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PINACfeE DU TEMPLE — PINTO RAMIREZ

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grec, il en résulte que la partie du temple désignée par là était bien connue et déterminée, du temps de Jésus-Christ ; aujourd’hui on ne peut faire que des conjectures. Selon les uns, le pinacle faisait partie de la maison de Dieu, ou du sanctuaire proprement dit ; selon les autres, il était dans les dépendances du temple. Les partisans de cette seconde opinion s’appuient sur ce que le sanctuaire est appelé dans le Nouveau Testament & va<5ç et que le pinacle est appelé pinacle toû îepoû, non toû vaoû. Ceux qui soutiennent la première opinion reconnaissent que le mot vatfç s’applique exclusivement à « la maison de Dieu », mais ils allèguent que le mot îspov, quoiqu’il puisse s’entendre quelquefois seulementdes dépendances du temple, Matth., xxi, 12, 14 ; xxvi, 55 ; Marc, xiv, 49 ; Luc, xix, 47 ; xxi, 37 ; xxii, 53 ; xxiv, 53, etc., comprend en réalité le vaô ; avec ses dépendances, Matth., xii, 6 ; xxiv, 1 ; Marc, xiii, 3 ; Luc, xxl, 5 ; xxii, 52 ; par conséquent le pinacle pourrait avoir été à la rigueur une partie du vao"ç. Ce n’est donc pas sur le mot ieptfv seul qu’on peut s’appuyer pour fixer la position du pinacle.

1° Ceux qui le placent sur le sanctuaire proprement dit sont loin d'être d’accord entre eux. — 1. Grotius entend par ifrepû-ftov le parapet qui entourait le toit de la maison de Dieu, conformément à l’usage juif. Voir Parapet, t. iy, col. 2153. Ce parapet, d’après le Talmud, Middoth, iv, 6, avait trois coudées de hauteur, un peu plus d’un mètre et demi. — 2. D’autres commentateurs pensent que le pinacle est le faite du toit, ce qui s’accorde mal avec ce que nous apprend Josèphe, Bell, jud., V, v, 6, à savoir que le faîte était hérissé de pointes d’or afin que les oiseaux ne pussent pas s’y reposer. —3. D’après Ligthfoot, Horx hebraicx, Matth., iv, 5, Works, 1684, t. ii, p. 130, le pinacle peut être le nom donné au portique de la maison de Dieu, abttt, 'ùldm, parce qu’il débordait comme des ailes à droite et à gauche l'édifice de la maison de Dieu. On peut alléguer contre cette opinion, de même que contre les deux précédentes, que les termes itTspOfiov TO îepoû s’entendent plus naturellement des dépendances du temple que de la maison de Dieu, mais surtout que Jésus-Christ, n'étant pas de la tribu de Lévi, se trouvait empêché par la Loi de pénétrer dans le sanctuaire. Le roi Hérode, même pendant qu’il fit reconstruire la maison de Dieu, ne put jamais y entrer. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 5. 2° Le pinacle, d’après ceux qui le placent dans les dépendances du Temple, faisait partie du grand portique qui fermait l’aire sacrée à l’est et au sud. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 5, décrit ce portique en ces termes : « Au sud (de la cour des Gentils) était le portique royal (ttjv padî'Xetov crroâv), qui était triple et s'étendait de la vallée orientale jusqu'à la vallée occidentale ; il était impossible d’aller au delà. C’est le plus remarquable des travaux qu’ait éclairés le soleil. La vallée est tellement profonde, que les yeux de celui qui regarde en, bas en sont troublés. [Hérode] y éleva un portique [soutenu par un mur de terrassement] d’une immense hauteur.Si quelqu’un voulait du haut voir jusqu’au fond, il s’exposerait à être pris de vertige. » La muraille surplombe en effet la vallée du Cédron qui forme au-dessous un affreux précipice. Josèphe, Ant. jud., XX, îx, 7. Quand on cherche sur les lieux mêmes à se rendre compte de la scène décrite par l'Évangile, on est amené naturellement à cette conclusion : c’est au-dessus de la haute muraille qui soutient la terrasse du temple du côté de la vallée, que le démon a dû transporter Notre-Seigneur, car en aucun autre endroit, il ne pouvait le tenter avec autant de force, en lui disant : « Si tu es le Fils de Dieu, précipite-toi en bas. » Matth., iv, 6. — Ajoutons que, d’après le témoignage d’Hégésippe et de Clément d’Alexandrie, dans Eusèbe, H. E., ii, 1, 23, t. xx, col. 136, 196, 200, l’apôtre saint Jacques le Mineur, le premier

évêque de Jérusalem, fut précipité du pinacle du Temple, itTspuT’ov, dit Clément, TtïépuY’ov toû ieooû, dit d’abord Hégésippe, et puis irrépimov toû vaoO, col. 200, mais le mot vho'ï, dans son sens précis, ne peut être exact, parce que ni saint Jacques ni le peuple auquel il parlait ne pouvaient pénétrer dans le vaoç. Ce n’est que dans le parvis que l’Apôtre a pu adresser un discours aux Israélites et ce n’est que du portique extérieur qu’il a pu être jeté en bas. Le pinacle était donc une partie du portique. Lorsque l’Apôtre eut été achevé par le bâton d’un foulon, il fut enseveli à l’endroit même où il avait consommé son martyre, ajoute Hégésippe, ce qui ne peut être vrai que s’il était mort en dehors de l’enceinte du Temple, c’est-à-dire dans la vallée de Cédron où l’on enterrait en effet les défunts, tandis qu’il était impossible d’enterrer dans le Temple même. La tradition locale place le tombeau de saint Jacques à l’angle sud-est de l’esplanade du Temple, voir Jacques 2, t. iii, col. 1088, dans la vallée de Josaphat. Ces divers détails s’accordent très bien avec l’opinion qui place le pinacle au-dessus de la vallée du Cédron et la confirment par là même.

F. VlGOUROUX.

    1. PINCETTES##

PINCETTES (hébreu : mahtâh, mélqâhtayîm,

malqâhayim ; Septante : laêk ; Vulgate : forceps),

instrument de métal composé de deux tiges qu’on peut

rapprocher pour saisir un objet (flg. 87). — Il n’est

87. — Pincettes romaines antiques.

D’après Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités,

t. ii, flg. 3163, p. 1240.

question de pincettes que dans la description du mobilier du sanctuaire que Moïse fit exécuter. Exod., xxv, 38 ; xxvii 3 ; xxxvii, 23 ; xxxviii, 3. Elles servaient à mettre du feu dans les encensoirs, Num., xvi, 6, 7, et à disposer les mèches des lampes. Num., IV, 9. Salomon fit fabriquer en or les pincettes du Temple. III Reg., vii, 49 ; II Par., iv, 21. Dans une de ses visions, Isaïe, vi, 6, vit un ange prendre un charbon ardent sur l’autel avec des pincettes, afin de lui purifier

les lèvres.

H. Lesêtre.
    1. PINEDA##

PINEDA (Jean de), commentateur espagnol, né à Séville en 1558, mourut dans cette ville le 27 janvier 1637. Reçu dans la Compagnie de Jésus en 1572, il s’appliqua à l'étude de l'Écriture Sainte qu’il enseigna ensuite pendant 18 ans à Cordoue, Séville et Madrid. Le premier ouvrage d’exégèse dû à la plume de P. Pineda est le Commentarionmi in Job libri tredecim ; il parut à Madrid en 1597-1601, 2 in-f°. Des rééditions de cette œuvre capitale se succédèrent à intervalles rapprochés dans diverses villes de l’Europe, Madrid, Cologne, Séville, Venise, Paris. — Ses travaux sur Salomon, Ad suos comtnentarios Salomon prsevius, id est, de rébus Salomonis régis libri octo, quoique moins considérables, eurent également beaucoup de vogue à son époque ; ce travail qui parut à Lyon en 1609, fut réimprimé à Venise en 16Il et à Mayence en 1613. Il donna enfin des Commentarii in Ecclesiasten, in-4°, Séville, 1619, Paris, 1620, et Prselectio sacra in Cantica Canticorum, in-4°, Séville, 1602. Ces ouvrages témoignent d’une science aussi vaste que sûre.

P. Bliard.

    1. PINTO RAMIREZ André##

PINTO RAMIREZ André, commentateur portugais, né à Lisbonne en 1595, mourut le 23 mai 1654. Admis dans la Compagnie de Jésus en 1617, il enseigna longtemps la rhétorique, puis l'Écriture Sainte à Salanianque ; son Canticum Canticorum Salomonis dratnatico tenore, litterali allegoria, tropologicis notis explicatum, in-8°, Lyon, 1642, est curieux et original plutôt que sûr.