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POLYGLOTTES


2. Description. — Le titre général de l’ouvrage, qui forme 6 in-f », est : Biblia sacra Polyglotta, etc. Celui de l’Ancien Testament est : Vêtus Testamentum multiplia lingua nunc primo impressum. Dans le t. i, consacré tout entier au Pentateuque, à la suite des prologues et de divers traités, viennent les textes reproduits. hébreu, latin, grec, disposés sur trois colonnes dans la partie supérieure de chaque page, sans que les lignes correspondent, en raison de la différence des caractères. Le texte hébreu est ponctué et le texte grec est accentué. Dans la colonne, toujours la plus rapprochée de la marge intérieure, le grec des Septante est surmonté d’une version latine, littérale et interlinéaire, faite par les éditeurs ; les mots latins sont exactement au-dessus des mots grecs correspondants. De petits caractères latins indiquent le rapportde la Vulgate avec le texte hébreu. La partie inférieure de la page est divisée en deux colonnes inégales, dont la plus large contient le texte chaldéen ponctué du targum d’Onkelos, et la moins large une version latine de ce texte. À la marge extérieure, sont indiquées les racines des mots et des formes hébraïques et chaldaïques, imprimées dans la colonne voisine. Le t. n comprend les livres de Josuo jusqu’aux Paralipomènes inclusivement. Comme les targunis, bien que traduits en latin par ordre de Ximénès, n’y sont pas reproduits, la page entière est divisée en trois colonnes, dans lesquelles les textes sont disposés comme dans le volume précédent. La prière, de Manassé, à la fin du t. ii, n’est éditée qu’en latin. Le t. m renferme les deux livres d’Esdras, Tobie, Judith, Esther, Job, le Psautier, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, la Sagesse et l’Ecclésiastique. La disposition générale est la même que dans les volumes précédents, sauf quelques particularités. Dans le Psautier, la version latine ordinaire ouïe PsalteHum gallicanuni sert de version interlinéaire au texte grec, et le Psalterium hebraicum de saint Jérôme occupe la colonne du milieu. Pour les livres deutérocanoniques, bien, que le texte hébreu fasse défaut, on a maintenu la division en trois colonnes : la version interlinéaire du grec des Septante est imprimée à part dans la colonne réservée ailleurs à l’hébreu. Le t, jv contient tous les prophètes et les trois livres des Machabées. Pour le troisième de ces livres, il n’y a que deux colonnes, contenant séparément le texte grec et une version latine. Dans le t. v, consacré au Nouveau Testament, après diverses pièces qui servent d’introduction, les quatre Évangiles sont imprimés sur deux colonnes, dont la plus large contient le texte grec et la moins large la Vulgate. Les passages parallèles et les citations bibliques sont notés en marge. Chaque Évangile est suivi d’un prologue. Deux dissertations grecques, dont la seconde est d’Euthalius, précèdent les Épîtres de saint Paul, reproduites sur deux colonnes. Chaque Épltre est précédée d’un prologue et d’un sommaire. Deux prologues précèdent aussi les Actes, qui sont suivis des Épîtres catholiques et de l’Apocalypse. Cinq pièces de poésie, deux en grec. et trois en latin, à la louange de Ximénès et de son œuvre, terminent le volume, avec une liste des noms propres, une petite grammaire grecque et un court lpxique greclatin. Le texte grec n’est pas accentué, parce que les autographes ne l'étaient pas, afin de se rapprocher ainsi le plus possible de l’original. Le rapport du texte grec avec la Vulgate est indiqué par de petites lettres latines, inscrites au-dessus des mots correspondants. Cf. Van Præt, Catalogue des livres imprimés sur vélin gui se trouvent dans des bibliothèques tant publiques que particulières, Paris, 1824, t. i, p. 1-4.

3. Valeur et influence. — a) Texte hébreu. — Bien que n’appartenant pas aux incunables hébreux, son édition a fait époque et elle est la première édition catholique de ce texte. Elle a été considérée comme -Use.œuvre scientifique. Ses inexactitudes et ses nom breuses fautes d’impression ne diminuent pas la valeur critique du texte. D’après les travaux de Bær, ses variantes sont meilleures que les leçons traditionnelles massorétiques. Ximénès avait fait acheter sept manuscrits hébreux, qui lui avaient coûté à eux seuls 4000 ducats. Us provenaient des synagogues de Tolède et de Maquéda. Ils sont conservés à la bibliothèque de l’université de Madrid. Cinq ne sont que des Pentateuques avec des commentaires ordinairement défectueux et corrigés par Zamora. Deux sur parchemin contiennent la Bible hébraïque en entier. Ils ont appartenu au collège de Saint-Ildefonse d’Alcala. L’un est du xm c siècle et a été acheté à Tolède en 1280 par deux médecins juifs, l’autre a été transcrit l’an 6242 depuis la création à Tarazona en Aragon. Les collations que Franz Delitzsch, ComplutensischeVarianten zu dem alttestamentlichen Text, in-i », Leipzig, 1878, p. 6-38, a faites de quelques passages avec d’autres documents, lui ont permis de conclure que les éditeurs avaient utilisé au moins un manuscrit hébreu, différent des deux Bibles hébraïques conservées, que le texte édité, malgré ses fautes, a une haute valeur critiqué et surpasse souvent les autres éditions du texte hébreu. Cette édition a été reproduite dans la Polyglotte d’Heidelberg et utilisée dans celle d’Anvers.

b) Texte des Septante. — Les éditeurs de la Polyglotte, pour cette édit on princeps des Septante, eurent à leur disposition deux manuscrits de la bibliothèque vaticane : 346 (Holmes 248) contenant les livres sapientiaux, Esdras, Tobie, Judith, Esther, et 330 (Holmes 108) contenant les livres historiques depuis le Pentateuque jusqu'à Esther avec un fragment de Tobie. Voir t. iv, col. 682. Ces manuscrits, qui paraissent être du xme siècle, furent envoyés à Alcala par Léon Xla première année de son pontificat ; prêtés pour un an, ils ne furent rendus que le 9 juillet 1519. Les éditeurs eurent aussi la copie faite avec grand soin, envoyée par le sénat de Venise et conservée à la bibliothèque de Madnid comme provenant du collège Saint-Ildefonse d’Alcala, d’une partie d’un manuscrit grec très correct copié par ie crétois Jean Rhosos pour le cardinal Bessarion et conservé à la bibliothèque Saint-Marc de Venise (Marc V ; Holmes 68). La copie comprend les Juges, Ruth, les quatre livres des Rois, les deux livres des Paralipomènes, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, le I er livre d’Esdras (apocryphe), Esdras et Néhémie, Esther, la Sagesse, Judith, Tobie, les trois livres des Machabées. Les collations de ces manuscrits avec le texte des Septante de la Polyglotte, que Franz Delitzsch a faites, Fortgesetzte Studien zur Èntstehimgsgeschichte der Complutensischen Polyglotte, in-4°, Leipzig, 1886, p. 4-28, ont permis de déterminer l’usage que les éditeurs ont fait des manuscrits mis à leur disposition. Ils n’ont pas reproduit textuellement les manuscrits 330 et 346. Les nombreuses différences de leur texte avec celui du premier manifestent des corrections arbitraires, faites d’après l’hébreu qu’ils préféraient, non pas, comme dit Richard Simon, « en une infinité d’endroits, » Catalogue des principales éditions de-la Bible, dans Histoire critique du Vieux Testament, Amsterdam, 1685, p. 516, ou « en un assez grand nombre d’endroits », Bibliothèque critique, Amsterdam, 1708, t. iii, p. 485, mais seulement pour une petite part, ou plus souvent des emprunts à la copie du manuscrit de Bessarion ou au Vatican 346, dont ils corrigeaient les fautes de transcription. Pour le Psautier, qui n’est pas dans les trois manuscrits précédents, ils ont utilisé un manuscrit spécial en cursive, du xm c ou XIVe siècle, qui est à la bibliothèque de Madrid. On ignore de quels manuscrits ils disposaient pour leslivres prophétiques. À défaut de renseignements précis, on a recherché à quelle recension appartenait le texte de leur édition et on a constaté qu’il ressemblait à celui des manuscrits I, V et VI de Saint-Marc de