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POIDS — POIL

de moitié. Voir Maimonide, Constitut. de siclis, éd. de Leyde, 1718, p. 19 ; Bertheau, Zur Gesch. derhræliten, Gœttingue, 1842, p. 26-27. Cette hypothèse rappellerait aussi le système babylonien ; mais elle est sans fondement, car il n’est parlé nulle part d’un tel arrangement chez les Hébreux. D’autres ont supposé que le système de poids ainsi nommé dépassait au contraire les poids ordinaires. Voir Nowack, Handbuck der hebr. Archéologie, 1. 1, p. 209. — Il est plus simple et beaucoup plus naturel de dire, avec la plupart des interprètes, que la locution « poids du sanctuaire » indiquait des poids légaux, d’une exactitude rigoureuse, conformes aux étalons qui avaient été déposés, d’abord dans le tabernacle, puis dans le temple, pour servir de norme régulière. Le Talmud, Kélim, 17, 9, constate que c’est près de la porte orientale du temple que se trouvait ce dépôt. Cette hypothèse explique aussi pourquoi, d’après I Par., xxm, 29, les fils d’Aaron paraissent avoir été préposés aux poids et mesures. Voir Keil et Delitzsch, Bibl. Commentar ûber die nachexilischen Geschichtsbûcher, in8°, Leipzig, 1870, p. 194 ; Josèphe, Ant. jud., VIII, iii, 8 ; Michælis, Mosaisches Recht, Francfort-sur-le-Main, 1775-1780, t. iv, § 227. Les Romains conservaient ainsi au Capitule, et les Athéniens dans les bâtiments de la monnaie, les étalons de leurs divers poids. Cf. V. Duruy, Histoire des Grecs, 1. 1, Paris, 1887, p. 390-391 ; Histoire des Romains, t. v, Paris, 1883, p. 504.

2° Nous lisons aussi dans l’Ancien Testament, mais une seule fois, II Reg., xiv, 26, l’expression « poids du roi », ’ébén hani-mêlék, littéralement « pierre du roi », Septante, irô aîxXw x& (3aTiXucw ; Vulgate, pondère publico. Il est dit, dans ce passage, que la chevelure d’Absalom, lorsqu’il la coupait une fois par an, pesait 200 sicles d’après le poids du roi. Les avis des commentateurs sont également très divisés sur ce point, d’autant plus qu’une chevelure d’homme pesant 2 kil 840 gr. (14si, 200 X 200) paraît chose impossible. Peut-être y aura-t-il eu ici une corruption du texte en ce qui regarde les chiffres. Du moins, d’après la plupart des auteurs, le poids du roi aurait été exactement le même que le pbiàs du sanctuaire. "Voir BcêcVlVv, Metrologische Ûnter. suchungen Mer Geivichte…, p. 61 ; Bertheau, l. c. p. 28. D’autres ont pensé, à la suite de Josèphe, Ant., VII, viii, 5, que le poids du roi aurait dépassé en pesanteur le poids commun, de sorte qu’il n’aurait fallu que 40 sicles royaux au lieu de 50, pour valoir une mine. D’autres, au contraire, ont regardé le poids royal comme inférieur de moitié au poids ordinaire. On est dans l’incertitude sur ce point. Le plus vraisemblable est que le poids royal signifie poids juste et exact.

V » Les poids envisagés dans la Bible au point de vue moral. — La scrupuleuse fidélité par le maniement des poids est fréquemment exigée dans les livres les plus divers de l’Ancien Testament. Les auteurs inspirés insistent à ce sujet, soit à cause du caractère sacré de la propriété individuelle, soit en vue de la loyauté et de la paix des relations commerciales ou sociales. Lev., xix, 35-36 : « Vous ne commettrez d’iniquité ni dans les jugements, …ni dans les poids… Vous aurez des balances justes, des poids justes, » ’abné sédeq. Deut., xxv, 13-16 : « Tu n’auras pas dans ton sac (dans ta pochette) un poids et un poids, un gros et un petit… ; tu auras un poids exact et juste (à la lettre, une pierre de perfection et de justice), afin que tes jours se prolongent dans le pays que le Seigneur ton Dieu te donne. » Prov., xi, 1 : « La balance fausse est en abomination au Seigneur ; mais le poids juste lui est agréable. » Prov., xx, 10 : « Deux sortes de poids sont une abomination an Seigneur. » Eccli>, xlii, 14, le fils de Sirach recommande instamment « la justesse de la balance et des poids », c’est-à-dire l’honnêteté dans tous les rapports commerciaux. Mich., vi, 11 : « Est-on puravec des balances fausses et avec de faux poids dans

le sae ? » C’est en conformité avec ces conseils que les ..rabbins exigeaient, Baba bathra, v, 10 f, qu’on nettoyât soigneusement les poids et les balances, de crainte que les matières étrangères, en y adhérant, n’en diminuassent la parfaite justesse, aux dépens de l’acheteur. VI. Bibliographie. — Liber de mensuris et ponderibus, Migne, t. xliii, col. 271-274 ; Eisenschmidt, De ponderibus et mensuris veterum Bomanorum, Grsscorum et Hebrœorum, Strasbourg, 1737 ; Paucton, Métrologie ou traité des Mesures, Poids et Monnaies des anciens peuples et des modernes, in-4°, Paris, 1780 ; X. Bôckh, Metrologische Unter suchungen uber Gewichte, Mûnzfûsse und Maasse des Alterthums, in-8°, Berlin, 1838 ; V. Vasquez Queipo, Essai sur les systèmes métriques et monétaires des anciens peuples, 3 vol. in-8°, Paris, 1859 ; L. Herzfeld, Metrologische Voruntersuchungen zu einer Geschichte des ibràischen résp. altjûdischen Handels, Leipzig, 1863-1865 ; de Wette, Lehrbuch der hebrâisch-jûdischen Archâologie, in-8°, 4° édit., Leipzig, 1864, § 182-184 ; J. Brandis, Das Mûnz-, Mass-und Gewichtswesenin Vorderasien, in-£°, Berlin, 1866, p. 43-45, 95, 102-103, 158 ; F. Hultsch, Metrologicorum scriptorum reliquias, 2 in-4°, 1864-1866 ;

B. Zuckermann, Das jûdische Maassyslem in seinen Beziehungen zum griechischen und rômischen, in 8°, Breslau, 1867 ; J. Oppert, L’étalon des mesures assyriennes, in-8°, Paris, 1875 ; F. Hultsch, Griechische und rômische Métrologie, in-8°, 2e édit., Berlin, 1882 ; M. C. Soutzo, Étalons pondéraux primitifs, 1884 ;

C. F. Lehmann, Altbabylonisch.es Maas und Gewicht, dans les Verhandlungen der Berliner Gesellschaft fur Anthropologie, Berlin, 1889 ; W. Ridgeway, The Origin of Metallic Currency and Weigth Standards, in-8°, Cambridge, 1892 ; C. F. Lehmann, Das Altbabylon. Maas— und Gewichtssystem (VIIIe Congrès des orientalistes, 1889), Leyde, 1893 ; W. Nowack, Lehrbuch der hebrâischen Archâologie, in-8°, Leipzig, 1894, p. 208209 ; J. Benzinger, Hebrâische Archâologie, in-8°, Fribourg-en-Br. , 1894, p. 182-189 ; R. Klimpert, Lexikon der Mûnzen, Maasse, Geivichte sowie der Zàhlarten und Zeitgrossen aller Lànder der Erde, in-12, Berlin, 1896 ; F. Hultsch, Die Gewichte des Altertums.nach ihrem Zusamtnenhang dargestellt, dans les Abhandlungen der philolog.-histor. Classe der kônigl. sàchsischen Gesellschaft derWissenschaften, in-A°, t.iv, Leipzig, iB89.

L. Fillion.

POIL (hébreu : se’âr ; Septante : 6pfÇ ; Vulgate : pilus), production épidermique, composée d’une racine bulbeuse enfermée dansla peau, et d’une tige extérieure qui s’élève plus ou moins au dessus de la surface cutanée. Cette tige est creuse et imbibée d’un liquide colorant qui détermine la nuance du poil. — Le système pileux de l’homme comprend les cheveux (voir t. ii, col. 684), les sourcils, les cils, la barbe (voir 1. 1, col. 1450 ; t. iv, col. 1330), les poils et les poils follets. Chez les animaux, le système pileux couvre à peu près tout le corps. Voir Laine, t. iv, col. 34, et, pour les poils de chèvre, ou’izzîm, Exod., xxvi, 7 ; xxxvi, 14 ; I Reg., xix, 13, et de chameau, Cilice, t. ii, col. 759.

1° Ésaû était velu, sâ’îr, SaaJç, pilosus, « comme un manteau de poil. » Gen., xxv, 26 ; xxvii, 11. La même particularité se remarquait chez le prophète Élie. IV Reg., i, 8. — Le poil de l’homme a la propriété de se hérisser sous l’empire de la frayeur : les cheveux se dressent sur la tête de celui qui a grand’peur. Job, i, 15, dit qu’au passage d’un esprit, tous les poils de sa chair se hérissèrent. — 2° Pour leur purification, les lévites eurent à passer le rasoir sur tout leur corps, à cause des impuretés dont le système pileux peutêfre le siège. Num., viii, 7. Cette prescription ne s’étendait pas aux prêtres. Lev., xxi, 5. On pense, du reste, qu’elle ne fut en vigueur qu’au désert. Cf. Negaim, xiv, 4. Chez /es Égyptiens, pour raison de pureté, les prêtres se. rasaient