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PLAIES DE N.-S. JÉSUS-CHRIST

PLAINE

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I§., lui, 5. Les mots employés par le prophète, meholàl, « il a été transpercé, ouvert », èrpai^a-tiffôn, vulneratus est, « il a été blessé », et bahâburâtô, « par sa meurtrissure », cf. Gen., iv, 23, pu>).a>TCt, livore, la trace que laissent les coups reçus, supposent des blessures et des coups attaquant la chair même.

Je répandrai sur la maison de David

Et sur les habitants de Jérusalem

Un esprit de grâce et de supplication,

Et ils regarderont vers moi qu’ils ont percé.

Zach., xil, 10. Le mot ddqârù signifie « ils ont percé », confùcentnt. Par une transposition de lettres, les Septante ont lu rdqddù, xaTiopxïiTavîo, « ils ont insulté ». Saint Jean, XIX, 37, qui cite ce texte, lit conformément à l’hébreu i|sx£vTf, (jav, « ils ont transpercé », transftxerunt. Ce texte ne s’applique pas directement à Judas Machabée, tué par. les ennemis, comme le pense saint Ephrem, qui le rapporte du resle aussi dans le « sens mystique et très vrai » à Notre-Seigneur. Cf. Bévue biblique, 1898, p. 91. Ce dernier sens est seul possible ; il est reconnu et consacré par saint Jean, xix, 37. Les regrets dont parle ensuite le prophète de la part de ceux qui ont commis le crime, Zach., xil, 10, se sont produits effectivement après la mort du Sauveur. Luc, xxiii, 48 ; Act., ii, 37. — Un autre texte de Zacharie, xiii, . 6 : « Qu’est-ce que ces blessures à tes mains ? — J’ai reçu ces coups dans la. maison de mes amis, » ne peut être appliqué à Notre-Seigneur que par accommodation. Il s’agit en effet d’un faux prophète qui a pratiqué sur lui-même des incisions idolâtriques et qui, pour se disculper, feint d’avoir été blessé par ses amis.

2° Quand Notre-Seigneur annonce sa mort, il dit qu’il sera crucifié. Matth., xx, 19 ; xxvi, 2. La crucifixion était un supplice romain, et saint Jean, xviii, 32, remarque que quand les Juifs avouèrent qu’ils ne pouvaient eux-mêmes mettre Jésus à mort, ils procuraient l’accomplissement de la prédiction qu’il avait faite. Joa., XH, 33. Les Juifs l’auraient lapidé, les Romains devaient le crucifier. Les Évangélistes se contentent de dire qu’on le crucifia, sans donner aucun détail. Matth., xxvii, 31, 35 ; Marc, xv, 24, 25 ; Luc, xxiii, 33 ; Joa., xix, 18. Quelquefois, les criminels étaient attachés à la croix avec des cordes. Cf. Rich, Dict. des antiq. grecques et romaines, trad, Chéruel, Paris, 1873, p. 206. Le plus souvent, on les fixait avec das clous. Cf. Plaute, MostellaHa, ii, 1, 13. Tertullien, Adv.jud., 10, t. ii, col. 629, fréquemment témoin de ce spectacle, dit que la perforation des mains et des pieds était « l’atrocité propre de la croix ». En certains cas, on liait le supplicié avec des cordes avant de le clouer. Cf. Pline, H. N., xxviii, 11 ; S. Hilaire, De Trinit., x, 13, t. x, col. 352. Les Pères sont unanimes à expliquer les versets 17-18 du Psaume xxi, en supposant que le Sauveur a eu les mains et les pieds percés par les clous. On lit aussi dans VEpîtrede Barnabe, 12, dont l’auteur se réfère à IV Esd., xiv, 33 ; v, 5 : « Quand ces choses s’accompliront-elles ? Lorsque le bois, dit le Seigneur, aura été étendu par terre puis redressé, et que du bois le sang tombera goutte à goutte, paroles qui se rapportent à la croix et à celui qui devait y être crucifié. » Cf. Hemnier-Lejay, Textes et documents, les Pères apost., Paris, 1907, t. i, p. cxii, 74-75. Pour que le sang tombât du bois goutte à goutte, il fallait que le Supplicié y fût blessé, qu’il eût par conséquent les mains et les pieds percés. Voir Clou, t. ii, coi. 810. Cf. Friedlieb, Archéologie de la Passion, trad. Martin, Paris, 1897, p. 181-184 ; Ollivier, La Passion, Paris, 1891, p. 334-338. Le -Sauveur avait reçu d’autres blessures à la flagellation, au couronnement d’épines, et probablement même, d’après certaines traditions, pendant le portement, de la croix et par suite de diverses,

chutes. Cf. Thurston, Étude historique sur le chemin de la Croix, trad. Boudinhon, Paris, 1907, p. 87-109. Mais ces blessures n’étaient qu’accessoires à côté des quatre plaies qui lui furent faites pendant le crucifiement. Une cinquième fut ajoutée après la mort. Au lieu de briser les jambes du crucifié, comme c’était la règle, un soldat lui transperça le côté de sa lance, et il en sortit du sang et de l’eau. Joa., xix, 32-34. L’apôtre voit dans cette plaie l’accomplissement de la prophétie de Zacharie, su, 10.

3° Après sa résurrection, Jésus apparaît dans le cénacle aux onze et à leur ? compagnons, et, en preuve de sa résurrection et de la réalité de sa présence, il leur montre ses mains et ses pieds. Luc, xxiv, 39, 40 ; Joa., xx, 20. Pourquoi ? Parce que cette vue devait constituer pour eux un témoignage irrécusable, ce qui suppose nécessairement que ses extrémités n’avaient pas seulement été attachées à la croix, mais qu’elles avaient été transpercées et qu’elles gardaient encore la trace de ses blessures. Le Sauveur explique ensuite qu’il fallait que s’accomplit en lui tout ce qui avait été prédit par Moïse, les prophètes et les Psaumes, Luc, xxiv, 44, ce qui, entre autres prophéties, vise les passages se rapportant aux plaies du Messie souffrant. Thomas, absent au moment de cette première apparition, déclara que, pour croire, il voulait mettre son doigt dans le trou des clous et sa main dans le côté du Sauveur. Notre-Seigneur accéda au désir de l’apôtre incrédule ; huit jours après, il lui montra les plaies de ses mains et de son côté et l’invita à en constater la réalité. Tho j mas se rendit alors. Joa., xx, 24-29. Ce récit rend indubitable la perforation des mains et des pieds, que les Évangélistes permettaient de supposer, mais n’affirmaient pas positivement. — Saint Jean, parlant du dernier avènement du Christ, dit qu’alors « tout œil le verra, même ceux qui l’ont percé », èîe-/ÉvtTi<ïav, pupuqerunt. Apoc., i, 7. Saint Jérôme, Epist. xiv, 11, t. xxii, col. 354, en faisant allusion à cette apparition, du Christ souverain Juge, s’exprime ainsi : « Regarde, Juif, les mains que tu as clouées ; regarde, Romain, le côté que tu as percé. » Saint Jean représente dans le ciel, « au milieu du trône, l’Agneau debout, et paraissant avoir été immolé. » Apoc, v, 6. L’Agneau est vivant, puisqu’il est debout, et pour paraître c avoir été. immolé », il faut qu’il porte encore les traces des blessures mortelles qu’il a reçues. L’Église a consacré cette pensée, dans l’hymne qui se récite aux premières vêpres de la fête de la Lance et des Clous de N.-S. J.-C. :

Te, Jesu, superi laudibus efferant, Qui clavorum adilu signaque lancese In cælo rétines, vivus ubi imperas.

Dans la séquence Solemnis hsec festivitas, pour le jour de l’Ascension, on lisait aussi :

Patri monstrat assidue

Quae dura tuliL vulnera,

Et sic pacis perpetuœ

Nobis exorat fœdeva.

Ces idées s’inspirent de ce qui est dit Heb., ix, 11, 12,

24 ; x, 11-14, et Apoc, i, 7 ; v, 6.

H. Lesêtre.
    1. PLAINE##

PLAINE, étendue de pays plat. — Les Hébreux ont plusieurs expressions pour rendre ce mot :

1° Biq’âh, de la racine bdqa’, qui veut dire : « fendre, » et par là même : « ouvrir. » Le substantif indique donc comme une « fissure » ou une « ouverture » entre les : montagnes ou les collines ; voilà pourquoi il rend aussi bien le sens de valle’e. Cependant il ne s’applique qu’à une large étendue de terrain, à la différence de gè’, qui désigne plutôt des ravins ou des gorges étroites. C’est ainsi que la grande plaine de Cœlésyrie, qui s’étend entre le Liban et l’Antiliban, porte encore en arabe le nom A’El Beqd’a. Les Septante traduisent généralement.