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POIS ™- POISSON

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cherchent à identifier de qésatjk d’Isaïe, xxv^i, 24-27, avec le pois-çhiche ; mais ce nom désigne la nielle (Nigella sativa) ou cumin nojr. VoirGithit. iii, col. 2l44. A. de Gandolle, Origine des plantes cultivées, in-8°, Paris, 1886, p. 259. E, Levesqub.

    1. POISON##

POISON (hébreu : hêmàh, « ce qui brûle ; » r’ôs, ce qui vient de la pla, nte vénéneuse ; mevarâh ; Septante : Ùi’, Vulgate : vençnum), suhstançe d’origine animale ou végétais, qui est nuisible qu mortelle pour l’organisme humain. — II n’est guère parlé de poison qu’une seule fois dans le sens propre ; Ptolémée Macron se donna la mort par le poison, çapsuaixsvoai ; , veneno. II Maqh., x, 13. Le mot çapuaxsi’a, employé dans le grec biblique, Exod., vii, 11 ; vhi, 7, 18, etc. ; Gal., v, 10 ; Apoc, ix, 21, et traduit par veneficium, ne suppose pas l’usage des poisons, mais seulement les sortilèges et les pratiques magiques, tandis que le verbe çapy-Me^u des Machahées y signifie « empoisonner ». — Notre-Seigneur, en envoyant ses Apôtres, leur promet que s’ils prennent quelque breuvage mortel, 6avi<71t » o ; , Us n’en éprouveront aucun mal. Marc, xvi, 18. — Au figuré, le venin des reptiles, hêmâh, ûviw, fnror, fera périr les ennemis de Dieu. Deut., xxxii, 24. Une peste venimeuse, mertrî, les frappera. Beut., xxxii, 24. Leur raisin deviendra vénéneux et leur vin se changera en venin, r’ôS, Svitiô ?, x ^ » venenum, fel. Deut., xxxii, 32, 33. Pour r’ôs, dans le sens de venin, voir Pavot, t. iv, col. 2239. Le pain du méchant se change en venin, nierorâh, ^o^, fel, Job, xx, 14, car lui-même a sueé le venin de l’aspic, Septante : « la langue du serpent le tera périr », Vulgate : capui, « tête, » sens ordinaire de r’os, qui ne convient pas ici. Job, xx, 16. Le vin mord comme un serpent, Prov., xxiii, 32 ; d’après les versions, il répandra le venin, Cô ?, venena. Dieu fait boire à son peuple infidèle et aux faux prophètes l’eau de poison, r’os, x » Wï, fel. 1er., viii, 14 ; ix, 14 ; xxiii, 15. Les riches d’Israël ont changé le droit en poison, c’est-à-dire qu’ils en font un moyen de nuire au peuple. Am., vi, 13. Le venin des impies, hêmâh, Oojiô ; , furor, est semblable à celui des serpents, Ps. lviii (lyu), 5 ; ils ont sous les lèvres le venin de l’aspic. Ps. cxl (cxxxix), 4 ; Rom., nr, 13. La langue, si l’on n’y prend garde, répand un poison mortel. Jacob., iii, 8. L’apôtre compare ainsi à la langue du serpent venimeux celle de l’homme aux paroles

impies et méchantes.

H. Lesêtre.

1. POISSON (hébreu : ddg, dag, dâgâh, (ânnîn, « le monstre marin » ; Septante : lybbi, xf, To ;  ; Vulgate : piscis, cete, cetus), animal vertébré, vivant dans l’eau et y respirant au moyen de branchies, organes qui empruntent à l’eau même l’oxygène nécessaire à la vie. Sur les mammifères qui vivent aussi au sein des eaux et sont généralement désignés par les mots pannm, xt|to<, cete. Voir Cétacés, t. ii, col. 405. Les poissons forment de très nombreuses espèces, que les naturalistes divisent plus communément en cinq ordres. Ils ont l’Intelligence nulle, la vue très courte, mais l’odorat très développé. Leur conformation et leur système musculaire leur permettent de se mouvoir très rapidement dans l’eau. Leur appétit est très vorace ; ils se dévorent les uns les autres et sont doués d’une prodigieuse fécondité qui aide chaque espèce à survivre à toutes les exterminations.

I. Remabques générales. — 1° La Sainte Écriture n’entre dans aucun détail caractéristique sur les poissons. Elle se contente de les mentionner d’une manière générale. Après avoir créé tout ce qui se meut dans les eaux, selon son espèee, Gen., i, 21, Dieu soumit les poissons à la domination de l’homme, Gen., i, 26, 28 ; ix, 2, v Ps. vui, 9, domination qui se borne pratiquement pour l’homme à s’emparer des poissons, quand il le peut, pour en faire sa nourriture. Œuvre de Dieu,

comme tous les autres êtres, les poissons de la mer rendent témoignage à la puissance du Créateur. Job, xir,

8. Us tremblent devant lui, c’est-à-dire ne sont que de pauvres créatures en face de sa majesté. Ezeoh., xxxviii, 20. Leur abondance marque la bénédiction, Ezech., XLvn,

9, 10, et leur destruction, la colère de Dieu. Is., ii, 2 ; Os., iv, 3 ; Soph., i, ’A, -- 2° Il était permis aux Israélites de manger des poissons, mais seulement ceux qui sont pourvus de nageoires et d’écaillés. Les poissons sans nageoires oU sans, éeailles devaient leur être en abomination. Lev., xi, 9-12. La restriction n’était pas considérable. Elle comprenait les silures, par conséquent le silurus aurilus du Nil, et d’autres de la même espèce qui sont très communs dans les eaux douces en Orient ; les raies, qui habitent exclusivement la mer ; les lamproies, qui au printemps remontent les fleuves et les rivières pour frayer ; les squales, poissons marins très voraces qui forment plusieurs espèces. Les docteurs y joignirent par la suite les murénidés ou anguilles, dont les écailles sont petites et peu visibles. La plupart de ces poissons ont une chair agréable, mais parfois un peu indigeste. La principale raison de leur prohibition provenait donc uniquement de la volonté divine, qui s’affirmait en imposant aux Israélites

109.— Poisson en bronze trouvé dans une nécropole punique.

D’après un dessin de M. Jd’Anselme (Delattre, La nécropole

punique de Ddu’imès, fouilles de ! S93-iS91, fig. 3, p. i).

une privation d’ailleurs assez légère. Saint Paul signale la différence qu’il y a entre la chair du poisson et celle des autres animaux. I Cor-, xv, 39. — 3° Il est dit de Salonaon qu’il disserta sur les poissons. III Reg., iv, 33. II est à croire que le roi avait des connaissances assez étendues sur le grand nombre des espèces qui peuplent les eaux palestiniennes. Toutefois, il est remarquable, observe Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 284, qu’on ne trouve en hébreu aucun nom particulier de poisson, alors que la langue grecque en possède plus de quatre cents. — 4° La Loi défendait formellement « toute image de poisson qui vit dans les eaux au-dessous, de la terre ». Deut., iv, 18. La prohibition n’était pas restreinte aux seuls poissons. Elle avait pour but de détourner les Israélites d’une forme d’idolâtrie commune aux peuples qui les entouraient. Les Philistins avaient leur dieu-poisson, Dagon, dàgôn, dont le nom vient de ddg. Voir Dagon, t. ii, col. 1204. Les Phéniciens et les Carthaginois vénéraient les poissons ; ils en portaient les images sur eux comme amulettes et se faisaient enterrer avec elles après leur mort. Le P, Delattre, dans ses fouilles des nécropoles puniques, en a trouvé un grand nombre en bronze (fig. 109), en os, en ivoire, en lapis-lazuli (fig. 110). D’après Hérodote, ii, 72, les Égyptiens regardaient comme sacrés un gros poisson du Nil, appelé lépidote, et l’anguille. Les Chaldéens honoraient aussi un dieupoisson, Oannès (t. i, fig. 316°, eol, 1154), qui passait pour avoir instruit les premiers hommes, Cf. Fr. Lenormant, Les origines de Vkisloire, Paris, 1880, t. i, p. 585. Il n’était donc pas inutile de prémunir sévèrement les Israélites eontre tout danger d’imitation de ces cultes grossiers. Aujourd’hui encore, dans la Syrie occidentale, l’ancien eulte rendu à Dagon se perpétue sous forme de vénération envers certains poissons qu’il est défendu de pêcher. Tel est le capoeta fratercula (fig. 111), nourri avec sollicitude dans des bassins spéciaux à Tripoli.