Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée
437
438
PIN — PINACLE DU TEMPLE


P. Halepensis Miller (fig. 86), est l’espèce la plus répandue en Syrie, où elle remplace le Pin maritime des rivages occidentaux ; ses feuilles sont grêles et flexueuses ; ses cônes, plus allongés et penchés à l’extrémité d’un court pédoncule, mettent 2 ans à mûrir ;

Pinus Halepensis. Branche, cône, fleur, graine.

les graines petites, couvertes d’un tégument mou, sont prolongées en aile roussàtre. Enfin dans la région élevée du Liban on observe un Pin très voisin du précédent, P. Brutia Tenore, distinct toutefois par ses feuilles plus épaisses, rigides, ainsi que par ses cônes sessiles non pendants. F. Hy.

II. Exégèse. — L’arbre appelé 'orén n’est mentionné qu’une seule fois dans la Bible, Is., xiiv, 14, dans un passage où le prophète se moque de l’idolâtre qui est à la recherche de bois dont il prend une partie pour se tailler des idoles, et dont il brûle le reste.

Un homme va couper des cèdres,

Il prend des rouvres et des chênes,

Il fait un choix parmi les arbres de la forêt

Et même il plante le 'orén que la pluie fait croître.

Il s’agit d’un arbre dont le bois est bon à brûler et peut être utilisé pour sculpter des idoles, un arbre qu’on peut mettre en parallèle avec le cèdre ou le chêne, qui s’en distingue cependant sous certains rapports. Le cèdre, le rouvre et le chêne sont placés ici parmi les arbres des forêts qu’on n’a pas besoin de planter et qu’on ne cultive pas. Le 'orén est signalé comme un arbre qu’on plante, mais cependant ce n’est pas un arbre qu’on soigne et qu’on arrose selon les procédés habituels de la Palestine pour les plantes et les arbres cultivés. On laisse à la pluie du ciel le soin de l’arroser. Tous ces caractères paraissent bien convenir à diverses espèces de pin qu’on rencontre abondamment en Palestine, surtout dans les terrains sablonneux, comme le Pin d’Alep, Pinus Halepensis, le Pin-Pignon ou Parasol, Pinus Pinea, et le Pinus Brutia. C’est ainsi du reste que l’entendent les Septante et la Vulgate qui traduisent 'orén par iu’tv ; , et pinus. Bien qu’il y ait grande divergence parmi les rabbins sur la nature de cet arbre, beaucoup cependant s’arrêtent au pin, et l’identifient avec l’arbre que les arabes appellent-j*X*a,

snaubar, et qui n’est autre que le pin ; ou bien ils le rangent dans la même famille que les arazim, « cèdres, n et les beroSîm, les cyprès : ce qui convient bien au pin.

Cependant il est des critiques qui croient que le mot 'orén, pj « , dont le nun final n’est pas régulièrement formé dans les anciens manuscrits et pourrait bien être un zaïn mal écrit, n’est autre que tin, 'éréz, le cèdre. Ils pensent aussi que la suite logique du sens demande qu’on lise à rebours les stiques de ce verset : car il est naturel de planter le cèdre avant de le couper. Ils ont ainsi :

On a planté des cèdres et la pluie les fait croître, On laisse grandir les arbres de la forêt, Puis on prend le rouvre et le chêne, Et l’on coupe les cèdres.

C’est le sens auquel s’arrête A. Condamin, Le livre d’Isaîe, 1905, p. 269. Cette leçon et ces transpositions sont loin toutefois d'être certaines, et pourraient bien n'être qu’une interprétation de ce passage, inspirée d’un point de vue trop subjectif. Les anciennes versions tiennent pour un mot différent de 'éréz, c’est-à-dire pour 'orén, « pin. » Et on peut trouver une suite logique à la pensée sans rien bouleverser. L’idolâtre cherche d’abord parmi les arbres des forêts, le cèdre, le rouvre et le chêne ; il en vient même à planter des pins afin d’avoir du bois à sa convenance pour se tailler des idoles. Rien ne paraît donc exiger de transposition ; et la lecture 'orén et sa traduction par « pin » sont suffisamment justifiées. Cette traduction d’ailleurs trouve une certaine confirmation dans un texte égyptien du Papyrus Anastasi, i, 19, 3. Dans une description d’un site de Palestine,

se lit le nom I… | t II, anourna, arrouna, qui

rappelle l’hébreu 'orén, pin. Le rapprochement est d’autant plus vraisemblable que ce mot est placé entre deux noms de conifères, le cyprès et le cèdre, et que ces trois arbres sont dits « atteindre jusqu’au ciel ». Tous ces caractères semblent bien viser le pin-pinier. J. Lauth, dans la Zeitschrift der deutsch. morgenlànd. Gesellsch., 1871, p. 620 ; V. Loret, Études de botanique égyptienne, dans Recueil de travaux relatifs à la philol. et archéol. égypt., in-4°, 1895, p. 187.

E. Levesqde. PINA (Jean de), commentateur espagnol, né à Madrid en 1582, mort dans la même ville en 1657. Entré au noviciat des Jésuites d’Alcala en 1603, il remplit divers offices dans son Ordre. Son volumineux commentaire sur l’Ecclésiastique, Commentariorum in Ecclesiasticum tomi quinque, parut à Lyon de 1638 à 1648, 5 in-f°. On y rencontre des idées élevées, ingénieuses, des aperçus nouveaux, mais aussi parfois des longueurs et du remplissage. P. Bliard.

    1. PINACLE DU TEMPLE##

PINACLE DU TEMPLE, partie du Temple de Jérusalem sur laquelle le diable transporta Notre-Seigneur pour le tenter. Le récit de la tentation est le seul endroit du Nouveau Testament où nous rencontrons ce terme : tb UTepûyiov toû EepoO, pinnaculum templi, N[3ti., vi, § ; pinnatempli, Luc, tv, 9. IlTepuycov est le diminutif de icTépuS, « aile », comme pinnaculum l’est de pinna, qui désigne en latin une grosse plume d’oiseau, ou une nageoire de poisson, cf. Lev., xi, 9, 10, 12 ; Deut., xiv, 9, 10, ou des créneaux de muraille. Les Septante emploient le mot utépuyiov — 1. pour traduire l’hébreu kànâf, signifiant la partie du vêtement, le bord qui pend comme une aile, Num-, xv, 38 ; Ruth., iii, 9 ; I Sam. (Reg.), xv, 27 ; xxiv, 5 ; — 2. l’hébreu senappir, désignant l’aileron, la nageoire des poissons, Lev., xi, 9-12 ; Deut., xiv, 9, 10 ; — 3. l’hébreu qâsâh, qui s’entend de « l’extrémité » du rational ou pectoral. — Que signifie exactement uTépuyiov dans l'Évangile ? Tout le monde reconnaît qu’il s’agit d’un endroit élevé, ressemblant en quelque manière à une aile ou à une pointe, mais on ne s’accorde pas sur sa situation précise. Le nom étant précédé de l’article en