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POLYGLOTTES


Venise (Holmes 23, 68, 122), qui ont servi à l’édition Aldine de 1518. Ibid., p. 53-57. Lc, texte des Septante de la Polyglotte de Complute a été reproduit dans les Polyglottes d’Anvers et de Paris, dans la Bible de "Valable ou de Bertratn, Genève, 1586-1587, 1599, 1616, et dans celle de D. Wolder, Hambourg, 1596. Cf. Swete, An introduction to the Old Testament in Grëek, Cambridge, 1900, p. 171-173.

c) Texte grec du Nouveau Testament. — L’édition de Complute est aussi l’édition princeps du texte original du Nouveau Testament. On ignore sur quels manuscrits elle a été faite. Lopez de Zuniga (Stunica), qui, sans avoir eu la part principale à cette édition, comme on le pensait, a travaillé au moins au texte des Actes et des Épitres, parle de manuscrits grecs corrigés, mais il n’en nomme qu’un, le Rhodiensis, vraisemblablement envoyé de Rhodes au cardinal Ximénès et contenant les npîtres. On ne l’a pas encore retrouvé. On ne sait si, pour le Nouveau Testament, des manuscrits grecs du Vatican furent envoyés à Alcala. La comparaison du texte édité avec les manuscrits du Vatican, 1158 (Ev. 140 et 366, Act. 72, Paul 79, Apoc. 37), les seuls dont il puisse être question, ne permet pas de conclure à leur emploi. Franz Delitzsch estime que le texte des Actes et des Épîtres est apparenté à celui du Hafniensis 1 (Ev. 234, Act. 57, Paul 72), qui est à Copenhague, mais qui était encore à Venise en 1699, et qui a été copié par Théodore d’Hagios Petros, et à celui du Laudianus 2 (Ev. 51, Act. 32, Paul 38), qui est à la Bodléienne à Oxford et qui est une copie du précédent, i orlgesetzte Studien, p. 30-51. Wettstein et Semler avaient prétendu que les éditeurs de la Polyglotte d’Alcala avaient altéré le texte grec, en y insérant des leçons de la Vulgate. Gœze, Vertheidigung der Complut. Bibel, Hambourg, 1765 ; Ausfûhtïichere Vertheidigung des Compl. N. T., ibid., 1766 ; Fortsetzung der ausfùhrl. Vertheidigung des Compl. N. T., Halle, . 1769, a surabondamment prouvé la fausseté de ce sentiment. Seul, le verset, I Joa., v, 7, a été certainement emprunté à ! a Vulgate ; les passages, Rom., xvi, 5 ; II Cor., v, 10 ; vi, 15 ; Gal., iii, 19, en proviennent peut-être. En résumé, bien que les manuscrits consultés aient été probablement récents, le texte édité comprend beaucoup de bonnes leçons que les critiques postérieurs ont admises, surtout pour l’Apocalypse, moins pour les Évangiles et très rarement dans les autres livres. Il diffère beaucoup de celui qu’Érasme éditait à la même époque ; il est moins incorrect, malgré ses fautes évidentes. Franz Delitzsch, Studien zur Enstehungsgeschichte der Polygloltenbibel des Cardinals Ximenes, Leipzig, 1871 ; Ed. Reuss, Bibliotheca N. T. grœci, Brunswick, 1872, p. 15-26 ; S. Berger, La Bible au seizième siècle, Paris, 1879, p. 49-54 ; Gregory, Textkrilik des Neuen Testaments, Leipzig, 1902, t. ii, p. 924-928 ; A. Bludau, dans Der Katholik, 1902, t. ii, p. 27 sq.

Le texte grec du Nouveau Testament d’Alcala n’a pas eu au xvi « siècle l’influence qu’Hefele lui a attribuée. Aucune édition ne l’a reproduit exactement. Les éditeurs des Polyglottes d’Anvers et de Paris et ceux qui dépendent de ces Bibles lui ont emprunté un plus ou moins grand nombre de leçons. Ed. Reuss, op. cit., p. 74-83. Au xixe siècle, il a été fidèlement réédité par Gratz dans son édition du Nouveau Testament, 2 in-8°, Tubingue, 1821 ; Mayence, 1827, 1851. Van Ess, dans son édition, in-8°, Tubingue, 1827, a mêlé les leçons de Complute avec celles d’Érasme. Ed. Reuss, op. cit., p. 45.

d) Texte latin de la Vulgate. — L’édition d’Alcala a précédé la Bible clémentine. Son origine est peu connue. Ximénès dit bien qu’il a rassemblé des manuscrits latins, mais sans plus d’explication. La bibliothèque de l’université de Madrid a trois Bibles latines qui vien nent d’Alcala et qui contiennent le verset des trois témoins célestes. Elles ont dû servir aux éditeurs de la Vulgate. Franz Delitzsch, Fortgesetzte Studien, p. 5152. De l’examen du texte édité, on a conclu que ces éditeurs ont corrigé des exemplaires courants de leur époque d’après les manuscrits plus anciens et plus corrects, dont ils rapportaient quelques-uns, écrits en lettres gothiques, au vif ou au vtne siècle, mais parfois aussi sur l’hébreu et le grec, en particulier pour supprimer ce qui n’avait pas de termes correspondants dans les originaux. R. Simon, Histoire critique du Vieux Testament, Amsterdam, 1685, p. 313, 516. — Sur la Polyglotte de Complute, voir encore Hefele, Der Cardinal Ximenes, 2e édit., Tubingue, 1851, p. 113-147 ; trad. franc., Tournai, 1856, p. 141-177 ; Vercellone, Disserlazioni academiche di vario argument o, Rome, 1864, p. 407 ; Hurter, Nomenclator literarius, 3e édit., Inspruck, 1906, t. ii, col. 1132-1134 ;

2° La Polyglotte d’Anvers. — 1. Histoire. — Dès 1566, l’imprimeur Christophe Plantin, établi à Anvers, avait formé le projet de publier une Polyglotte. Par l’intermédiaire du cardinal de Granvelle, son protecteur, il s’assura l’intervention de Philippe II, roi d’Espagne. Ce prince donna un subside de 12000 florins à rembourser en exemplaires de la nouvelle Bible et envoya Arias Montanus pour surveiller le travail et corriger les épreuves. Ce savant espagnol arriva à Anvers le 15 mai 1568. Il apportait d’Alcala la version latine des targums sur les prophètes, et un très ancien manuscrit hébreu qui lui appartenait. Pendant que Plantin faisait fondre les caractères nécessaires, gravés par Robert Granjon et Guillaume Le Bée (on se servit pour l’hébreu des caractères employés pour la Bible de’Bomberg), Arias Montanus préparait les matériaux. Il fut aidé par André Mæs, François Luc de Bruges, Guy Le Fèvre de la Boderie et son frère Nicolas, François Ravlenghien, plus tard gendre de Plantin, et son frère Nicolas-Guy, le jésuite Jean Willem (Harlemius), etc. Voir t. i, col. 954-955. Les caractères et le papier étaient plus beaux que ceux de la Polyglotte d’Alcala. L’impression commença au mois de juillet 1568 et fut terminée le 31 mai 1572. Le t. îv est daté de 1570, le t. v de 1571 et les Apparatus de 1572. On tira 960 exemplaires ordinaires, 200 meilleurs, 30 fins, 10 extra-fins et 13 sur parchemin. Arias Montanus avait demandé à Pie V son approbation. Le pape hésita à cause de la version latine de Pagnino et de quelques traités de YApparatus qui paraissaient suspects. Le Talmud et Sébastien Munster y étaient trop souvent cités. On consulta des théologiens belges et espagnols. Montanus alla à Rome s’expliquer et présenta un mémoire. Pie V était mort te Y" ûïi. < Jv&çoï& XYll, ia le 12 du même mois, se montra plus favorable et adressa à Philippe II, le 20 octobre 1572, un bref, dans lequel il appelle la Polyglotte d’Anvers opus vert regium.. D’ailleurs, YApparatus fut réimprimé du 2 août 1572 au 14 août 1573 avec des modifications, faisant droit aux critiques précédentes/ Max Rooses, Christophe Plantin, imprimeur Anversois, 1882, p. 123. Cependant Léon de Castro, professeur de langues orientales à Salamanque, dénonça Arias Montanus à l’Inquisition espagnole. Il lui reprochait d’avoir présenté la traduction de Pagnino comme la version la plus exacte des textes hébreu et grec et d’avoir recommandé de recourir aux sources originales, contrairement, prétendait-il, au décret du concile de Trente sur la Vulgate. Arias Montanus se défendit en 1576. Mariana, comme inquisiteur, signala des fautes très réelles, mais déclara qu’elles n’étaient pas suffisante ? pour faire condamner la Polyglotte du roi d’Espagne. L’affaire ne fut terminée qu’en 1580. H. Reusch, Der Indec der verbotenen Bûcher, Bonn, 1883, t. i, p. 575 576. La Polyglotte « royale » reçut bon accueil du public et elle fut ap-