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PIERRE LOMBARD — PIERRE


Magna Glossatura. Le Commentaire sur saint Paul est tiré principalement des Pères. « Cet ouvrage, dit dom Rivet, dans VHistoire littéraire de la France, est clair, méthodique, et renferme, outre les pensées des Pères, de fort bonnes vues propres à l’auteur. » La Glossa in Jobum et la Concordia evangelica, qu’on a attribuées à Pierre Lombard ne sont pas probablement authentiques. — Voir Histoire littéraire de la France, t. xii, 1763, p. 585-609 ; Â. Stôchl, Geschichte der Philosophie des Mitlelalters, Mayence, 1864, t. i, p. 390-411 ; J. Bach, Dogmengeschichte des Mitlelalters, Vienne, 1875, Th. ii, p. 194307, 727-739 ; F. Protois, Pierre Lombard, son époque, sa vie, ses écrits, son influence, Paris, 1881 ; U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge. Bio-bibliographie, 2e édit., 1905-1907, p. 3722.

    1. PIERRE##

PIERRE (hébreu : ’ébén, serôr, « le petit caillou » ; Septante : W60ç ; Vulgate : lapis, petra, calculus, saxum), substance minérale qui compose la plus grande partie des couches géologiques du sol. — Quand la pierre forme de grandes masses continues, enfouies dans le sol ou en émergeant, on l’appelle rocher. Voir Rocher. De ces masses, on extrait des matériaux de divers volumes pour les constructions. Voir Carrière, t. ii, col. 318. On réserve le nom de pierres aux parties rocheuses qui sont meubles, par nature ou par suite du travail de l’homme. Ces pierres peuvent être de toutes tailles, depuis le grain de sable ou de gravier jusqu’aux blocs qu’on employait aux grandes constructions. Voir t. ii, col. 320 ; Maçon, t. iv, col. 513. Les pierres de médiocre volume, amassées ensemble, forment un monceau, margêmdh, acervus, Prov., xxvi, 8, à moins que le mot hébreu ne désigne la fronde, comme le pensent les Septante. — Le sol de la Palestine renferme des pierres de beaucoup d’espèces, surtout des calcaires et des grès. Les roches éruptives y fournissent aussi, en quelques endroits, le basalte, le granit et le porphyre. Voir Palestine, t. iv, col. 2005. Quand les pierres sont calcaires, il est relativement facile de les tailler. Plus elles sont siliceuses, plus elles sont dures. Les silex fournissent la pierre que les chocs peuvent transformer en couteaux assez aigus pour opérer la circoncision. Exod., iv, 25 ; voir t. ii, col. 775.

1° Pierres à l’état naturel. — Là pierre est lourde, Prov., xxvii, 3, et résistante. Job, vi, 12. Les eaux creusent la pierre, grâce aux matières solides qu’elles entraînent avec elles. Job, xry, 19. Les racines des plantes s’enfoncent entre les pierres. Job, vii, 17. Il est dit des pierres du pays de Chanaan qu’elles sont comme du fer. Deut., viii, 9 ; cf. ls., lx, 17. Voir Fer, t. ii, col. 2207. Les pierres d’une maison pouvaient subir un effritement que l’on considérait comme une sorte de lèpre. Lev., xiv, 20. Voir Lèpre, t. iv, col. 186. ^J Certaines pierres, plus remarquables par leur couleur et leur éclat, étaient aptes à servir d’ornements. Voir Pierres précieuses.

2° Pierres utilisées à l’état brut. — 1. Usages domestiques. — On se sert d’une pierre comme de siège. Exod., xvii, 12. Pour dormir, on met une pierre sous sa tête. Gen., xxviii, 11 ; Luc, ix, 58. « Les Arabes du commun n’ont pour tout meuble dans leurs maisons que des nattes, sur lesquelles ils couchent, quelques couvertures et rarement des coussins ; ils se servent d’une pierre pour chevet, qu’ils mettent par-dessus la natte. » De la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 176. Cette pierre n’était guère plus dure que le chevet de bois dont se servaient les Égyptiens. Voir t. iv, fig. 93, col. 826. On pesait à l’aide de pierres. Prov., xvi, 11. Voir Poids. On cachait son argent sous une pierre. Eccli., xxix, 13. On faisait certains exercices physiques à l’aide de pierres. Eccli., vi,


22 ; Zach., xii, 3. Voir Fardeau, t. ii, col. 2178. Un jet de pierre constituait une sorte de mesure pour les distances. Luc ; xxii, 41. — 2. Manipulation. — Il y avait temps pour ramasser les pierres et temps pour les disperser. Eccle., iii, 5. On enlevait les pierres des vignes, pour qu’elles ne gênassent pas la culture, ls., V, 2 ; on les répandait au contraire sur un champ, quand on voulait le rendre stérile, IV Reg., iii, 19, 25. On enlevait les pierres d’une route pour qu’elle devînt plus praticable, Jer., i, 26 ; mais ce sens, adopté par la Vulgate, est tout autre en hébreu. On pouvait être blessé par une pierre quand elle retombait pendant qu’on la roulait, Prov., xxvi, 27, quand on la détachait à la carrière, Eccle., x, 9, ou quand elle redescendait sur le tête de celui qui l’avait jetée. Eccli., xxvii, 28.

— 3. Usages religieux. — L’autel devait être fait de pierres non taillées. Exod., xx, 25. Élie bâtit ainsi un autel avec douze pierres sur le Carmel. III Reg., xviii, 31. Saül fit rouler une grande pierre, afin qu’on égorgeât sur elle les victimes destinées au sacrifice. I Reg., xiv, 33. Cf. Jud., ix, 5, 18. La Loi ordonnait aux Hébreux de dresser de grandes pierres dans le pays de Chanaan, de les enduire de chaux, et d’y écrire les commandements divins. L’ordre fut exécuté sur le mont Hébal, et un autel de pierres brutes y fut dressé. Deut., XXsi, 2-5. — 4. Monuments de souvenir. — Les habitants de la Palestine antérieurs aux Hébreux avaient, comme tous les anciens peuples, dressé ou utilisé d’énormes pierres afin de perpétuer certains souvenirs. La Palestine transjordane compte par centaines les monuments mégalithiques, dolmens, voir t.i, fig. 120, col. 491, menhirs et cromlechs, connus depuis longtemps. Plus récemment, on en a découvert un certain nombre d’autres dans la Palestine occidentale, tels un dolmen aux environs du Nébo, encore à l’est du Jourdain, le double dolmen d’el-Hosn, au nordouest de la Syrie, etc. Cf. H. Vincent, Monuments en pierres brutes dans la Palestine occidentale, dans la Revue biblique, 1901, p. 278-298 ; Canaan, Paris, 1907, p. 414-423. Jacob dresse ainsi une pierre comme monument de son entente avec Laban, et il fait amasser des pierres en monceau en signe d’alliance. Gen., xxxi, 45-52. En mémoire du passage du Jourdain, Josué ordonne de prendre douze pierres dans le lit du fleuve et ensuite de les dresser à Galgala. Jos., iv, 3, 20-24. Pour marquer la tombe d’Absalom, dans la forêt d’Éphraïm, on élève au-dessus d’elle un monceau de pierres. II Reg., xviii, 17.. Les pierres sont bien indiquées pour servir ainsi de mémorial. Elles ont pour elles la durée, et la disposition particulière qu’on leur impose indique assez qu’on a eu une intention en les plaçant ainsi. À ce même titre, elles fournissent aussi des bornes pour les champs. Voir Bornes, t. i, col. 1854. — 5. Hostilités. — Les pierres peuvent servir d’armes offensives. On mettait à mort certains coupables à l’aide de pierres. Exod., viii, 26. Voir Lapidation, t, IV, col. 90. On jetait des pierres à quelqu’un pour le blesser, II Reg., xvi, 6, 13 ; Eccli., XXII, 25, ou l’on saisissait la pierre en main pour le frapper, Exod., XXI, 18, ou se frapper soi-même. Marc, v, 5. On donnait plus de portée à la pierre en la projetant au moyen d’une fronde. Jud., xx, 16, etc. Voir Fronde, t. ii, col. 2408. Dans la suite, on eut des machines pour lancer de grosses pierres contre les ennemis. I Mach., ii, 36 ; vi, 51. Voir Baliste, t. i, col. 1414 ; Catapulte, t. ii, col. 346. Les pierres contribuaient à l’attaque ou à la défense en obstruant des portes. Jos., x, 18 ; I Mach., v, 47. La pierre devenait dangereuse par elle-même quand elle était placée sur le chemin pour faire tomber le passant. Ps. xci (xc), 12 ; Eccli., xxvli, 29 ; xxxil, 25 ; ls., viii, 14 ; Matth., IV, 6 ; Luc, iv, 11. — Sur la pierre de scandale, Rom., ix, 23 ; I Pet., ii, 8, voir Scandale. — 6. Autres usages. — Les

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