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POISSON

Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 58 ; Élien, Hist. animal., x, 46 ; xii, 2 ; Xénophon, Anabas., i, 4, 9 ; Strabon, xvii, 812 ; Diodore de Sicile, ii, 4.

II. Les poissons d’Égypte. — 1° En bénissant les fils de Joseph, Jacob dit : « Qu’ils multiplient (idgû, qu’ils poissonnent) en abondance au milieu du pays ». Gen., xlviii, 16. Il y a là une allusion à la grande fécondité des poissons et à leur abondance particulière dans le Nil et ses canaux. Au désert, les Israélites se souvenaient des poissons qu’ils mangeaient pour rien en Égypte, Num., XI, 5, tant ils étaient abondants et faciles à prendre.

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110. — Poissons en os, ivoire et lapis-lazuli, trouvés dans les nécropoles de Carthage. Celui qui est figuré au milieu en noir est gravé sur une pastille de verre. D’après le P. Delattre.

Ce sont ces poissons qui, pendant la première plaie, moururent à cause de l’infection du fleuve. Exod., vii, 18, 21 ; Ps. cv (crv), 29. Quand les Israélites se plaignirent de leur nourriture près du Sinaï, Moïse fit cette réflexion : « Leur ramassera-t-on tous les poissons de la mer, pour qu’ils en aient assez ? » Num., xi, 22. — 2° Les poissons marins des côtes d’Égypte et de la Palestine sont ceux qu’on trouve dans toute la Méditerranée. Quelques, espèces, les mulets par exemple, y abondent particulièrement. Certains

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111. — Capoeta fratercula. D’après Lortet, La Syrie, p. 58.

cétacés, marsouins et dauphins, y sont aussi très communs, mais ne pouvaient servir à la nourriture des Israélites. — 3° De nombreuses espèces peuplent le Nil et les divers canaux qui en dérivent. « Beaucoup de poissons de mer montent frayer en eau douce, les dupées, les mugils, les perches, le labre, et poussent leurs excursions très haut dans le Saïd. Les espèces qui ne sortent pas de la Méditerranée sont arrivées du fond de l’Ethiopie, et en arrivent encore chaque année avec la crue, le raschal, le raï, la tortue molle, le docmac, les mormyres. Plusieurs atteignent une taille gigantesque, le bayad et la tortue près de 1 mètre, le latus jusqu’à 3 mètres ; d’autres se distinguent par leurs propriétés électriques, comme le silure trembleur. Le fahaka (fig. 112) est un poisson allongé, qui naît au delà des cataractes. Le Nil l’entraîne d’autant plus aisément qu’il a la faculté de s’emplir d’air et de se gonfler à volonté : quand il est tendu outre mesure, il bascule et file à la dérive, le ventre au vent et tout semé d’épines qui lui prêtent l’apparence d’un hérisson. Pendant l’inondation, il roule de canal en canal au gré du courant ; les eaux en se retirant l’abandonnent dans les champs limoneux, où il devient la proie des oiseaux ou chacals, et sert de jouet aux enfants. » Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 1895, t. i, p. 35, 36. Cf. J. Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire naturelle des poissons du Nil, dans la Description de l’Égypte, t. xxiv, p. 176-217. Tous ces poissons sont en quantité prodigieuse. Si, même avant la promulgation de la loi sur les animaux impurs, les Israélites s’abstenaient de plusieurs d’entre eux par raison d’hygiène,

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112. — Fahaka du Nil.

D’après Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 36. particulièrement des silures, ils en avaient à leur disposition beaucoup d’autres appartenant aux genres brème, spare, perche, labre, carpe, chromis, etc. Voir t. ir, fig. 622, col. 2044, un eunuque apportant à une Égyptienne des poissons dans un panier. — 4° Dans sa prophétie contre l’Égypte, Isaïe, xix, 8, prédit le dessèchement du fleuve et des canaux, l’infection des eaux et la perte des poissons, au grand désespoir des pêcheurs. Ezéchiel, xxix, 4, 5, annonce également la destruction des poissons, en punition de l’orgueil égyptien.

III. Les poissons de Palestine. — 1° Au lac de Tibériade. — Les poissons sont prodigieusement abondants dans ce lac. Comme ceux du Jourdain et de ses affluents, ils présentent une grande ressemblance avec les poissons du Nil, au point qu’autrefois on croyait à une communication souterraine entre le fleuve égyptien et les eaux palestiniennes. Cf. Josèphe, Bell. jud., iii, x, 8.

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113. — Chromis Simonis. D’après Lortet, La Syrie, p. 507.

Ces poissons forment parfois des bancs étendus et épais, qui agitent l’eau à la surface comme le ferait une violente averse. Ils appartiennent aux genres chromis, clarias, capoeta, barbus, blennius, discognathus et nemachilus. Les chromis sont représentés par de nombreuses espèces. Ces poissons, longs d’une vingtaine de centimètres à peine, ont la spécialité de garder leurs alevins dans leur gueule durant plusieurs semaines, jusqu’à ce que ceux-ci soient de taille à se suffire à eux-mêmes. « Une de ces espèces, le chromis Simonis (fig. 113), a une gueule énorme, comparée aux dimensions du corps ; au printemps, les joues du mâle sont toujours gonflées par les œufs, oa le fretin, qu’il transporte ainsi partout avec lui… J’ai vu maintes