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PLAIDEUR — PLAIE


Ruth, iv, 1-6. Deux femmes viennent ainsi plaider devant Salomon, au sujet de l’enfant que chacune prétend être le sien. III Reg., iii, 16-28. Déjà, du temps de David, Absalom cherchait à attirer à lui les plaideurs, sous prétexte que justice ne leur était pas rendue au tribunal royal, II Reg., xv, 2-4, bien que lui-même fût rentré en grâce sur l’intervention d’une femme de Thécué, venue pour plaider auprès de David la cause d’un fils soi-disant menacé de mort par sa parenté. II Reg., xiv, 4-20. Les plaideurs usaient parfois de moyens indélicats pour capter la bienveillance des juges. Prov., xvii, 15, 23 ; xviii, 5 ; xxiv, 23 ; xxviii, 21. — Notre-Seigneur recommande au plaideur de s’accorder avec son adversaire pendant qu’ils sont tous les deux ensemble en route pour Je tribunal ; car, une fois entre les mains de la justice, L’affaire suivra son cours et le plaideur imprudent ou opiniâtre en subira les dures conséquences. Matlh., v, 25. En parlant ainsi, le divin Maître entend donner un conseil pratique non seulement pour la vie présente, mais encore pour l’autre vie. On a intérêt à donner satisfaction en ce monde à tous ceux qu’on a lésés de quelque manière ; car, si l’affaire vient en état au tribunal du souverain Juge, la sentence sera redoutable, et le coupable ne sortira de prison qu’après avoir payé jusqu’à la dernière obole. Voir Purgatoire. — Saint Paul ne veut pas que les chrétiens qui ont à plaider quelque affaire l’un contre l’autre en appellent aux tribunaux des païens. « Quand vous avez des jugements à faire rendre sur les affaires de cette vie, dit-il, établissez pour les juger ceux qui sont les moins considérés dans l’Église. » I Cor., vi, 4. Les plus humbles fidèles, avec leur simple bon sens, seront aptes à juger ces différends à l’amiable, et l’on évitera ainsi de porter à ia connaissance d’adversaires des discussions qui leur donneraient occasion de se moquer d’hommes faisant profession de vivre en paix les uns avec les au trèset de n’attacher qu’une médiocre importance aux intérêts matériels. D’autre part, le conseil de l’Apôtre montre que, sur certaines questions temporelles, il peut exister des dissentiments légitimes, même entre les chrétiens. Mais le chrétien ne doit pas être un homme à procès. L’Apôtre s’inspire du conseil donné par Notre-Seigneur : « Si l’on t’appelle en justice pour avoir ta tunique, abandonne encore ton manteau. » Matth., v, 40 ; Luc, vi, 29, 30. Il est évident qu’il n’y a pas ici de précepte. Ainsi l’a compris saint Paul qui, en plusieurs circonstances, a revendiqué ses droits, à Philippes, Act., xvi, 37-38 ; à Jérusalem, xxii, 25-26 ; xxiii, 1 ; devant les procurateurs Félix, xxiv, 1.0, et Festus, xxv, 8-12. Si le chrétien abandonnait toujours tous les siens, les adversaires l’accuseraient de pusillanimité, son abnégation encouragerait tous les attentats et il finirait lui-même par ne plus compter dans la société des hommes. La charité, autant que la justice, commande de se défendre légalement en certains cas, pour ne pas laisser les méchants maîtres absolus de tous les biens d’ordre temporel. Cf. S. Augustin, Epist. 138, ii, 9-15, t. xxxiii, col. 528-532 ; De serni. Dotn. in mont.,

i, 18, 63, t. xxxiv, col. 1261-1262.

H. Lesêtre.
    1. PLAIE##

PLAIE, résultat d’un coup, d’une blessure, d’un mal quelconque qui entame partiellement le corps, et, par extension, calamité de tout ordre qui atteint une personne ou une collectivité. Ce mot représente donc plusieurs idées, auxquelles correspondent, dans l’hébreu et dans les versions, des termes tantôt identiques et tantôt différents.

1° Coups (hébreu : tnakkdh, de nâkdh, « frapper » ; Septante : hXy)Yt| ; Vulgate : plaga). 1. Les coups sont assez souvent mentionnés dans la Sainte Écriture. Exod., il, 11 ; Prov., xvii. 10 ; xix, 29 ; xxiii, 13, 14 ; II Mach., m, 26 ; vi, 30 ; Matth., v, 39 ; xxiv, 49 ; xxvi, 51, 68 ; xxvii, 30 ; Act., xxiii, 2, etc. Voir Soufflet. — 2. La loi pré

voyait le châtiment ou le dédommagement qu’entraînent les coups donnés. Qui frappait son père ou sa mère encourait la mort. Exod., xxi, 18. Frapper son esclave à coups de bâton jusqu’à lui ôter la vie méritait châtiment ; si l’esclave survivait, ne fût-ce qu’un jour ou deux, le maître restait indemne. Exod., xxi, 20. Ceux qui, en se battant, heurtaient une femme enceinte, devaient une amende si l’accouchement n’était que prématuré. Au cas contraire, on appliquait la peine du talion, qui concernait également les cas de blessure, de mutilation ou de meurtrissure. Exod., xxi, 22-25. Voir Talion. Celui qui, en donnant un coup à son esclave, lui faisait perdre un œil ou même une dent, lui devait en retour la liberté. Exod., xxi, 26. — 3. La loi réglait enfin le nombre de coups qui pouvaient être infligés par sentence juridique. Ils devaient être proportionnés à la faute et ne jamais dépasser quarante. Deut., xxv, 2, 3. On les infligeait anciennement sous forme de bastonnade. Voir Bastonnade, t. i, col. 1500. Après la captivité, on y substitua la flagellation. Voir Flagellation, t. ii, col. 2281. Cf. Act., xvi, 23, 33 ; II Cor., vi, 5 ; xi, 23.

2° Blessure (tnakkdh, 71X7, -^. plaga ; pesa’, de pdsa’, « blesser », Tpaûjia, vulnus ; dakké’, de dâkd’, « être broyé », itXrjYij, infirmitas ; mafyas, de mâhas, « frapper », itXïiYï), plaga ; Jjês, « blessure de flèche », de hêç, « flèche », 3éXo ; , sagitta ; néga’de nàga’, « frapper », « çï), n<%<TTt5, plaga, lepra, flagellum ; éébér, de Sabar9 briser », ovizpimiaL, fractura). 1. La première mention de blessure se lit dans le chant de Lamech. Gen., iv, 23. Voir Lamech, t. iv, col. 41. On trouve ensuite mentionnées les blessures de Job, xxxiv, 6 ; d’Achab, III Reg., xxii, 35 ; de Joram, IV Reg., ix, 15 ; II Par., xxii, 6 ; de Notre-Seigneur, Joa., xix, 18 ; xx, 27 ; cf. Is., lui, 10 ; de saint Paul, Act., xvi, 33, etc. Au désert, les Hébreux sont blessés par les morsures des serpents. Num., xxi, 6. Il n’y a que plaies et blessures, par Conséquent violences de toutes sortes, dans Jérusalem, au temps de Jérémie, vi, 7. Les faux prophètes font passer les incisions qu’ils pratiquaient sur eux-mêmes pour des blessures qu’ils auraient reçues dans des rixes avec leurs amis. Zach., xiii, 6. Voir Incision, t. iii, col. 868. Le voyageur de la parabole du bon Samaritain est couvert de blessures par les voleurs. Luc, x, 30. Les ivrognes encourent souvent des blessures. Prov., xxiii, 29. Les verges causent des blessures qui contribuent à corriger le vice. Prov., xx, 30 ; Eccli., xxviii, 21 ; xxx, 7. L’humanité sera sauvée par les blessures et les meurtrissures du Rédempteur. Is., lui, 5, 10. —2. Au sens figuré, Jéhovah bandera les blessures et guérira les plaies de son peuple. Is., xxx, 26. Les blessures que fait un ami sont inspirées par sa fidélité. Prov., xxvii, 6. — 3. La législation s’occupait des blessures. Elle réglait que celui qui blesse subit la loi du talion. Exod., xxi, 25 ; Lev., xxiv, 20. Quand le cas était difficile à décider, on allait trouver les prêtres et le juge en fonction à ce moment et l’on s’en remettait à leur sentence. Deut., xvii, 8 ; xxi, 5. Voir Juge, t. iii, col. 1834.

3° Maladie (néga à<pVj, tcXt^ti, hc<<tti$, plaga). La lèpre est appelée une plaie ; elle entame en effet la peau et les chairs. Lev., xiii, 3-42 ; Deut., xxiv, 8. Voir Lèpre, t. iv, col. 175. Après la prise de l’Arche, les Philistins sont frappés de plaies consistant en tumeurs malignes. I Reg., v, 6, 9 ; vi, 5. Voir Ofalim, t. iv, col. 1757. Le roivntiochus IV Épiphane fut atteint d’une plaie incurable, qui avait le caractère d’un châtiment divin, Ôsia [idé<rr<$, divina plaga. II Mach., ix, 5, 11. Notre-Seigneur guérissait les malheureux qui souffraient de plaies. Marc, iii, 10, v, 29, 31 ; Luc, vii, 21.

4° Épreuve (yâd, « main », xe’P Papeûx, « main lourde », mamis plagse ; [i<z<m£, plaga, flagellum). Job ; xix, 21, se plaint que la main de Dieu l’a frappé comme d’une plaie. Cette main est lourde. Job, xxiii, 2. Le juste éprouvé et repentant constate que ses amis s’éloignent

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