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PLUIE


matutina, « première pluie » ; — nialqôs,-jetôç o<]/iu.oç, pluvia serotina, « arrière-pluie » ; — sefàv, « temps de pluie », ûstii ; , imber. Dans le Nouveau Testament, les mots qui désignent la pluie sont 'jtzàt, pluvia, et 6po-/r, seulement dans Matth., vii, 25, 27.

II. La pluie en général. — 1° la pluie est beaucoup plus appréciée dans les climats très chauds que dans les nôtres ; elle l’est encore davantage dans les régions où font défaut, les rivières et les moyens naturels ou artificiels d’irrigation. Aussi les auteurs sacrés parlentils de la pluie comme d’un grand bienfait de Dieu.

Qui a ouvert des canaux aux ODdëes…

Afin que la phiie tombe sur une terre inhabitée,

Sur le désert où il n’y a point d’hommes,

Pour qu’elle arrose la plaine vaste et vide,

Et y fasse germer l’herbe verte !

La pluie a-t-elle un père ?

Job, xxxviii, 25-28. C’est Dieu qui verse la pluie sur la terre, Job, v, 10, par le moyen des nuées qui se vident, Eccle., xi, 3. C’est lui qui commande aux ondées et aux averses, Job, xxxvii, 6 ; Jer., x, 13 ; li, 16, qui fait les éclairs et la pluie, Ps. cxxxv (cxxxiv), 7, qui donne des lois à la pluie, Job, xxviii, 26, de manière qu’elle vienne en temps propice. Act., xiv, 16.

IVattire les gouttes d’eau

Qui se répandent en pluie par leur propre poids ;

Les nuées la laissent couler,

Et en versent les ondées sur le3 hommes.

Job, xxxvi, 27, 28. Et qui peut compter les gouttes de pluie ? Eccli., i, 2. Dieu accorde la pluie à tous sans distinction, bons et mauvais. Matth., v, 45. Mais les idoles seraient bien incapables d’en donner. Jer., xiv, 22 ; Bar., vi, 52. Aussi la pluie est-elle invitée, comme toutes les autres créatures, à bénir le Seigneur. Dan., vi, 64. — 2' La pluie est un élément de fécondité pour le sol. ; < La pluie et la neige descendent du ciel et n’y retournent pas, qu’elles n’aient abreuvé et fécondé la terre et ne l’aient couverte de verdure, qu’elles n’aient donné la semence au semeur et le pain à celui qui mange. » ls., lv, 10 ; cf. xxx, 23. Après la pluie, le soleil vient et l’herbe sort de terre. Gen., ii, 5 ; II Reg., xxiii, 4. Cf. Ps. cxlvii (cxlvi), 8. La pluie fait aussi croître les arbres. Is., xliv, 14. « Lorsqu’une terre, abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, produit une herbe utile à ceux pour qui on la cultive, elle a part à la bénédiction de Dieu. » Heb., vi, 7. — 3° Quelquefois la pluie a des effets désagréables ou nuisibles. À travers la couverture mal close, elle forme des gouttières qui coulent dans la maison. Prov., xxvii, 15. Au dehors, il faut une tente pour s’abriter contre elle. Is., tv, 6. Il y a des malheureux qui passent la nuit sans vêtement ; la pluie des montagnes les pénètre, alors même qu’ils cherchent à se blottir contre un rocher. Job, xxiv, 8. La pluie fait écrouler les murs mal bâtis. Ezech., xiii, 11, 13 ; Matth., vii, 25, 27. Elle peut tomber en torrents dévastateurs. Ezech., xxxviii, 22. C’est ce qui arriva en particulier au déluge. Gen., vu, 12 ; viii, 2.

III. Le régime pluvial en Palestine. — 1° Le pays que Dieu donna aux Israélites était un « pays de montagnes et de vallées, qui est arrosé par la pluie du ciel ». Deut., xi, 11. En cela, il différait totalement de l’Egypte. La Palestine, en effet, n’a pas à compter sur les rivières pour arroser le sol. Les torrents qui descendent des collines vers le Jourdain ou vers la Méditerranée sont eux-mêmes taris pendant la saison sèche. C’est donc de la pluie seule qu’il faut attendre l’irrigation des terres. Elle tombe d’ailleurs en Palestine avec une régularité remarquable. Elle commence à apparaître ea octobre et cesse tout à fait avec le mois de mai. À Jérusalem, les jours de pluie sont en moyenne de 1 */g en octobre, 5 ! /2 en novembre, 9 en décembre,

10 en janvier, 10 1/2 en février, 8 l /t en mars, 5 ï/j en avril, 1 1/2 en mai. Cf. Socin, Pàlâstina und Syrien, .Leipzig, 1891, p. 35 ; . Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1883, p. 8-40 ; 1892, p. 50-71 ; Zeitschrift des deutschen Palàslina-Vereins, t. xiv, 1891, p. 93-112. Il ne se produit que des variations légères daus la distribution de ces jours pluvieux. La même règle s’applique à peu près à tout l’ensemble du pays. Il tombe moins de pluie cependant du côté de Gaza, et surtout dans la vallée encaissée du Jourdain. La hauteur de pluie qui tombe dans l’année et de 1M0 à 2 ra 12, en moyenne de l m 60, alors que la moyenne est del m 50 à la surface du globe. Cette pluie alimente les sources et servait autrefois à remplir les citernes. Il est probable que, quand la Palestine était plus boisée et plus cultivée qu’aujourd’hui, les pluies étaient encore plus abondantes. La fraîcheur entretenue par la végétation déterminait la précipitation de nuages qui passent maintenant sans rien donner ou dont la pluie s'évapore dans une atmosphère desséchée, avant d’avoir touché le sol. La dénudation du pays a un autre inconvénient. Au lieu d'être arrêtée par les cultures et de pouvoir pénétrer à l’intérieur d’un sol ameubli, la pluie ruisselle à la surface et les trois quarts en sont perdus, ne produisant d’autres effets que des ravinements dévastateurs. Ce sont les vents d’ouest et de sud-ouest qui amènent la pluie en Palestine. III Reg., xviii, 44 ; Luc, xii, 54. Le vent du nord souffle assez rarement ; il se sature d’humidité sur les sommets du Liban et de l’Anti-Liban et amène aussi de la pluie. Prov., xxv, 23. 2° Les Israélites distinguaient deux pluies, la première pluie, yôréh ou môréh, pluvia temporanea, et l’arrière ou dernière pluie, malqôs, pluvia serotina. Deut., xi, 14 ; Jer., iii, 3 ; v, 24 ; Joël., 11, 23 ; Jacob., v, 7. Cf. Schebiith, ix, 7 ; Nedarim, viii, 5, etc. La première pluie commençait à tomber en octobre et devenait plus fréquente en novembre. C’est elle qui ameublissait le sol et permettait le travail préparatoire aux semailles. À son défaut, « à cause du sol crevassé, parce qu’il n’y a pas eu de pluie sur la terre, les laboureurs sont confondus. » Jer., xiv, 4. Cette première pluie manquait rarement ; il fallait des sécheresses exceptionnelles pour qu’on - en fût totalement privé. III Reg., xvii, 1. Dans les derniers temps avant l'ère chrétienne, le sanhédrin ordonnait des jeûnes répétés, quand cette pluie tardait encore en novembre et surtout en décembre. Voir Jeûne, t. iii, col. 1531. — La période qui va du commencement àe décembre à la îin de février est la saison des pluies. Elle compte une trentaine de jours pluvieux, sur les cinquante-deux jours de pluie habituels à la Palestine, Le neuvième mois, correspondant à décembre, est signalé pour son caractère pluvieux. I Esd., x, 9, 13. Pendant ce mois, à la fête de la Dédicace, Notre-Seigneur était obligé de s’abriter dans le Temple sous le portique de Salomon, à cause des intempéries. Joa., x, 22, 23. Cette saison n’avait pas d’importance spéciale au point de vue agricole. Cependant des pluies trop continues empêchaient la, maturation de l’orge ou mettaient les chemins hors de service. Cf. Matth., xxiv, 30 ; Josèphe, Ant. jud., XIV, xv, 12. En pareil cas, on retardait la Pàque d’un mois, en ajoutant au douzième mois de l’année. le mois intercalaire de veadar. Voir. PIque, t. iv, col. 2098. — La seconde pluie venait en mars et en avril. C’est elle qui arrosait les céréales déjà en herbe et facilitait leur croissance. De son abondance dépendaient la quantité et la [qualité de la moisson. Aussi était-elle attendue avec anxiété. Job, xxix, 23 ; Prov., xvi, 15 ; Jer., iii, 3 ; Ezech., xxxiv, 26 ; Ose., vi, 3 ; Zach., x, 1. M. Yigouroux, dans la Revue biblique, 1894, p. 440, raconte comment il fut, en Palestine, « témoin des souhaits que tout le monde répétait sans cesse, pour obtenir cette « pluie « tardive » qui avait fait jusque-là défaut. Et, en effet,