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PLUIE — PLUME


les récoltes commençaient à sécher dans les champs, les citernes tarissaient et les accapareurs cachaient le blé. Aussi, quand la pluie est tombée en abondance, la joie a été universelle ; ceux-là même dont les projets de voyage étaient ainsi renversés, ou qui rentraient chez eux trempés jusqu’aux os, bénissaient ce don de Dieu, qui apportait avec la fertilité la seule eau qu’on ait pour boire dans la plus grande partie du pays. » Cette pluie n’était pas toujours régulière. « Je vous ai retenu la pluie alors qu’il y avait encore trois mois avant la moisson… ; une terre était arrosée par la pluie, et une autre, sur laquelle il ne pleuvait pas, se desséchait. » Am., iv, 7. Il ne fallait pas pourtant que cette pluie fût trop violente ; car alors elle renversait les épis et causait la disette. Prov., xxviii, 3. — En mai, la pluie cessait complètement. Cant., ii, 11. Elle était aussi insolite pendant la moisson, c’est-à-dire à partir de la seconde quinzaine de mai, que la neige en été. Prov., xxvi, 1. C’est pourquoi Samuel donne comme une marque certaine de l’intervention divine la pluie qu’il obtient à l’époque de la moisson. 1 Beg., xii, 17, 18. — Cf. Tristram, The natural History af Ihe Bible, Londres, 1889, p. 31-33. — Du milieu de mai au milieu d’octobre, la pluie ne tombe plus en Palestine. Ed. Robinson, Biblical Researches in Palestine, 2e édit., 1856, 1. 1, p. 428 T 431.

IV. Caractère providentiel de la pluie pour les Hébreux. — 1° « Si vous gardez mes commandements et les mettez en pratique, j’enverrai vos pluies en leur saison ; la terre donnera ses produits et les arbres des champs donneront leurs fruits. » Lev., xxvi, 3, 4. Telle est la convention établie dès l’origine entre Dieu et son peuple. Elle est rappelée dans le Deutéronome, xi, 14, 17 : Que les Israélites soient fidèles, la première et la seconde pluie viendront à leur heure, et, en conséquence, le blé, le viii, l’huile et le fourrage abonderont. Qu’ils soient infidèles, Dieu « fermera le ciel et il n’y aura plus de pluie », par conséquent, plus de récoltes. Dieu leur enverra de la poussière au lieu de pluie. Deut., xxviii, 24. II n’est point dit que Dieu ait toujours appliqué à la rigueur les termes de la convention et proportionné le bienfait de la pluie au degré de fidélité des Israélites. Dans leur histoire, en effet, il est beaucoup plus souvent question de transgressions et d’apostasies que de sécheresse et de disettes. Néanmoins, en plusieurs circonstances, le châtiment annoncé suivit les fautes. — 2° À la consécration du Temple, Salomon demanda au Seigueur d’oublier les péchés àe.set » çeyfA « . et. de lui accorder la pluie, III Reg. ; vni, 36, quand ce peuple se repentirait sincèrement et viendrait dans le Temple implorer son Dieu. II Par., vi, 26, 27. Le Seigneur daigna répondre qu’il en serait ainsi. IIPar., vii, 13, 14. —3° Le prophète Élie fut chargé d’aller dire à l’impie Achab, roi d’Israël : « Il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole. » III Reg., xvii, 1. La prophétie s’accomplit, et la famine fut la conséquence de la sécheresse. Nulle part même on ne trouvait d’herbe pour la nourriture des animaux, qu’on était obligé d’abattre. III Reg., xviii, 5. Sur l’ordre du Seigneur, Éiie se présenta de nouveau devant. Achab, et, après avoir confondu et fait périr les prophètes de Baal, il annonça la pluie, qui en effet fut amenée par des nuages venus du côté de la mer et tomba abondamment. III Reg., xviii, 41-45 ; Jacob., v, 18. — 4° Isaïe, v, 6, comparant Israël à une vigne stérile, dit que le Seigneur commandera aux nuées de ne plus laisser tomber la pluie sur elle. David avait déjà appelé la même malédiction sur les monts de Gelboé, témoins de la mort de Saûl. II Reg., i, 21. Jérémie, v, 24, 25, s’adresse en ces termes à ses compatriotes impies : « Ils ne disent, pas dans leur cœur : Craignons Jéhovah notre Dieu, lui qui donne la pluie, celle de la première saison et celle de l’arrière-saison,

et qui nous garde les semaines destinées à la moisson. ; Ce sont vos iniquités qui ont dérangé cet ordre, ce sont vos péchés qui vous privent de ces biens. » Amos, iv, 7, 8, fait une remarque analogue. Zacharie, ; xiv, 17, 18, annonce que la pluie fera défaut en Palestine et en Egypte, si les familles de ces pays ne sont : pas représentéesà Jérusalem pour la fête desTabernacles. : Cette fête se célébrait les derniers jours de septembre et les premiers jours d’octobre, par conséquent à la veille de la première pluie. La pluie est tout à fait exceptionnelle en Egypte. Deut., xi, 10, 11. Cr. Hérodote, m, 10. Mais les pluies abondantes des régions qui alimentent le Nil peuvent faire plus ou moins défaut, et l’inondation du fleuve n’être plus suffisante pour arroser et féconder le pays. "Voir Irrigation, t. iii, col. 926. Les Septante ont supprimé dans ce passage la mention de la pluie et ne parlent que d’un tléau, itTùot ; . — 5° Les deux témoins que Dieu envoie sur la terre pour parler et agir en son nom « ont la puissance de fermer le ciel pour empêcher la pluie de tomber durant les jours de leur prédication ». Apoc, xi, 6.

VI. Comparaisons. — 1° À cause de son rôle si bienfaisant en Palestine, les écrivains sacrés comparent à la pluie l’enseignement de la loi et de la sagesse. Deut., xxxii, 2 ; Job, xxix, 23 ; la miséricorde divine, Eccli., xxxv, 26 (19), et la faveur du roi. Prov., xvi, 15. — 2° La venue du Messie sera pour le monde comme une pluie bienfaisante et féconde.

Qu’il descende comme la pluie sur le gazon, Comme l’ondée qui arrose la terre 1 Qu’en ses jours le juste fleurisse, Avec l’abondance de la paix !

Ps. lxxii (lxxi), 6. Isaïe, xlv, 8, dit aussi :

Cieux, répandez d’en haut votre rosée, Et que les nuées fassent pleuvoir la justice ! Que la terre s’ouvre et produise le salut, Qu’elle fasse germer la justice en même temps !

Israël espère que Dieu viendra à lui, « comme la pluie tardive qui arrose la terre. » Os., vi, 3. — 3° Par assimilation, on dit que Dieu fait pleuvoir la grêle, Exod., IX, 18, 23 ; le feu du ciel, Gen., xix, 24 ; Ezech., xxxviii, 22 ; Luc, xvii, 29 ; sa colère, Job, xx, 23 ; les pièges sur les pécheurs, Ps. xi (x), 7 ; la manne et les cailles du désert. Exod., xvi, 4 ; Ps. lxxv (lxxiv), 24, 27.

H. Lesêtkb.

1. PLUME (hébreu : nôçâh, sis ; Septante : xrspév ; "Vulgate : pluma), produit épidermique, de nature plus compliquée que le poil des mammifères, et qui sert à recouvrir le corps des oiseaux. — Quand le prêtre offrait un sacrifice d’oiseaux, il devait jeter de côté le jabot et nosatdh. Lev., i, 16. On fait ordinairement venir nosdh de î/â{râ’, « sortir », et on lui donne le sens d’  « impureté, excrément ». Mais en s’en tenant à la leçon du Samaritain, et à la traduction des Septante, de Symmaque, de Théodotion et de la Vulgate, on doit traduire par « plume ». Nô§âh a le sens de plume, Job, xxxix, 13 ; Ezech., xvii, 3, 7. Il est certain d’ailleurs qu’avant de porter un oiseau sur l’autel, on le déplumait. Cf. Sebachim, vi, 2 ; Siphra, ꝟ. 67, 1. — Jérémie, xlviii, 9, dit à propos de Moab :

Donnez la plume à Moab, car en s’envolant il fuira, Ses villes seront dévastées et dépeuplées.

Ici, le mot qui désigne la plume, prise pour les ailes, est sss. Or, ce mot a plusieurs significations. C’est d’abord le nom de la lame d’or du grand-prêtre, ce qui fait que les Septante le traduisent par <rrçu.sïa, « signes », et le Chaldéen par « couronne », la lame d’or étant comme la couronne du grand-prêtre et le signe de sa dignité. Exod., xxviii, 36-38. Le mot gif veut aussi dire « Jleur », Job, xiv, 2, traduction admise par Aquila et la Vulgate, tandis que Symmaque le rend par « germe ». Pour,