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PISTACHE

PLA.CE D’HONNEUR

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butmâ désignent également dans ces langues le térébinthe. Il y a lieu de remarquer cependant que le Pistacia vera et le Pistacia terebinthus sont deux arbres de la même famille, des plantes ayant entre elles de grandes analogies ; c’est ce qui a amené les Grecs à les confondre. Théophraste, Bisi. pi., iv, 5. Il est fort possible que les peuples orientaux aient aussi compris sous la même dénomination les deux espèces du Pistacia et que tout en traduisant par térébinthe, les versions sémitiques aient eu en vue cependant le Pistacia vera. Les fruits du térébinthe ne sauraient guère être offerts en présent comme une des meilleures productions de la Palestine, tandis que la noix du pistachier était et est encore très appréciée. C’est ce qu’ont bien vu d’anciens commentateurs juifs : ainsi le botnah du Tr. Schebi, 7, est regardé par la glose de

89. — Pistacia vera.

Bartenora et par Maimonide comme une espèce de noix, appelée piDDNS, p’istuq. On sait du reste que le pistachier était très répandu en Palestine. La ville de Betonim, Job, xiii, 26, au pays de Gad, paraît tirer son nom de l’abondance de cet arbre. Pline, H. N., xiii, 10, y reconnaît une spécialité de la Syrie, qu’on ne trouvait pas en Egypte : ce qui est conforme au texte de la Genèse, xliii, 11. Pour ces diverses raisons l’identification des botnîm avec les pistaches est très vraisemblable : c’est le sentiment de Bochart, Geograph., t. ii, 1. 1, ch. x ; de Celsius, Hierobotanic, in-8°, Amsterdam, t. i, p. 24 ; de Michælis, Supplementa ad lexica hebraica, in-8, Gœttingue, 1792, t. i, p. 171. Cf. I. Low, Aramaïsche Pflanzennamen, in-8°, p. 420.

E. Levesque.

    1. PLACE D’HONNEUR##

PLACE D’HONNEUR, place attribuée à un personnage considérable,-r 1° La droite est ordinairement attribuée, dans la Sainte Écriture, à celui qu’on veut particulièrement honorer. Dieu fait siéger à sa droite le Messie, son Fils incarné. Ps. ex (cix), 1 ; Matth., xxii, 44 ; Marc, xil, 36 ; Luc, xx, 42 ; Act., ii, 34 ; Heb., i, 13. Devant le sanhédrin, NotreSeigneur annonce, qu’on le verra un jour occuper cette place. Matth., xxvi, 64 ; Marc, xiv, 62 ; Luc, xxii, 69. Il en prend possession au jour de son ascension. Marc, xvi,

19. Saint Etienne le voit à cette place. Act., vii, 55. Les Apôtres parlent souvent du Christ à la droite de Dieu. Rom., viii, 44 ; Col., iii, 1 ; Heb., i, 3 ; viii, 1 ; x, 12 ; xii, 2 ; î Pet., iii, 22. Au dernier jour, le Fils de l’homme occupera le siège de sa majesté pour exercer sa fonction déjuge suprême. Matth., xxv, 31.

2° Le roi Salomon fait asseoir la reine Bethsabée a sa droite. III Reg., ii, 19. Dans l'épithalame du Psaume XLV (xliv), 10, la reine est aussi â la droite du roi. Le peuple d’Israël est appelé « l’homme de la droite » de Jéhovah, Ps. lxxx (lxxix), 18, à cause de la place d’honneur que Dieu lui a assignée parmi les autres peuples. Au dernier jugement, les brebis, c’est-à-dire les âmes des justes, seront placées à droite. Matth., xxv, 33. Il ne faut pas mettre son ennemi à côté de soi, le faire asseoir à sa droite, si l’on ne veut pas être supplanté par lui. Eccli., xii, 12.

3° La place attribuée à quelqu ! un marque sa dignité et l’autorité qu’il exerce. Job, xxix, 25, dit que quand il se rendait dans l’assemblée de ses concitoyens, on lui donnait la première place et il siégeait comme un roi. La mère des fils de Zébédée demande à Notre-Seigneur que, dans son royaume, ses deux fils soient assis l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. Matth., xx, 21. C'était réclamer pour eux les deux premières dignités dans ce royaume temporel dont on croyait l'établissement imminent. La seconde place est attribuée au premier ministre du roi. Joseph occupe le second char après le pharaon. Gen., xli, 43. Jonathas sera le second après David, I Reg., xxiii, 27 ; Elcana est le second après Achaz, II Par., xxviii, 7 ; Aman et Mardochée occupent la même place auprès d’Assuérus. Esth., x, 3 ; xiii, 3, 6. Daniel, v, 7, 16, 29, n’est que le troisième dans le royaume, parce que le roi Nabonide avait associé au gouvernement son fils Balthasar. A Malte, le gouverneur Publius portait le titre de irpMTOç, « premier ». Act., xxviii, 7. On regardait comme un honneur de siéger au milieu des premiers.

I Reg., ii, 8 ; III Reg., xxi, 9 ; Prov., xxxi, 23. Les rois mettent leur plaisir dans les trônes et les sceptres, Sap., vi, 22 ; la sagesse vaut mieux que ces choses. Sap., vii, 8. Les pharisiens aimaient à occuper les premières places dans les festins et dans les syna gogues. Matth., xxiii, 6 ; Marc, xii, 39 ; Luc, xx, 46 Quand un riche se présentait dans certaines réunions, on lui offrait une place d’honneur en lui disant : <jù -/.dcSou 58e xaXw ; , « à toi cette belle place ». Jacob., ii, 3, — Au jour du jugement, les Apôtres siégeront sur douze sièges d’honneur, pour juger avec le Fils de l’homme. Matth., xix, 28. Alors celui qui aura vaincu sera assis avec le Fils de Dieu sur son trône, de même que le Fils est assis sur le trône du Père. Apoc., iii, 21. Mais bien des rôles seront changés ; beaucoup de ceux qui étaient les premiers sur la terre seront alors les derniers et réciproquement. Matth., XIX, 30 ; xx, 16 ; Marc, x, 31.

4° La place occupée à table était en rapport avec la dignité de chaque convive. La reine, épouse d’Artaxerxès, est assise auprès du roi pendant le repas,

II Esd., ii, 6, sans doute dans l’attitude iigurçe t. iv, fig. 97, col. 290. À l'époque de Notre-Seigneur, on recherchait avec avidité les premières places à table. Matth., xxiii, 6 ; Marc, xii, 39 ; Luc, xx, 46. Un jour, le divin Maître fut témoin de cet empressement. Il en prit occasion pour donner aux convives une leçon de savoir-vivre, dont il fit en même temps une leçon d’humilité. Luc, xiv, 7-11. L’hôte en effet ne respectait pas toujours le choix de chaque convive ; il faisait monter l’un et descendre l’autre, ce qui était une source d’humiliations pénibles, bien que méritées. Les Apôtres ne profitèrent pas de la leçon. Avant la dernière Cène, au moment sans doute où il s’agissait de prendre place à table, on les voit se disputer sur la préséance.