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PLOMB — PLUIE


métal d’un blanc bleuâtre qui se ternit facilement, assez malléable, si mou qu’on peut le rayer avec l’ongle, fusible à la température peu élevée de 330° et onze fois et demie lourd comme l’eau. — 1° Le plomb est très commun dans la nature ; mais il ne se présente pas à l’état natif. Le minerai qui le contient en plus grande quantité est la galène, ou sulfure de plomb naturel. On en dégage le métal par divers procédés de calcination. La presqu’île Sinaïtique renferme de nombreux gisements de minerai de plomb ; on en trouvait aussi en Egypte. On s’explique ainsi que, dès le séjour au désert, les Hébreux possédaient différents objets ou ustensiles de plomb. Num., xxxi, 22. Les Phéniciens en recueillaient en Espagne, où abondent les filons de plomb argentifère. Voir Argent, 1. 1, col. 945. Cf. Pline, H. N., iii, 7 ; L. Siret, Orientaux et Occidentaux en Espagne aux temps préhistoriques, dans la Revue des questions scientifiques, Bruxelles, octobre 1906, p. 544-545. Ézécbiel, xxvii, 12, dit que Tharsis échangeait le plomb avec Tyr. Le plomb n’avait pas grande valeur, mais était assez usuel en Palestine pour qu’on pût dire que Salomon amassait de l’argent comme du plomb, Eccli., xlvii, 20. Jérémie, vi, 29, 30, pour indiquer que la méchanceté est inséparable de ses compatriotes, fait allusion à l’opération du fondeur de métaux : « Le soufflet est devenu la proie du feu (ou : a soufflé violemment), le plomb est épuisé, on épure, on épure, les méchants ne se détachent pas. Argent de rebut ! dira-t-on. » Le prophète décrit ici l’opération au moyen de laquelle on sépare l’argent des métaux inférieurs auxquels il est mélangé. On fait fondre du plomb dans le creuset et, quand il est fondu, on y ajoute le minerai d’argent. Sous l’influence de la chaleur, au contact de l’air, le plomb se transforme en litharge, qui s’absorbe peu à peu, tandis que l’argent se sépare de toute autre substance et se rassemble au fond du creuset. Voir Creuset, t. ii, col. 1116. Jérémie suppose que, contrairement à l’ordinaire, le plomb a été complètement. transformé et absorbé, sans que l’argent soit sorti de la gangue. Ézéchiel, xxii, 18, 20, compare les Israélites infidèles à des scories et à des métaux communs, fer, cuivre, étain et plomb, que Dieu fera fondre dans le fourneau allumé par sa colère. Ces passages montrent que les Israélites possédaient la science pratique des procédés nécessaires pour le traitement des métaux usuels. Zacharie, v, 7, 8, parle d’un disque de plomb, servant de couvercle à un épha assez large pour contenir une femme. On a trouvé en Palestine des poupées de plomb qui servaient aux pratiques magiques. Voir t. iv, fig. 173, col. 568. — 2° La pesanteur de ce métal fait dire que les Égyptiens se sont enfoncés dans les eaux de la mer Rouge comme le plomb. Exod., xv, 10. Les anciens ne connaissaient pas de métal plus lourd. Eccli., xxii, 17. — 3° Job, xix, 24, parlant de ses paroles d’espérance, fait ce souhait :

Je voudrais qu’avec un burin de fer et du plomb Elles fussent pour toujours gravées dans le roc !

L’auteur sacré fait probablement allusion à une inscription creusée dans le roc avec le burin de fer et dans les lettres de laquelle on a ensuite coulé du plomb. Grâce à ce procédé, l’inscription était plus visible et les lettres sculptées se conservaient mieux. Cf. Renan, Le livre de Job, Paris, 1859, p. 81 ; Frz. Delitzsch, Das Buch Job, Leipzig, 1876, p. 246. Il ne peut évidemment être question d’un burin de plomb, ce métal étant beaucoup trop mou pour servir à cet usage. La Vulgate suppose l’inscription gravée « avec un stylet de fer et une lame de plomb, ou sculptée au burin sur le roc. » Les anciens écrivaient parfois sur des lames de plomb, même des inscriptions assez longues. Cf. Pausanias, ix, 31, 4 ; Pline, H. N., xiii, 21 ; Tacite, Annal., ii, 69, etc. Voir t. ii, fig. 491, col. 1366. Mais le texte hébreu et les Sep tante parlent de plomb, ’eférét, i/oXiëw, et non de lames de plomb, et la contexture même de la phrase exige que le plomb soit ici, non la matière sur laquelle on écrit, mais celle au moyen de laquelle on constitue l’inscription, barzél ve’oférét, avec « le fer et le plomb ». Cf. Frz. Delitzsch, Das Buch lob, p. 246. On n’a pas retrouvé d’inscription ancienne ayant du plomb coulé dans le creux des lettres. Mais le procédé n’était pas d’invention si difficile qu’il ne pût être employé en certains cas. — 5° Le plomb est encore désigné en hébreu par le mot’ânâk, l’assyrien anaku. Mais ce mot n’est utilisé qu’une fois, Am., vii, 7, 8, pour désigner le fil à plomb. Voir Fil a plomb, t. ii, col. 2244.

H. Lesêtre.
    1. PLONGEURS##

PLONGEURS, oiseaux de l’ordre des palmipèdes, surtout remarquables par leur facilité à plonger pour chercher leur proie dans l’eau. Imparfaitement organisés pour le vol ou la marche, ils mènent une vie presque exclusivement aquatique. Les plongeurs proprement dits ne se rencontrent guère que dans les mers des climats froids. Aussi n’en est-il pas fait mention dans la Sainte Écriture. — Mais on trouve en Palestine d’autres oiseaux qui se nourrissent de poissons et plongent adroitement pour saisir leur proie. Tels sont les martins-pêcheurs, passereaux de l’espèce ceryle rudii, qui pèchent de petits poissons dans les lagunes d’eau douce, ou de l’espèce alcyon smyrnensis, qui plongent dans le Jourdain avec un agilité surprenante. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 429, 448, 463. À la mer Morte et surtout au lac de Tibériade vivent par myriades des échassiers macrodactyles appelés grèbes huppés, podiceps cristatus. Ces oiseaux, longs d’environ m 50, portent au sommet de la tête une double huppe qui leur donne un aspect très gracieux, avec leur cou long et mince. Ils nagent presque complètement plongés dans l’eau et ne peuvent être atteints qu’à la tête. Extrêmement sauvages, ils s’enfoncent à la moindre alerte. De leur long bec, ils aiment à enlever les yeux des poissons, surtout des chromis, dont beaucoup errent ensuite aveugles à travers les eaux du lac. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, p. 432, 510. Ces oiseaux ont été sûrement connus des anciens Hébreux ; mais ils étaient beaucoup trop inaccessibles pour que le législateur songeât à parler d’eux au point de vue de l’alimentation. Peut-être les assimilait-on au

porphyrion. Voir Porphyrion.

H. Lesêtre.

P LUIE, eau qui se déverse des nuages sur la terre en globules plus ou moins volumineux. La pluie tombe quand les gouttelettes liquides qui composent un nuage deviennent trop lourdes pour rester en suspension dans l’atmosphère. C’est ce qui arrive quand, par suite du refroidissement de l’air ou du transport du nuage dans des régions à plus basse température, de nouvelles quantités de vapeur viennent se condenser à la surface des gouttelettes déjà formées. D’autres fois, un fort ébranlement de l’air, comme celui qui résulte des décharges de la foudre, suffit pour déterminer la résolution d’un nuage en pluie. Voir Nuage, t. iv, col. 1710.

I. Les noms de la pluie. — La pluie est désignée en hébreu par treize noms différents, ce qui indique l’importance qu’on attachait en Palestine à ce phénomène météorologique. Ces noms sont les suivants : mâtàr, ieiô ; , pluvia ; — ge’Sétn, Ctté ; , pluvia, « averse » ; — gosém, ûetôç, compluta est ; — metar-géSém, ûst<î « yeipiepivô ?, « puie d’hiver », pluvia imbrà, « grosse puVe « ; — géséni-mitrôt, -/etpwv ûtré ; , hiemis pluvia, « pluie d’hiver » ; — zérém, vctôc, pluvia ; — sagrîr, mayâve ; , « gouttes », perstillantia ; — zarzîf, oxa-fâtsç, stillicidia ;

— sâfîah, OSata Oîrua, « eaux inférieures », alluvio ; — rebibim, viçetoi ; , « pluie », stillse ; — se’irim, 6V6pos, imber ; — yôréh, istiç irpciïjioç, pluvia temporanea, « première pluie » ; — môréh, veto ? Kpt£ïy.oç, pluvia