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POLITESSE — POLYGAMIE

xix, 16, 25, etc. On dit « ami » même à des hommes répréhensibles ou méchants. Matth., xx, 13 ; xxii, 12 ; xxvi, 50 ; Luc, xiv, 10. Abraham dit même « mon fils » au mauvais riche de l’enfer. Luc, xvi, 25. La femme qui pousse une acclamation au milieu d’un discours de Notre-Seigneur, Luc, xi, 27, fait preuve à son égard d’une courtoisie très délicate. Le Sauveur veut que ses disciples, en entrant dans une maison, y souhaitent la paix, Matth., x, 12 ; Luc, x, 5, et, quand on a à réprimander quelqu’un, il recommande de le faire tout d’abord seul à seul. Matth., xviii, 15. Le convive malappris auquel le maître dit sèchement : « Cède la place à cet autre, » Luc, xiv, 9, a bien mérité cette leçon de politesse. — Après sa résurrection, Notre-Seigneur salue gracieusement ceux auxquels il se montre, Matth., xxviii, 9 ; Luc, xxiv, 36 ; Joa., xx, 21, 26, et il appelle ses Apôtres « enfants ». Joa., xxi, 5.

7° Saint Paul réprouve la vaine politesse ; il prescrit aux chrétiens d’avoir « une charité sans hypocrisie », par conséquent, une politesse extérieure qui s’inspire des sentiments d’une charité sincère, et il veut qu’ils soient remplis d’affection les uns pour les autres, se « prévenant d’honneur les uns les autres ». Rom., xii, 9, 10. Jl rappelle à Timothée qu’il doit avoir des égards pour tous et de l’honneur pour les vraies veuves.

H. Lesêtre.

POLONAISES (VERSIONS) DÉ LA BIBLE. Voir Slaves (Versions) ce la Bible.


POLYCARPE, chorévêque syrien jacobite, du v> au VIe siècle. Philoxène, évéque de Mabboug, le chargea, en l’an 508, de traduire toute la Bible du grec en syriaque. Cette version est appelée philoxénienne et il n’en reste que des fragments. La version philoxénienne du Nouveau Testament fut corrigée par Thomas d’Harkel (ou d’Héraclée) et constitua ainsi la revision héracléenne dont nous possédons encore de nombreux manuscrits. Il n’est pas facile, à l’aide de la revision héracléenne, de reconstituer la traduction faite par Polycarpe, car les astérisques et les obèles qu’elle porte peuvent avoir déjà été introduits par Polycarpe lui-même, comme l’a montré M. D*. Gottlob Christian Storr. C’est donc à tort sans doute que MM. Wetstein et White croyaient pouvoir formuler la règle suivante ; « Lorsque Thomas a trouvé dans ses manuscrits grecs des choses différentes de celles qui étaient dans la version de Polycarpe, il les a écrites en marge ; il a marqué d’un obèle les mots qui manquaient dans ses manuscrits, et il a introduit dans le texte, en les marquant d’une astérisque, les mots qui manquaient dans la traduction philoxénienne », Repertorium für Biblische und Morgenländische Literatur, Leipzig, 1780, t. vii, p. 48-74. Cf. Rubens-Duval, La littérature syriaque, 3e édition, p. 50.

F. Nau.


POLYCHRONIUS, écrivain ecclésiastique du ve siècle. Tout ce que l’on connaît de la vie de cet exégète tient dans le maigre renseignement fourni par Théodoret, H. E., v, 39, t. lxxxii, col. 1277. L’histoire nous apprend que Polychronius était le frère cadet du fameux Théodore de Mopsueste, et qu’en 428, il occupait le siège d’Apamée en Syrie, qu’il illustra par son éloquence et l’éclat de ses vertus. Il ne semble pas qu’il ait survécu longtemps à son frère, mort en 428, car, au concile d’Éphèse, ce n’est plus son nom qui figure comme titulaire d’Apamée. On a cru pouvoir appliquer à l’évêque d’Apamée les nombreux détails que Théodoret, Religiosa historia, xxiv, t. lxxxii, col. 1457-1464, rapporte d’un saint ermite du nom de Polychronius. Mais il n’y a nulle identité entre ces deux personnages qui doivent demeurer distincts. C’est sur l’exégèse de l’Ancien Testament que s’est portée toute l’activité littéraire de Polychronius, et lui aussi est un des principaux compilateurs de Chaînes. Voici l’indication de ses œuvres aujourd’hui connues. — 1° Scolies sur le livre de Job. Elles furent publiées d’abord sous le nom d’Olympiodore, diacre d’Alexandrie, en traduction latine, par Paul Comitolus, S. J., à Lyon, en 1586 ; l’année suivante, en 1587, une seconde édition parut à Venise, avec deux additions. Le texte grec fut édité à Londres en 1637 par Patrice Junius, et c’est cette dernière édition que Migne a reproduite. Patr. Gr., t. xciii, col. 13-470. — 2° On trouve, dans la seconde édition des Scolies sur Job, celle de Venise, 1587, le prologue d’un commentaire sur le livre de Job. En 1738, D. O. Wahrendorf en publie le texte grec original, dans ses Meditationes de resurrectione præsertim Jobi, Göttingen. — 3° La même édition de Venise dont nous avons parlé, donne aussi en latin, p. 38-38, un petit traité sur les causes de l’obscurité de l’Écriture Τί ἐστιν ἡ ἀσάφεια τῆς Γραφῆς. Toutefois, on possédait depuis longtemps le texte grec de ce fragment dans les Questions à Amphiloque de Photius, Quæst., clii, t. ci, col. 815-816. — 4° Des Scolies sur le livre de Daniel ont été découvertes et publiées par le cardinal Mai, Scriptorum veterum nova collectio, t. i, part. 2, Rome, 1825, p. 105-160. Le savant éditeur accompagne le texte grec d’une version latine. Toutefois, celle-ci, ainsi que bon nombre de notes, a été supprimée dans la seconde publication que le cardinal Mai fit de ce travail de Polychronius dans Scriptorum veterum nova collectio, t. i, part. 3, p. 1-27. — 5° Enfin des Scolies sur Ézéchiel ont été également trouvées et éditées par Mai dans sa Nova Patrum Bibliotheca, t. vii, part. 2, Rome, 1854, p. 92-127. Au tome clxii de la Patrologie grecque, Migne a repris les éditions des Scolies sur Daniel et Ézéchiel faites par Mai. En 1617, J. Meuvsius publia à Leyde son Eusebii, Polychronii, Pselli in Canticum Canticorum expositiones grœce. Ces commentaires sur le Cantique des Cantiques ne sont pas de l’évêque d’Apamée, comme l’a démontré O. Bardenhewer, Polychronius, Bruder Theodors von Mopsuestia und Bischof von Apamea. Ein Beitrag zur Geschichte der Exegese, Fribourg-en-Brisgau, 1879. M. Bardenhewer, dans le même travail, défend aussi Polychronius, contre toute suspicion de nestorianisme, qui du reste ne repose que sur le fait de sa parenté avec Théodore de Mopsueste. Alors que celui-ci, par exemple, mettait en doute le caractère canonique du livre de Job, Polychronius, au contraire, insiste sur la canonicité de cette partie de l’Écriture Sainte. Polychronius se révèle comme un des plus grands exégètes de la célèbre école d’Antioche, dont il pratique tous les principes. Il s’attache surtout à épuiser l’explication du texte qu’il a sous les yeux et à l’occasion il s’élève fortement contre la méthode allégorique d’Origène.

J. Van der Gheyn.


POLYGAMIE, mariage d’un seul homme avec plusieurs femmes à la fois.

I. À l’époque patriarcale. — 1° Du récit de la création du premier homme et de la première femme ressort nettement cette idée que, dans l’intention du Créateur, l’union constitutive de la famille doit exister entre un seul homme et une seule femme. Gen., Il, 21-24. La suite du récit ne suppose toujours qu’une seule femme à Adam. Gen., iv, 25. Dans la postérité de Caïn, le cinquième patriarche, Lamech, est noté comme ayant pris deux femmes, Ada et Sella. Gen., iv, 19. Le fait est enregistré comme digne de remarque. Il introduit en effet une modification notable dans la constitution de la famille humaine. Rien ne laisse supposer que Lamech ait été autorisé à agir ainsi ; il n’est pas blâmé, sans doute, mais il suffit que l’usage s’introduise par un descendant de Caïn pour qu’il soit suspect. Les autres patriarches des deux lignées de Caïn et de Seth