bibliotheca N. T. grseci, p. 75, n’a remarqué que neuf différences d’avec le prototype. Cf. Gregory, Textkritik des N. T., t. ii, p. 940-941. Relativement aux textes nouveaux, l’absence de préfaces et i’Apparatus critique prive de renseignements sur leur origine, si l’on excepte le Pentateuque samaritain et sa version samaritaine. Ils provenaient des manuscrits achetés à Damas par le voyageur Pietro délia Valle pour le compte de M. de Sancy, ambassadeur de France à Constantinople, et donnés par ce dernier, qui était devenu oratorien, à la bibliothèque de l’Oratoire (n. 1 et 2 du fonds samaritain de la Bibliothèque nationale). Le manuscrit de Peiresc, demandé dès 1630 par Vitré, avec des manuscrits arabes, ne futapporté à Paris qu’en 1632 par Denis Guillemin et ne put être utilisé. L. Dorez, Notes et documents sur la Bible polyglotte de Paris, dans le

Bulletin de la Société d’Histoire de Paris et de l’Ilede-France, 17e année, 1890, p. 84-94. La version arabe des Évangiles a été éditée d’après le texte arabe, publié à Rome en 1591, et la traduction latine est celle de J.-B. Raymond, revue par Gabriel Sionite. Pour le reste du Nouveau Testament, on avait quelques manuscrits arabes, venus d’Alep, entre autres un seul sur l’Apocalypse, provenant de S. de Brèves. On a reproché à Gabriel Sionite d’en avoir modifié le texte. Les versions, syriaque et arabe, de l’Ancien Testament, furent éditées à l’aide d’éditions antérieures (le Pentateuque arabe, publié à Constantinople, en 1546 ; un Psautier syriaque et arabe édité au Mont-Liban, en 1610 ; . un Psautier syriaque, Paris, 1625 ; un Psautier arabe, Genève, 1516 ; Rome, 1613), et de six ou sept manuscrits seulement. En 1640, Sionite avait rapporté de Rome un manuscrit syriaque, légué par Risius. La Polyglotte de Paris, supérieure à celle d’Anvers par les nouveaux textes qu’elle contenait, n’eut guère d’influence, supplantée qu’elle fut bientôt par la Polyglotte de Londres.

4° Polyglotte de Londres. — i. Histoire. — Comme la Bible de Le Jay était incommode à manier et très chère, les Anglais décidèrent de publier une Polyglotte plus commode et moins coûteuse. Brian Walton, qui fut plus tard évêque anglican de Chester, s’en chargea avec de savants collaborateurs. Edmond Castle surveilla l’édition des textes samaritains, syriaques, arabes et éthiopiens ; il fit la traduction latine de la version éthiopienne du Cantique et composa le Lexicon heptaglatton, annexé à la Polyglotte. Samuel Clarke s’occupa du texte hébreu et des targums, et traduisit en latin la version persane des Évangiles. Thomas Hyde transcrivit le Pentateuque persan et en fit la traduction latine. Alexandre Huish surveilla l’impression des textes grecs et latins, et recueillit les variantes du Codex Alexandrinus. ha nouvelle Polyglotte fut publiée par souscription sous le patronage de Cromwell, qui lui accorda l’exemption des droits sur le papier. Le premier volume parut en septembre 1654 ; il sortait, comme les suivants, des presses de Thomas Roycroft, à Londres. Il contient une dédicace au Protecteur. Après la restauration des Stuarts, on remplaça cette dédicace par une autre à Charles II. On distingue par suite les exemplaires royaux et les exemplaires républicains ; ceux-ci, qui sont les plus rares, sont les plus recherchés. Le t. il est daté de 1655. Le t. vi et dernier parut en 1657. En 1669, on y joignit le Lexicon heptaglotton de Castle en deux in-folio. La Polyglotte de Londres, qui avait été mise à l’Index par décret du 29 novembre 1663, à cause de ses prolégomènes (voir H. Reusch, Der Index der verbotenen Bâcher, Bonn, 1885, t. ii, p. 124125), ne figure plus dans l’édition officielle du catalogue des livres prohibés, publiée en 1900.

2. Description. — Cette Bible, qui forme 6 in-f », est intitulée : S& Biblia polyglotta complectens textus originales hebraicos cum Pentateucho Samarilano, chaldaicos, grsecos versionumque antiquarum samaritanse, chaldaicse, latinse Vulgatse, œthiopicse, grascse Sept., syriocse, arabicse, persicse, quicquid comparari poterat ex tnss. antiquis undique conquisitis optimisque exemplaribus impressis summa /ide collatis. Les quatre premiers tomes sont remplis par l’Ancien Testament. Le i", à la suite de la préface et de prolégomènes, dans lesquels Walton parle des langues sacrées, des éditions et des versions de la Bible, et qui constituent une véritable introduction critique, reproduit le Pentateuque en huit langues. Les textes sont disposés sur deux pages en cet ordre : au verso, en haut de la page sur quatre colonnes parallèles, le texte hébreu avec la version interlinéaire de Santé Pagnino revue par Arias Montanus, la Vulgate latine de la Bible clémentine, le grec des Septante d’après l’édition romaine du Vaticanus avec les variantes de VAlexan-