Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/247

Cette page n’a pas encore été corrigée
481
482
POÉTIQUES (LIVRES) DE LA BIBLE — POIDS


gences de la poétique hébraïque, de sorte qu’il n’est pas toujours facile de distinguer ce qui est vers de ce qui n’est que style oratoire, et de tracer une ligne exacte de démarcation entre les deux. Si nombre de morceaux renferment des chants, des psaumes ou des cantiques en vers réguliers, Is., xii, 1-6, etc., qu’on reconnaît sans peine, il en est autrement ailleurs. Néanmoins même quand ils ne s’expriment pas en vers proprement dits, les prophètes, souvent, ne parlent pas en prose simple ; ils se servent d’un langage mesuré, plus soigné, plus artificiel et plus rare, afin qu’il soit plus, digne des oracles divins qu’il transmet aux hommes et afin qu’il frappe davantage l’imagination et l’esprit des auditeurs et des lecteurs. Il est, du reste, malaisé d’en fixer les règles précises. Tandis que, parfois, ils s’expriment de la manière la plus ordinaire, sans aucun effort et sans aucun artifice, ls., vii, 1-3 ; Jer., xxi, 1-10, d’autres fois, prose et poésie sont entremêlées, Is., vi ; Jer., i, etc., et ailleurs, entre l’une et l’autre, apparaît un langage rythmé, qui n’est ni la simple prose ni le vers de Job ou des Psaumes, et qui est caractérisé surtout par le parallélisme, mais avec des nuances et des variations infinies. F. Vigouroux.

    1. POIDS##

POIDS, morceaux de pierre ou de métal d’une pesanteur déterminée, qu’on a employés, dès les temps les plus reculés, pour peser les objets de toute nature. Comme l’or et l’argent ne furent monnayés qu’à une époque relativement tardive et qu’il fallait les peser pour connaître leur valeur, chez les Hébreux, comme chez les Babyloniens et les Assyriens, les mêmes noms, talent, mine, sicle, etc., servent à désigner soit des poids, soit des monnaies. Voir Monnaie, t. iv, col. 1235.

I. Les poids a l’okigine. — 1° Poids primitifs. — De même que les membres du corps humain fournirent les premières mesures de longueur, par exemple, la coudée, le pied, l’empan, le palme, le doigt, voir Mesures, t. iv, col. 1041-1042, de même la nature procura aux hommes, sous la forme des graines de certaines plantes communes, telles que le blé, l’orge, les haricots, etc., les premiers poids dont ils firent usage. Voir Ridgeway, Origin of nietallic Currency and standard Weigths, in-8°, Cambridge, 1892, p. 387. Divers passages du Talmud mentionnent encore ces poids primitifs. Voir le traité Scheqâlim. Maimonide dit aussi, Constitut. de Siclis, Leyde, 1718, p. 1-2, que, sous les rois hébreux, le sicle pesait 320 grains d’orge. Néanmoins, il exista de très bonne heure, en Egypte et spécialement chez les Babyloniens, un système complet, fort bien agencé, en ce qui concerne cette partie de la métrologie.

2° Noms. — Le mot « poids » se dit en hébreu : niisqdl, bptfD, ou Séqél, Vpp, de la racine sâqal,

T ï " « peser ». Cf. Gen., xliii, 21 ; Ex., xxx, 14 ; Lev., v, 15 ; xxix, 35, etc. Les poids des anciens Israélites furent tout d’abord de simples pierres, et c’est pour ce motif qu’on les nommait habituellement Q’jax,

  • T- : ’âbânîm, « pierres ». Cf. Lev., xix, 36 ; Deut., xxv, 13 ;

II Reg., xiv, 26 ; Prov., xi, 1 ; xvi, 11 ; xx, 10, 23, etc. En fait, on a retrouvé, à Jérusalem et en d’autres endroits de la Palestine, plusieurs poids en pierre ordinaire, en hématite, etc. Voir Talent. Plus tard, ils paraissent avoir été aussi quelquefois en plomb, cf. Zach., v, 7, et sans doute aussi en d’autres métaux.

3° Formes. — Les Égyptiens, les Assyriens et les Babyloniens donnaient à leurs poids des formes d’animaux : notamment celle d’un lion accroupi, muni d’une anse qui le rendait plus maniable (fig. 102), celle d’un canard (fig. 103), celle d’une gazelle ou d’autres animaux. Voir Balance, t. ï, fig. 420, col. 1403. C’est peut-être pour ce motif que le mot hébreu ms’Dp, qesitàh, Gen., [xxxm, 19, cf. Jos., xxiv, 32, et Job, xlii,


11, est traduit par « agneau » dans les Septante et dans la plupart des autres versions anciennes. Voir Gesenius, Thésaurus, t. iii, p. 1241. Mais on ne peut rien dire de certain à ce sujet. Les poids hébreux, assyriens et babyloniens portaient d’ordinaire une ou deux inscriptions, qui marquaient leur valeur et le nom du roi qui les avait fait fabriquer. C’est ainsi que, sur un poids assyrien en forme de lion, on lit ces mots gravés en araméen : « deux mines du pays », et cette

102. — Poids assyrien en forme de lion. British Muséum.

autre inscription en caractères cunéiformes : « Palais de Sennachérib ; deux mines du roi. » Sur un poids babylonien en basalte vert, en forme de canard, on lit en caractères cunéiformes : « Trente mines de poids justifié. Palais d’Irba-Mérodach, roi de Babylone. »

4° Poids hébreux. — On ne pouvait pas manquer de retrouver quelques anciens poids hébreux en Palestine ; mais ils ne forment encore qu’une série très incomplète. Toutefois, il ne faut pas oublier que les sicles juifs qui sont parvenus jusqu’à nous sous forme de monnaie comptent aussi sous ce rapport, puisque, à

103. — Poids assyrien en forme de canard.

la façon de nos monnaies courantes, ils correspondaient à des poids fixes. — 1° M. Clermont-Ganneau a étudié dans son Recueil d’archéologie orientale, t. iv, 1900, p. 24-35, quelques-uns de ces poids. Un tout petit poids de 2° r 54 seulement, a été découvert en Samarie ; il porte deux inscriptions en hébreu : réba’nésef, njwa-i, « quart d’une moitié » ( ?), et réba’sel, Stfjo-, , « quart d’un sicle » ( ?) (fig. 104). Trois autres poids sont l’un en pierre rougeâtre, l’autre rouge clair et le troisième en calcaire blanc ; , ils ont été trouvés à Tell-Zacharîya ; ils pèsent 10u r 21, 9° "05 et 9 grammes (fig. 105). Sur chacun d’eux on a cru lire le mot hébreu nésef,

  • ]2M, qu’on a traduit ordinairement par « moitié ». Un

autre poids, également de petites dimensions, a la forme d’un grain de chapelet percé et est en pierre d’un jaune rougeâtre ; il provient d’Anâtà, l’ancienne Anathoth, près de Jérusalem, et correspond à 89 r 61. Les hébraïsants ont beaucoup discuté au sujet de ces inscriptions, sans pouvoir se mettre entièrement d’accord. Quelques-uns d’entre eux ont lu néség, xti,

ou késéf, IDd, « argent », au lieu de néséf. En tout

V. — 16