Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

443

PISIDIE — PISTACHE

le nomA’Egherdîn Gœl. Au sud, les montagnes descendent d’une manière assez abrupte dans la plaine pamphylienne et, sur la partie inférieure de leurs pentes fort bien exposées, croissent l’olivier, le styrax et plusieurs autres plantes aromatiques.

3° Population et histoire de la Pisidie. — Les Pisidiens formaient une race montagnarde âpre et belliqueuse, passionnée pour la liberté et ardemment hostile à tout ce qui pouvait gêner son indépendance. Strabon, XII, vi, 7 ; Pline, H. N., v, 24. On ignore quelles étaient leurs origines ethnologiques. Ils furent d’abord gouvernés par des chefs héréditaires ; puis Amyntas, le dernier roi des Galates, réunit tout le pays sous sa domination, en 36 avant J.-C. C’est Xénophon, dans son Anabasis, I, i, 11 ; II, i, 4, etc., qui fait la première mention historique des Pisidiens. Ne redoutant rien, ils troublaient fréquemment le repos des contrées voisines, par des invasions soudaines et terribles, dont ils revenaient chargés de butin. Cf. Strabon, l. c ; Tite Live, xxxv, 13. On comprend donc qu’ainsi exercés à la guerre et au brigandage, ils aient fait, à l’occasion, d’excellents soldats. Voir Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 5 ; Bell.jud., xliii, 3. Aussi, ni les Perses, ni Alexandre le Grand, ni les Séleucides, ni même les Romains ne réussirent-ils à les subjuguer complètement. Si le général romain Quirinius parvint à s’emparer de la citadelle de Cremna, après de longs efforts, et à y installer une colonie de vétérans, et si d’autres colonies furent également établies à Antioche et en d’autres localités, Pline, B. N., v, 24, le cœur de la contrée ne fut jamais dompté. Après cette conquête imparfaite de Rome, la Pisidie fut rattachée à la province de Galatie (25 avant J.-C.) et puis de Pamphylie. Cf. Ptolémée, v, 4 et 5 ; J. Marquardt, Organisation de l’empire romain, t. ii, trad. franc., Paris, 1892, p. 238, 278, 313. Ce n’est qu’en 297 de notre ère, durant le règne de Dioclétien, qu’elle devint une province à part, gouvernée par un prisses. — On conçoit aisément, d’après les détails qui précèdent, que les Pisidiens soient demeurés à peu près totalement rebelles à la civilisation hellénique. Cependant, le langage et l’art grecs pénétrèrent à la longue dans la contrée, comme le montrent, d’une part, les inscriptions récemment découvertes, et, de l’autre, les restes assez bien conservés des anciens monuments. On ne possède que de rares fragments de la langue propre aux Pisidiens. Voir W. M. Ramsay, Inscriptions en langue pisidienne, dans la Revue des Universités du Midi, 1895, p. 353-360. — Les villes principales de la Pisidie, vraies forteresses au milieu des montagnes, étaient Sagalassos, Selgé, Cremna, Termessos, Pednalissos. Les ruines de plusieurs d’entre elles ont été retrouvées de nos jours.

4° La Pisidie et le Nouveau Testament,-x La Pisidie reçut plusieurs fois la visite de saint Paul. Durant son premier voyage apostolique, il la traversa du sud au nord, avec Barnabe, en venant de Chypre et de Pamphylie. Act., xiii, 13-14. Puis il la parcourut de nouveau en sens inverse, du nord au sud, lorsqu’il revint de Lystres et d’Icône à Antioche (de Pisidie), et redescendit en Pamphylie. Act., xiv, 20-23. Il est probable qu’il visita aussi la partie septentrionale de la province au début de son second voyage apostolique, en compagnie de Silas et de Timothée, Act., xvi, 6 ; mais cela n’est pas dit explicitement. Saint Luc décrit tout au long, Act., xiii, 14-52, le ministère et le beau succès de l’Apôtre à Antioche. Notons, à ce sujet, une double leçon du texte sacré, au passage Act., xiii, 14. Pour distinguer cette ville importante de plusieurs autres cités homonymes, spécialement d’Antioche de Syrie, le narrateur emploie, d’après le « textus r’eceptus », l’expression 'AvttôjrEtav ttJç tliffifiiaç, « Antioche de Pisidie » ; mais il est vraisemblable, d’après les manuscrits N, A, B, C, etc., que la leçon primitive était

'AvudxE’av tïjv rito-iSfav, « Antioche la Pisidienné. » Dans l'énumération des nombreux périls auxquels il fut exposé durant son long ministère, saint Paul signale en particulier, Il Cor., xi, 26, ceux qu’il courut en passant les fleuves et de la part des brigands. Il fit sans doute très spécialement l’expérience de ces deux sortes de dangers en voyageant sur les routes pisidiennes. D’une part, en effet, il eut à franchir plus d’un torrent de montagne, aux eaux gonflées par les pluies. D’autre part, ce que nous avons dit plus haut du caractère des habitants de la Pisidie montre que les « périls des brigands » n'étaient pas rares dans cette région. D’ailleurs, les inscriptions anciennes qu’on y a trouvées mentionnent en propres termes cette espèce de péril. Plusieurs d’entre elles signalent l’existence d’un corps de gardiens, qui avaient pour fonction principale de protéger les voyageurs et les propriétés contre les bandits : ôpoç-jXaxeç, îiapatp’jXaxtaî. Une autre est dédiée par des parents éplorés « à Sousou, leur fils, gardien des montagnes, égorgé par. des brigands. » Voir W. M. Ramsay, Hislorical Geography of AsiaMinor, p. 174 ; Id., The Church in the Roman Empire, p. 23-25.

Il semble qu’il existe encore un vestige du passage de saint Paul en Pisidie, dans le nom de Kara Bavlo (c’est-à-dire IlaûXo) que portent les ruines de l’ancienne ville d’Adada, située autrefois sur la route qui conduisait directement de la côte de Pamphylie à Antioche de Pisidie. Cf. Ramsay, The Church in the Roman Epipire, p. 20-23.

Voir Strabon, XII, vi, 7 et 8 ; Pline, H. N., v, 24 ; Kiepert, Aile Géographie, in-8°, p. 127 ; Conybeare et Howson, The Life and Epistles of St. Paul, Londres, 1875, in-12, p. 129-134 ; C. Fouard, Saint Paul, ses missions, in-8°, Paris, 1872, p. 28-32 ; le comte Lanckoronsiti, Stâdte Pamphyliens und Pisidiens, in-8°, t. ii, Vienne, 1892. L. Fillion.

    1. PISTACHE##

PISTACHE (hébreu : botnîm : Septante : rspéêtvOo ;  ; Vulgate : terebinthus), fruit du Pistachier.

I. Description. — Le Pistacia vera (vulgairement Pistachier), fig. 89 est un arbrisseau de la famille des Térébinthacées. Les feuilles pennées avec 1 ou 2 paires de folioles, rarement réduites à la foliole terminale, sont d’abord velues sur toute leur surface, puis à la fin seulement aux bords, très amples, coriaces, obtuses ou mucronulées, luisantes en dessus, avec des nervures saillantes. Les fleurs dioïques et apétales, en panicules dressées, ont les caractères de celles du Lentisque. Mais le fruit devient beaucoup plus gros, rouge, oblong, prolongé en apïcule à son sommet. Originaire des montagnes du Liban, il s’est répandu par la culture dans toute la région méditerranéenne et orientale, pour son fruit dont la pulpe est aigrelette et comestible. L’amande est oléagineuse, et le bois fournit un combustible excellent. Enfin son écorce astringente peut servir au tannage, et secrète la résine connue sous le nom de Térébenthine de Chio. F. Hy.

II. Exégèse. — Les botnîm figurent parmi les meilleures productions du pays de Canaan, que les enfants de Jacob doivent porter en présent au premier ministre du pharaon d’Egypte. Gen., xliii, 11. Que sont ces botnîm ? À s’en tenir aux seules versions anciennes, il serait difficile de décider, puisque les unes, comme la version samaritaine, la version arabe des Samaritains et celle d’Erpenius voient dans les botnîm les noix du pistachier, et les autres plus anciennes et plus nombreuses traduisent par térébinthe, comme les Septante, TEpégtv60ç, la Vulgate, terebinthus, le syriaque, betmo, le chaldéen, butma', l’arabe, butin. Les Arabes appellent actuellement le térébinthe butm, tandis qu’ils donnent au pistachier le nom de fistûq. Et les noms employés par le syriaque et le chaldéen, betmo,